Le RCT n'a plus de temps à perdre

Pris dans le combat, chahutés en mêlée, indisciplinés et surtout incapables de se défaire du tempo imposé par les Montpelliérains, les joueurs de Fabien Galthié se sont lourdement inclinés contre Montpellier (43-20). Et s'il faut évidemment tempérer en rappelant que plusieurs faits de jeu ont tourné en leur défaveur (K.O de Ma'a Nonu, carton jaune de Gorgodze, essai de pénalité), leur coûtant dix-neuf points dans le dernier quart d'heure (!), les Rouge et Noir ne pourront plus se permettre de reproduire pareille performance.

Quand t’en prends quarante, tu fermes ta gueule et tu baisses la tête

"Le score est lourd. Cette deuxième mi-temps, au cours de laquelle on perd Ma'a, on prend un jaune... Il a fallu s'adapter, avec des mecs qui n'ont pas l'habitude de jouer à certains postes et... on a ramassé !", analysait, lucide, Jean Monribot de longues minutes après la défaite. Dans un style plus direct, Hugo Bonneval reconnaissait la supériorité héraultaise. "Quand t’en prends quarante, tu fermes ta gueule et tu baisses la tête. La défaite est lourde et on n’a pas d’excuse. Alors certes, on joue soixante minutes mais un match ça dure quatre-vingts minutes. On paie les conséquences de nos erreurs. On a eu des difficultés à sortir de notre camp, on a souffert sur les rucks. Ce soir, il n’y avait pas photo entre les deux formations".

Pourtant, l'inquiétude n'était pas de mise côté toulonnais dimanche soir et, à l'image de Guilhem Guirado, le vestiaire du RCT préférait parler d'erreur de parcours que de spirale négative : "Ils sont grands et costauds. Si on ne les plaque pas un peu haut, il est difficile de s’en sortir. Ceci étant, et malgré l’ampleur du score, on a fait preuve d’un excellent état d’esprit. Voilà pourquoi, je ne suis pas inquiet pour la suite".

On croit en ce que l'on met en place

Mais, après près de trois mois de travail, et alors que les blessés quittent petit-à-petit l'infirmerie, qu'a-t-il manqué aux Toulonnais pour accrocher ne serait-ce qu'un point de bonus à l'Altrad Stadium ? "Est-ce qu'on manque de repères ? Je ne sais pas, on va pas se cacher derrière ça. Il faut prendre nos responsabilités et rectifier nos erreurs individuelles. Maintenant l'état d'esprit était bon contre Montpellier", tente de positiver Monribot. L'envie est présente, mais on ne peut pas cumuler autant d'erreurs, il va vite falloir qu'on se remette en question car en Top 14, et même si le projet de jeu est nouveau, on ne peut pas perdre de temps. Mais je peux vous affirmer que l'on croit en ce que l'on met en place, en le rugby que l'on pratique. Je pense qu'on est quand même sur la bonne voie"

Réveil parisien ?

Pourtant, s'ils ne sont pas encore dans l'urgence, les joueurs toulonnais se savent déjà dos au mur. Les promesses d'un jeu de mouvement ne suffiront plus et les Varois devront impérativement se remettre la tête à l'endroit s'ils veulent continuer à espérer accrocher les places de demi-finalistes. Les points sur lesquels ils pourront s'appuyer dès la prochaine journée contre le Stade français ? Le retour de Mathieu Bastareaud, la réussite de Chris Ashton, la bonne forme de Juan Martin Fernandez-Lobbe et Facundo Isa, et surtout l'excellente entrée de l'indisciplinable Marcel van der Merwe. À Jean Bouin, en cas de succès, les joueurs de Fabien Galthié auront l'occasion de basculer sur une dynamique positive et de valider leur début de saison, en confortant leur place dans le Top 6. Une défaite ? Sur la rade, personne n'ose l'envisager.

Par Pierrick ILIC-RUFFINATTI