Gerard : "Si on veut mériter la lumière, il va falloir continuer comme ça"

  • Top 14 - David Gerard (Lyon)
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TOP 14 – C’est à l’issue d’une séance d’entrainement à laquelle David Gerard a fait plus que dicter le travail à faire, s’intégrant lui même aux exercices pour montrer un signal fort aux joueurs, que l’entraineur des avants du LOU s’est confié sur le début de saison de son équipe, la progression constatée et les raisons qui ont fait que Lyon a eu un peu de retard à l’allumage avant ce réveil.

Après ses deux défaites inaugurales, le LOU vient d’enchainer trois victoires en quatre matchs et surtout deux derniers succès contre Bayonne et à Toulouse. On peut dire que c’est tout un groupe qui s’est rassuré ?

David Gérard : Au regard des résultats et du classement, c’est vrai que ça fait du bien. J’avouerais qu’à l’échauffement du match de Bayonne, j’ai regardé l’écran avec le classement et je me suis dit "mon dieu". En fait, la réalité tu l’as prends en pleine figure et c’est que l’on a eu du mal à glaner beaucoup de points. C’est vrai que ça fait du bien. Ca ramène de la fraicheur et de l’enthousiasme. Et puis on a eu un été tellement compliqué que l’on va mettre plusieurs semaines voire plusieurs mois à se mettre en route. Notre force, c’est notre cohésion. Et le problème, c’est que notre cohésion a été mise à mal avec cette pandémie. On a été très affecté donc il n’y a pas eu de pré-saison ce qui veut dire du retard à l’allumage. Mais l’essentiel est surtout d’être là pour le sprint final.

Outre les résultats, regardons le contenu des matchs. Avez-vous ce même sentiment ? Êtes-vous également rassuré ?

D.G. : Le signe de notre cohésion, c’est l’état d’esprit. Et l’état d’esprit c’est la défense. Clairement, notre défense est en train de monter en intensité et en force depuis Bordeaux. Cela veut dire, qu’à un moment donné, notre cohésion recommence à prendre forme, comme notre équipe. On s’appuie sur une base très simple, la défense et puis après la qualité que l’on a, c’est que l’on ne lâche plus des matchs sur le plan mental. Alors qu’en début de saison, on a été fébrile. Pas forcément contre le Racing (défaite à domicile 23-27, ndlr), mais surtout à Toulon (défaite à l’extérieur 36-14, ndlr) où l’on a été tellement fébrile. Au-delà du résultat, c’est la façon qui a été honteuse.

Avez-vous eu besoin d’activer des leviers particuliers pour aller chercher ce groupe, ou cela s’est fait naturellement, avec l’enchainement des matchs ?

D.G. : Non, on a essayé de recréer des connexions entre nous, que ce soit sur ou en dehors du terrain. Avec le staff, on a beaucoup travaillé, que ce soit en prépa ou nous sur le terrain, pour recréer une cohésion d’équipe. Cela veut dire des ateliers spécifiques, un mini stage, des moments conviviaux où ça rigole, où ça sourit. Arriver le matin avec la tête au fond du faitout comme cela a été le cas pendant deux mois, je pense que l’on a assez mangé de pain noir. Maintenant, si on veut mériter la lumière et manger autre chose, il va falloir que l’on continue comme ça.

Il y a quand même un point qui reste problématique, c’est l’indiscipline… Avec en moyenne 14 fautes par match et déjà 13 cartons jaunes, c’est encore beaucoup trop élevé.

D.G. : Ce qui me dérange, au-delà du nombre de fautes, ce sont les séquences où l’on fait beaucoup de fautes d’affilée. Ca nous a plombé contre le Racing, à Toulon ou à Pau. Clairement, on remet les adversaires dans le match ou on leur permet de tuer le match. Il y a eu un problème de lucidité et, à un moment donné, on ne supportait plus de prendre beaucoup de pression alors que c’est la réalité d’un match. A Toulouse, on a su faire le dos rond pour tenir. A Pau, même si on ne ramène qu’un match nul comme dirait beaucoup de monde… à la fin on est 12 contre 15 avec deux cartons jaunes et notre pilier droit qui a fait une commotion, pour défendre notre ligne. Et on a tenu presque 2 minutes. Preuve qu’à un moment donné on est là. Mais pour éviter d’avoir ces moments-là, il faut être plus lucide.

