Nouvelle vie et énorme envie pour Gérard au LOU

  • Top 14 - David Gerard (Lyon)
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TOP 14 - Dernier venu dans le staff, David Gérard a pris la succession de Karim Ghezal dans le rôle d’entraineur des avants de l’équipe fanion et des Espoirs. Celui qui vient de fêter ses 42 ans avoue être encore dans une phase d’adaptation, tant sur le plan sportif que personnel, dans le club et dans la ville, mais vit avec passion ce nouveau défi. Entretien.

Sa nouvelle vie lyonnaise, David Gérard la vit pleinement. Installé tout près du stade où il passe l’essentiel de son temps, l’entraineur des avants du LOU est toujours dans une phase d’apprentissage de son nouvel environnement, de ce nouveau terrain de jeu. "Il faut que je m’adapte à tout. Je suis un peu un indien dans la ville mais je ne suis pas un indien… J’ai les yeux grands ouverts", lance-t-il en souriant.

La préparation du @LeLOURugby avant son déplacement à @CastresRugby et l’occasion de mettre en avant le travail de l’entraîneur des avants @davidgerard31, dernier venu dans le staff de la #TeamLOU. À lire bientôt sur @RugbyramaFR... #Top14 #COLOU pic.twitter.com/SrJ4uLsEGp

— Julien Plazanet ???? (@JulienPlazanet) December 17, 2019

Pourtant, certains diront sans hésiter qu’ils ont l’impression que cela fait déjà des mois que David Gérard est installé à Lyon, mais non... L’arrivée du technicien a été officialisée le premier jour de l’été dernier, lui qui venait d’enchainer trois saisons aux côtés de David Aucagne à la tête de Béziers et qui repart presque de zéro. Et c’est justement tout ce travail d’adaptation que l’ancien deuxième ligne doit appréhender.

"Je prends du plaisir à faire ce que je fais. Après, ce n’est pas forcément évident parce que j’arrive dans une structure déjà opérationnelle où je suis juste la pièce rapportée. Ils ont beaucoup d’habitudes que je ne connais pas et que j’apprends. Le fait que je sois la seule retouche fait que c’est à moi de me débrouiller et d’essayer de vite comprendre pourquoi et comment ils font les choses. Je n’arrive pas encore à totalement m’exprimer et à me lâcher, tout simplement parce que tu as la peur de l’inconnu quand tu arrives. J’essaie d’apprendre et de m’habituer au fonctionnement."

Avec Pierre (Mignoni), on se connait depuis gamin. Même si nos routes se sont séparées, qu’il vienne me chercher et me donne cette chance était une marque de confiance.

Il a donc pris la suite de Karim Ghezal, sous la direction de Pierre Mignoni. Un ami. "Trois semaines avant Pierre, un club du Top 14 m’appelle pour entrainer les avants. Je me suis posé des questions mais je n’ai pas eu le truc. Le fait de le connaitre depuis gamin a été une part importante de ma décision. Même si nos routes se sont séparées, qu’il vienne me chercher et me donne cette chance était une marque de confiance. On est né ensemble. S’il est venu me chercher, c’est que j’avais des compétences. Je me suis donc dit qu’il fallait que j’y aille."

David Gerard, aussi passé par les sections Féminines et Crabos du Stade toulousain, a eu le déclic après "un parcours atypique. Je n’ai pas eu la chance de commencer à entrainer dans le club où j’ai fini. Il a fallu repartir par une reconstruction totale. Ça a été le plus dur. Tu sors du système et tu y ré-entres par la petite porte. Tu dois batailler pour grandir dans un monde où les clubs ont tendance à faire confiance aux joueurs issus du club."

