Heem : "Avec les Toulonnais, nous partageons cette passion viscérale pour le rugby"

  • TOP 14 - Bryce Heem (RC Toulonnais)
    TOP 14 - Bryce Heem (RC Toulonnais)
  • Bryce Heem ( Toulon) face à Bristol.
    Bryce Heem ( Toulon) face à Bristol.
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Révélation du dernier exercice toulonnais, Bryce Heem connaît une saison plus compliquée sur la rade. Ses blessures, sa polyvalence ou encore son avenir : à deux semaines de souffler sa 32e bougie, l'ancien international à VII néo-zélandais s'est longuement confié à Rugbyrama.

Bryce, quel regard portez-vous sur cette drôle de saison, dictée (notamment) par la Covid-19 et les annulations de match ?

Nos vies entières sont chamboulées, mais en ce qui concerne le rugby, nous essayons de préparer chaque semaine comme si de rien n'était, comme si la rencontre allait se jouer. Car si tu arrives le lundi en te disant que le match a des chances d'être annulé, tu ne te mets pas, psychologiquement, dans les bonnes conditions. En qualité de joueur, on a le devoir de se préparer comme si la saison était "normale". Mais évidemment qu'elle ne n'est pas, ce qui nous demande un vrai travail sur nous-mêmes.

Comment sentez-vous l'équipe à mi-saison ?

On a un groupe de qualité, composé de joueurs d'expérience, de jeunes talentueux et où certaines individualités peuvent faire d'énormes différences... Il nous a fallu du temps pour trouver notre équilibre, mais je pense que le groupe monte en puissance à chaque match.

Maintenant, si vous semblez imperturbables à Mayol, vous avez toujours un peu de mal en déplacement. Comment l'expliquez-vous ?

Si l'un d'entre nous avait la réponse, nous aurions réglé ce problème depuis bien longtemps... Je ne sais pas ce qui nous rend plus performants à domicile. Peut-être que c'est galvanisant, car on ressent beaucoup de fierté, d'histoire à Mayol ? Peut-être que de nombreuses équipes ont peur à l'idée de venir nous défier à Toulon ? Je ne sais pas... Toujours est-il qu'il va rapidement falloir trouver des solutions. On doit jouer à l'extérieur comme on le fait à Mayol, car aujourd'hui c'est frustrant pour les joueurs, le staff et les supporters.

Bryce Heem ( Toulon) face à Bristol.
Bryce Heem ( Toulon) face à Bristol.

Un mot sur la Champions Cup : est-ce toujours un objectif malgré le forfait à Llanelli ? Même si vous n'étiez pas sur place, avez-vous compris la décision de votre président ?

C'était un objectif affiché, alors comment ne pas être déçu ? Nous voulions terminer dans le top 4 de notre poule, pour disputer les phases finales, et nous sommes conscients que cette décision amenuise considérablement nos chances. Aujourd'hui, il est difficile de savoir si la compétition va continuer à cause du nouveau virus, mais quoi qu'il en soit, nous sommes d'accord avec la décision prise par les dirigeants. On ne pouvait pas prendre de risque avec la Covid-19. La bonne santé des joueurs et de nos familles est plus importante qu'un match... Je suis 100% convaincu que la bonne décision a été prise, car on ne rigole pas avec un virus.

En considérant que la compétition aille à son terme : est-ce toujours un objectif ?

Nous sommes des compétiteurs, nous ne pouvons pas être en lice et considérer que l'issue sera obligatoirement négative. On veut gagner chaque match, et ce sera notre objectif contre Sale et les Scarlets. Maintenant, nous sommes conscients qu'avec zéro point ramené du Pays de Galles, la mission s'annonce compliquée. Mais nous allons tout donner pour démentir les pronostics. Une décision a été prise, nous devons la respecter, l'assumer et aller de l'avant.

Pour revenir à vous : vous êtes joueur du RCT depuis un an et demi. Avec le recul, pensez-vous avoir pris la bonne décision en rejoignant Toulon ?

Sans le moindre doute. Je suis heureux en tant que joueur, et en tant qu'homme. Maintenant, j'identifie deux périodes distinctes depuis mon arrivée. La première saison : tout se passait comme dans un rêve. Je jouais, je performais et tout allait pour le mieux jusqu'à l'interruption de la saison. En revanche, la seconde a démarré avec quelques blessures...

Lesquelles ?

Je me suis déchiré un adducteur en finale de Challenge Cup, contre Bristol. Puis dès mon retour, je me suis déchiré un tendon. Ce ne sont pas de grosses blessures, mais ça m'a handicapé en début de saison. Ç'a été très dérangeant, frustrant... Mais j'en sors petit-à-petit, je viens d'enchaîner deux rencontres et j'espère que cette mauvaise passe est derrière moi. Je me sens à 100%, je retrouve de la confiance, ça me fait du bien.