"A nous de faire ce qu’il faut pour continuer sur cette belle dynamique et l’entretenir"

On a quand même le sentiment que vous commencez à retrouver ce jeu qui faisait la force de cette équipe au meilleur moment de la précédente saison ? Notamment dans ce que vous arrivez à faire à l’entrainement.

D.G. : Oui. On a de moins en moins de déchet, déjà à l’entrainement, et aussi en match. On a eu beaucoup de ballons tombés sur les premiers matchs, beaucoup d’approximations et là on est en train de retrouver une cohésion complète. Maintenant, on n’est pas encore au bout du chemin et on sait qu’un mauvais match ce week-end (contre Montpellier) nous remettrait en question. A nous de faire ce qu’il faut pour continuer sur cette dynamique et l’entretenir.

Pour ce faire, vous vous êtes appuyé sur une ossature bien définie. Même s’il ne faut pas oublier que vous n’avez pas été épargné par les absences…

D.G. : Vous avez raison. Mais les gens ne se sont pas trop aperçus que l’on a eu beaucoup d’absents. Depuis le début de la saison, le match où l’on a eu le moins d’absents, c’est 11 ! 11 contre le Racing, 15 contre Toulon, on en enchaine d’autres à 12 ou 13 et à Toulouse, personne ne s’en est aperçu, mais on en avait encore 15 ! A un moment donné, on s’est appuyé sur une structure qui nous rassurait mais aussi sur les mecs valides. Et je crois que les gens n’ont pas fait attention à ça. C’est pratiquement la même équipe en place parce qu’à un moment donné il y a des choix et aussi, des fois, pas le choix… Bien sûr qu’il manquait du monde à Toulouse, mais moi, devant, j’avais 12 absents. C’est incroyable.

Mais dans cette période, on a découvert trois nouveaux avants dans l’effectif. Le talonneur Julian Heaven (20 ans), et les troisièmes lignes Mickaël Guillard (19 ans) et Theo William (20 ans).

D.G. : Cela nous a permis de leur faire confiance. Mais, un jeune, quand tu le mets, tu prépares le terrain. Là il a fallu le semer, le mouiller et tout faire pousser avant… On a parfois un peu brusqué l’arrivée de ces jeunes. Clairement, le petit Guillard que l’on envoie comme titulaire en troisième ligne aile à Toulon, on pouvait se dire que c’était trop tôt. Mais j’avais quinze absents et j’ai tenté le coup. Hormis ce match compliqué pour lui, depuis il fait quand même de bons matchs. Ce qui est embêtant, c’est que nous, les coachs, on est obligé de s’entrainer avec nos mecs. Cela fait un mois que je m’entraine avec eux et ce n’est pas évident. Les coachs, on donne le maximum pour les mettre dans un cadre pour s’entrainer, jouer et, des fois, notre présence est primordiale au milieu d’eux. Quand, à plus de 40 berges, tu te retrouves au milieu d’eux, que tu animes et que d’un coup tu fais la mêlée, ou la touche, tu n’as pas le choix. Il faut aider les joueurs et on essaie de les aider même comme ça.

"Les gens ont oublié que Mathieu (Bastareaud) était un grand joueur. Moi je leur dis, Mathieu est un grand joueur"

Dans ce début de saison, un joueur au sein du paquet d’avants s’illustre tout particulièrement, c’est Mathieu Bastareaud. Outre le fait qu’il s’est totalement adapté à ce rôle de troisième ligne et semble s’épanouir, il est plus que précieux dans le jeu de l’équipe.

D.G. : Je dirais clairement que ceux qui ont, à un moment donné, lâché leur venin sur lui, qu’ils ouvrent les yeux sur la personne que c’est et le joueur que c’est. Mathieu est un grand joueur (il insiste), et un bon mec. Et ce mec mérite du respect. Les gens qui ne l’ont pas respecté sont, je pense, en train de se dire qu’ils ont peut-être fait une erreur. A chaque fin de match, je mets contre un mur les trois meilleurs joueurs du match et c’est bizarre, il est pratiquement toujours là. Entre lui et Josh (Josua Tuisova, ndlr), ils sont pratiquement toujours là et Mathieu a été deux fois homme du match. Ce mec mérite du respect. Les gens ont oublié que c’était un grand joueur et moi je leur dis, Mathieu est un grand joueur.

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