Des rôles différents à Béziers et à Lyon

D’autant que quitter Béziers n’était pas chose évidente. "Je n’avais pas beaucoup de moyens et pourtant on a fait de belles choses. Quand on te donne ta chance, tu t’en souviens. Quand Béziers est venu me chercher dans une situation très compliquée, je savais qu’il fallait que j’y aille. J’en étais persuadé. Souvent, dans ma vie, il y a eu des décisions comme ça. Et là ça a pris un sens. J’avais déjà refusé de la Pro D2 parce que je ne le sentais pas mais là, va savoir pourquoi, c’était eux, c’était maintenant. Avec David (Aucagne), on a vécu une aventure humaine qui restera gravée dans ma mémoire. Ce club m’a touché, il est obligé de rester gravé en moi. Les joueurs ont été humainement extraordinaires, ils ont retourné des montagnes. Ça te fait grandir. Jusqu’au moment où tu te dis que c’est peut-être le moment de changer" et de ressentir pareille émotion pour venir à Lyon, où David Gérard prend aussi plaisir hors rugby dans le club de foot US "Les Gones Éveil de Lyon".

Encore une fois, pas évident de changer de rôle. "Quand tu as l’habitude de prendre tes décisions, que tu te retrouves sur un terrain, que tes joueurs font des erreurs et que ce sont tes secteurs, tu es directement concerné et tu peux réguler. Mais réguler celles d’un secteur qui n’est pas le tien, c’est plus compliqué. Là, on est un staff très complet, avec beaucoup de compétences mais c’est une période d’adaptation pour arriver à rester dans un autre cadre. C’est formateur. C’est différent. Je suis arrivé comme l’entraineur de Béziers qui prenait beaucoup de décisions, là ce n’est plus pareil", confesse celui qui est impressionné par le travail fait dans sa nouvelle maison et qui avoue travailler sur sa capacité à canaliser ses envies.

"Cela ne va pas aussi vite que moi je l’espère parce que je ne suis pas patient… mais la réalité c’est que quand les choses marchent, pourquoi changer ! (…) J’ai tellement travaillé pour y arriver, et aujourd’hui j’ai envie de prouver à moi et aux autres que ça peut marcher."

Et dans une période où les résultats sont plus compliqués pour le LOU, l’envie serait peut-être de commencer à apporter une touche nouvelle à l’équipe mais "le deal quand je suis arrivé, c’était de travailler sur la continuité. À moi de m’adapter, quitte à mettre ma philosophie perso dans un placard. Maintenant, je reste un entraineur, j’ai ma vision et je pense que, petit à petit, j’apporterai des retouches. Un entraineur n’est jamais aussi bien que quand il parle des choses auxquelles il croit, et qu’il a créées. J’en ai besoin et il faut clairement évoluer dans le rugby. Je vais essayer d’amener de la diversité et une autre façon de voir les choses parce qu’il y a du très bon boulot qui a été fait pendant des années. J’étais parti à contre-nature. J’étais beaucoup dans l’adaptation, et même trop, et là j’ai besoin de m’exprimer."

Et cela tombe bien, car le leader du Top 14 a besoin de relancer la machine après avoir concédé cinq défaites sur les sept derniers matchs toutes compétitions confondues.

Quand on avait des résultats, les gens nous trouvaient toujours des excuses. Là, c’est un peu plus dur et ils se gargarisent en disant : je vous l’avais dit. Ça me dérange.

Loin cependant l’impression de sentir du doute. "Tout le début de saison, quand on avait des résultats, les gens nous trouvaient toujours des excuses. Là, c’est un peu plus dur et ils se gargarisent en disant : je vous l’avais dit. Ça me dérange. Au foot, on appelle cela des Footix… Ma façon de leur apprendre les bonnes manières, c’est en gagnant et en étant convaincant. (…) Il faut relativiser et pas que sanctionner la défaite. Quand je vois le match contre le Leinster, à la sortie, je suis déçu mais je me dis qu’il y a de l’espoir car j’ai vu des mecs ne rien lâcher face à la plus belle équipe d’Europe. Ils avaient en face d’eux des mecs qui ont soif d’apprendre. C’est comme dans Star Wars, le Jedi et le Padawan… à un moment donné le Padawan supplante le Jedi. Donnez-nous des leçons mais profitez-en, ça risque de s’arrêter un jour !"

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