Taofifenua : "Tu retrouves la flamme, la fraîcheur physique et mentale"

Par Rugbyrama
  • Top 14 - Romain Taofifenua (Toulon) contre La Rochelle
    Top 14 - Romain Taofifenua (Toulon) contre La Rochelle
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Après une saison particulière, qui l'a vu passer de réserviste pour le mondial et cadre toulonnais, à joueur arrêté trois mois suite à plusieurs commotions, Romain Taofifenua affiche une forme resplendissante depuis le début de la préparation. Pour le plus grand bonheur du géant, qui soufflera sa 30e bougie le 14 septembre prochain.

Rugbyrama : Romain, on imagine que cette reprise des rencontres officielles a sonné comme un ouf de soulagement ?

Romain Taofifenua : Même si notre première rencontre contre le Stade rochelais a été une immense déception, je suis vraiment soulagé d'avoir retrouvé le Top14. On a connu une préparation aussi longue qu'inédite, et on a enfin pu retrouver le goût de la compétition.

Personnellement vous revenez d'une saison particulière : préparation de Coupe du monde avec les Bleus, commotions suivies de trois mois hors des terrains, puis retour en pleine forme, rappel en équipe de France et finalement fin de saison prématurée. Comment avez-vous vécu tous ces événements ?

R.T. : La préparation de la Coupe du monde, même si elle ne m'a pas offert une place au mondial, m'a permis d'arriver en début de saison dans une forme physique très plaisante. Je me sentais bien, j'ai vite pu évacuer la frustration de la non-sélection, je retrouvais mon rugby, tout allait pour le mieux et bim : série de commotions.

C'est alors un immense coup d'arrêt...

R.T. : Forcément, mais c'est également une vraie période qui m'a permis de me ressourcer. Cela faisait un moment que je prenais des coups à la tête. Alors même si c'est toujours décevant de ne pas être sur le terrain, ces trois mois d'arrêt m'ont fait énormément de bien. Ils m'ont permis de revenir frais et j'ai retrouvé super rapidement mon rugby. Puis les Bleus. Arrêter les contacts m'a soulagé pendant cette période. Parce que c'est un cercle vicieux : quand tu prends un coup au crâne, tu as l'impression que ça s'enchaîne et tu ne sors pas la tête de l'eau. Alors j'avais besoin de souffler. Ç’a été un mal pour un bien. Tout comme le confinement.

Vous sentez-vous aujourd'hui moins exposé ?

R.T. : Clairement. Et même si je prends un coup, ce sera moins grave car ce sera un cas isolé. Alors qu'au moment où tout allait mal, à chaque coup reçu j'avais la tête qui tournait. Chaque impact au crâne me compliquait la vie.

Avez-vous déjà envisagé de mettre un casque ?

R.T. : Le médical me l'a demandé, et j'ai essayé aux entraînements, mais c'était impossible pour les matchs...

L'arrêt de carrière a-t-il déjà été une option ?

R.T. : Ça m'est passé par la tête. J'ai eu une période de doute importante juste avant la Coupe du monde. J'avais enchaîné pas mal de commotions, et ça me bouffait la vie. Quand tu rentres à la maison, que tu t'enfermes dans le noir, et que tu ne supportes plus le bruit de tes enfants, tu prends une claque. Je ne pouvais plus rien faire et ç'a été très dur. Ne plus profiter de ses enfants, de sa femme, tu comprends vite que ce n'est pas normal et que le jeu n'en vaut pas forcément la chandelle.

Alors pourquoi avoir continué ?

R.T. : J'ai énormément échangé avec ma femme. Et la conclusion était qu'il fallait prendre le temps de se soigner, mais qu'arrêter n'était pas la solution. Je suis passionné par ce sport, et les périodes d'arrêt m'ont conforté : quand tu ne joues pas pendant des semaines, tu retrouves la flamme, la fraîcheur physique et mentale. J'ai pris la bonne décision.

Où en êtes-vous aujourd'hui ?

R.T. : Je n'ai pas reçu de mauvais coup depuis plusieurs mois, et je n'ai plus la moindre appréhension au moment d'aller au contact. C'est tellement plus agréable.

Depuis le début de la préparation on vous sent vraiment en bonne forme physique. Confirmez-vous cette impression ?

R.T. : Je me sens en effet en pleine forme, plutôt affûté. C'est la première fois que je connais ce genre de préparation et aujourd'hui je suis vraiment bien. Je n'ai pas pris ni perdu de poids pendant le confinement : nous étions suivi de près, il fallait envoyer quotidiennement nos séances de sport.

Quels objectifs vous fixez-vous ?

R.T. : J'ai envie de continuer à prendre du plaisir, faire une saison pleine, et retrouver les Bleus. C'est peut-être simple à dire, d'autant qu'on sort d'une longue période sans rugby, mais j'aimerais continuer à performer avec Toulon pour faire partie de l'aventure du XV de France. Je me sens en forme et il me tarde de pouvoir m'exprimer

Vous allez souffler votre 30e bougie dans quelques jours. En quoi le Romain Taofifenua de 30 ans est meilleur que celui de 20 ans ?

R.T. : Je pense que j'ai progressé sur la gestion de l'agressivité. En défense également, où j'ai appris à mieux lire les situations.

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