Marti : "Il fallait que j'en choisisse un. Et j'ai choisi Rory."

Rugbyrama : Est-ce que vous pouvez nous expliquer le pourquoi de votre décision ?

Laurent Marti : Tout simplement parce que trouver quelqu'un à cette époque de l'année, cela me paraissait assez compliqué et de toute façon, nous savions qu'entre Rory, Jérémy et Joe, on a de grandes compétences au club. Il fallait juste que je décide en tant que président, lequel prendrait le management parce que je ne croyais pas à une entente entre Rory et Jérémy, ou Jérémy et Rory ou Jérémy et Joe. C'est juste qu'il est difficile d'exister sans chef, je crois. Il faut un responsable. Je crois que dans le championnat français, il y a les deux Laurent. Cela fonctionne très bien, mais ils sont amis de longue date. Ils se sont choisis, donc c'est différent. Je voulais éviter que finalement, on ne sache pas qui était le chef, le responsable. Donc il fallait que j'en choisisse un. Et j'ai choisi Rory.

Et pourquoi Rory ?

L.M. : C'est une décision personnelle. C'est toujours subjectif. Il m'a semblé que Rory était celui qui était le plus fait pour le job.

Vous en avez parlé avant à Jérémy Davidson ?

L.M. : Bien évidemment. J'en ai parlé avec Jérémy, avec Joe et avec Rory.

Vous avez pu sentir une déception chez lui ?

L.M. : Non pas plus que ça. Il faut que vous sachiez que Jérémy, c'est quelqu'un d'une grande compétence et qui a un rôle important au club. Simplement, il fallait nommer un responsable.

Pour l'été prochain, souhaitez-vous revenir à un... (nouveau manager) ?

L.M. : (Il coupe) Non. C'est pas du tout mon idée, mon objectif. Mon idée, c'est de dire qu'on a les compétences nécessaires pour que l'on se débrouille tout seul. Maintenant, on va voir avec le temps bien évidemment. Le deal, après réflexion n'a pas été de dire : "Rory tu prends le management et on fera le bilan au mois de juin." Cela a pas été ça.

Dans l'historique de l'UBB, c'est une première d'avoir un manager étranger ?

L.M. : Oui. Mais de cela, je me fous complètement. C'est un concours de circonstances. Je l'ai dit. On n'a pas à rougir par rapport au monde anglo-saxon, mais on ne peut pas nier non plus qu'ils ont pris le virage du professionnalisme un peu mieux que nous. C'est un constat que l'on fait tous qui peut remonter jusqu'à l'équipe de France. Cela ne veut pas dire qu'ils sont meilleurs. Cela veut dire tout simplement qu'ils sont un peu mieux préparés, qu'ils ont un peu plus anticipé que nous. On voit bien qu'ils (Ndlr : Rory Teague et Jérémy Davidson) ont amené des plus depuis qu'ils sont là. Mais je n'ai pas envie d'opposer le manager français au manager anglais ou irlandais. C'est un débat qui pour moi est complètement dépassé. Je vois que l'équipe d'Angleterre a Eddie Jones, l'Irlande a Joe Smith. Je crois simplement qu'aujourd'hui, la société est mondiale et il faut savoir s'entourer de gens compétents et qui ont envie de se battre pour une cause, un club et un maillot. C'est le cas de Rory et Jérémy.

32 ans, c'est jeune. Est-ce une force ou un pari ?

L.M. : Ca aussi. On peut passer de Jacques à Rory, vous voyez. Rory est un garçon que j'avais décrit un peu comme surdoué, dés le début. Je le pense toujours. Par rapport à son âge, il fait preuve d'une grande maturité. Il a déjà une expérience sympathique même s'il n'a pas managé des clubs pro. Mais il ne faut pas s'enfermer avec l'âge.

C'est aussi une volonté de continuité dans le projet de jeu ?

L.M. : Oui. Cela nous permet aussi de continuer sur les bases qui avaient été posées par Jacques, Rory et Jérémy.

Cela aurait été prendre un risque de faire venir quelqu'un de l'extérieur à cette période ?

L.M. : Oui, je pense, oui. Parce que cela fonctionne plutôt bien. Donc, je n'ai pas jugé utile de faire appel à quelqu'un de l'extérieur.

Cela veut-dire qu'au bout de 4 mois, vous êtes content de l'accent "British" que vous aviez donné au staff à l'intersaison ?

L.M. : Bristish ou pas, je suis content du travail qui a été effectué. Qui a été effectué avec Jacques. Il ne faut pas quand même l'oublier. Après, les résultats sont satisfaisants à domicile et très insuffisants à l'extérieur.

Qu'avez vous perdu avec le départ de Jacques Brunel ?

L.M. : On a dit au revoir à Jacques tout à l'heure et on a lui a rendu hommage. On ne va parler de ses compétences rugbystiques, car tout le monde les connaît. Derrière, il y a un homme profond, intelligent, très ouvert d'esprit. J'insiste sur le très ouvert d'esprit parce que Jacques m'a frappé par son ouverture d'esprit. C'est une énorme qualité chez lui. Je vais aussi parler de son pragmatisme. Car Jacques, c'est quelqu'un qui, même moi à titre personnel, m'a fait évoluer. Il vous écoute, il ne parle pas beaucoup. Mais dés qu'il sort une phrase, il a l'art de vous synthétiser la situation et souvent de vous donner la solution dans la phrase qu'il vient de prononcer. Cela va nous manquer.

Rory était surpris ou emballé quand vous lui avez annoncé l'éventualité de sa promotion ?

L.M. : Surpris non. Il en avait envie. Emballé, oui. Parce qu'il en avait envie et que c'est quelqu'un d'ambitieux.