Et au-delà du terrain ?

Avec ma famille, nous sommes très heureux à Toulon. Vous savez, après quatre ans en Angleterre, c'était une bonne idée de venir vivre une nouvelle expérience en France (rires). On découvre une culture qui nous plait, et je crois que nous avons trouvé notre place... La seule chose qui est compliquée, c'est l'éloignement familial. La pandémie ne nous permet pas de rentrer en Nouvelle-Zélande, et ça crée un manque. Nous ne savons pas quand nous pourrons aller les voir, donc c'est un peu délicat... Pour le reste, notre vie toulonnaise est fantastique.

À votre arrivée, vous n'étiez pas la plus connue des recrues toulonnaises, mais vous avez très rapidement été très apprécié du public, grâce à vos performances sur le terrain, votre polyvalence et surtout votre profil de joueur complet...

Je ne sais pas si je suis apprécié ou non du public, ce serait en tout cas extrêmement flatteur (sourire). Quoi qu'il en soit, j'essaye de donner le maximum depuis mon arrivée à Toulon. J'aime jouer au rugby, et je veux que ça se sente quand je suis aligné. Avec les Toulonnais, je crois que nous partageons cette passion viscérale pour le rugby. Alors si mon jeu peut faire gagner l'équipe, et rendre le public fier, c'est immense à mes yeux... C'est ce qui compte le plus pour moi.

⏱64’ | 28 - 16 #UBBRCT Essai de Bryce Heem après deux bonnes mêlées au pied des poteaux de l'UBB. pic.twitter.com/E9lS2FnFf2

— RCT - RC Toulon (@RCTofficiel) January 2, 2021

Vous pouvez jouer ailier, centre ou arrière. Quel est votre secret ?

Je n'en ai pas (rires). À Worcester je ne jouais qu'à l'aile, mais dès mon arrivée à Toulon j'ai rapidement été aligné au centre et à l'arrière... J'adore le challenge, ça me permet de découvrir de nouvelles facettes, de nouvelles attentes de mon sport. Comment ai-je appris à jouer centre et arrière ? Ça m'a pris du temps, afin d'assimiler les positionnements et de prendre confiance. Pour progresser, je regarde énormément mes coéquipiers spécialistes des postes en question. J'aime apprendre à chaque entraînement, chaque match. Puis si le poste d'arrière est assez similaire à celui d'ailier, celui de centre m'a demandé une véritable réflexion... C'est un poste auquel j'avais évolué plus jeune, mais j'ai dû réapprendre à défendre en premier rideau. C'est ultra enrichissant.

Démarrez-vous chaque semaine sans connaître le poste auquel vous allez évoluer ?

Tout cela dépend des attentes du staff et du plan de jeu (rires). On démarre la semaine, et au bout de deux-trois jours, Patrice Collazo me dit que je vais jouer à tel ou tel poste, et ce qu'il attend de moi. Je pense que ça m'a aidé à devenir plus complet, et aujourd'hui je peux changer de poste chaque semaine, ça ne me pose aucun problème.

On dit souvent qu'à pouvoir jouer de partout, on finit souvent par ne plus jouer nulle part. En ce sens, ne préféreriez-vous pas être spécialiste d'un seul poste ?

Oh non, pas du tout ! Ça ne me traverse même pas l'esprit : j'ai joué des années à l'aile, et je pense que c'est mon poste. Mais pouvoir évoluer à d'autres positions est d'une richesse incroyable. Ça me permet d'avoir une vision différente de mon rôle sur le terrain, et ça offre aux coachs d'autres solutions pour composer son équipe.

Vous êtes en fin de contrat avec Toulon. De quoi sera fait votre avenir ?

Avec ma femme, nous échangeons beaucoup au sujet de l'endroit où nous aimerions vivre, mais n'avons pour l'instant pris aucune décision. Et c'est difficile avec cette situation sanitaire qui bouleverse le monde... C'est un peu tôt pour moi, je ne sais pas exactement ce qu'il se passera dans plusieurs mois.

Est-ce que Toulon vous a fait une proposition ?

Je pense que c'est également très délicat pour les dirigeants du RCT. J'ai été beaucoup blessé depuis le début de saison, et ils doivent retrouver confiance en moi. Je dois jouer, être performant et essayer de leur montrer qu'ils peuvent compter sur moi. À partir de ce moment, on verra ce qu'il se passe... J'aimerais être fixé sur mon avenir d'ici la fin du mois de janvier ou début février. Mais ce n'est pas quelque chose que je contrôle. La seule chose que je peux faire, c'est être performant quand le staff fait appel à moi. Mais une chose est sûre, je suis heureux à Toulon, et je veux aider le club à remporter un trophée.

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