Hounkpatin : "Ça serait un rêve d’avoir au moins une sélection"

Par Rugbyrama
  • Wilfrid Hounkpatin - Castres Olympique
    Wilfrid Hounkpatin - Castres Olympique
  • Le groupe de Castres à l'échauffement avec le match contre Toulon
    Le groupe de Castres à l'échauffement avec le match contre Toulon
  • XV de France - Wilfried Hounkpatin (France)
    XV de France - Wilfried Hounkpatin (France)
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TOP 14 - Avant le derby contre le Stade Toulousain, le pilier droit du Castres Olympique, Wilfrid Hounkpatin est revenu sur le début de saison particulier de son équipe fortement touché par la Covid-19. Il évoque aussi le derby de ce samedi et parle de son rêve de jouer avec le XV de France.

Le Castres Olympique a connu des moments très difficiles ces derniers temps avec la Covid-19 qui vous a frappé et qui ne vous a pas permis de jouer pendant plus d’un mois. Cette situation a été marquante moralement ?

Bien sûr, c'était compliqué de devoir rester à la maison sans pouvoir s'entraîner. On avait des nouvelles jour après jour. On a la chance d’avoir un bon staff, que ce soit les prépas ou les entraîneurs qui nous donnaient des nouvelles de l’évolution de la situation et des programmes à faire pour rester le maximum en forme physiquement. C’est d’un point de vue collectif que cela a été le plus difficile, ne pas pouvoir s’entraîner ensemble, ça a été très dur et même à la reprise, on était pas beaucoup. Ce n’était pas un bon moment à vivre pour nous.

Un des faits marquants du début de saison du CO est cette élimination sur tapis vert en quart de finale de Challenge Cup après que plusieurs cas de la Covid-19 aient été décelés au sein de votre effectif. À ce moment-là, on a senti le club et les joueurs dans une totale incompréhension. Comment avez-vous vécu cet évènement ?

Sur le moment, on n’a pas compris le choix de l’EPCR. Parce que c’est vrai qu’on avait des cas positifs, on l’a d’ailleurs déclaré rapidement. On a refait des tests et il n’y avait pas d’autres cas positifs donc on était apte à jouer. On pouvait même aligner une bonne équipe contre les Tigers donc on n’a pas compris la décision. Reporter le match de 24 heures n’aurait pas changé grand-chose sachant que c’était à huis clos. Ça n’aurait rien changé pour les deux équipes. La décision a été un peu soudaine, sans attendre les résultats des deuxièmes tests. Franchement, nous, on a rien compris, on avait les valises prêtes, on était prêt à partir. Ça a été une décision dure à vivre, surtout qu’on s’était bien préparé, qu’on avait vraiment l’envie de faire quelque chose. Ça a été difficile à gérer pour nous, il y a eu beaucoup de déception dans le groupe.

Par la suite, le club a eu un nombre important de cas au point de devoir fermer le club à plusieurs joueurs. Vous n’avez pas joué de la deuxième à la 5 e journée de Top 14 et le retour à la compétition à La Rochelle a été très compliqué. Est-ce que vous avez l’impression qu’on vous a fait reprendre trop rapidement et que l’effectif n’était pas prêt à jouer un match de haut niveau ?

La reprise a été très soudaine. On avait encore dix-huit cas. En plus, on a eu que quelques jours de préparation et encore on était par petits groupes de quatre ou cinq joueurs. On a eu seulement 25 minutes de mise en place collective pour préparer un match contre une équipe de La Rochelle en forme et qui restait sur une belle performance à Bayonne. Sachant qu’on nous a interdit de jouer pour trois cas positifs et là on nous fait jouer avec dix-huit cas, c’est des décisions qu’on ne comprend pas trop car la logique n’est pas là. Après on avait quand même à cœur de jouer, parce qu’on est tous des compétiteurs. Il fallait bien qu’on reprenne un jour de toute façon mais oui, très dur en effet.

Après le match contre La Rochelle, vous avez récupéré plusieurs joueurs importants dans l’effectif dont vous. Le match contre Toulon a été bien meilleur malgré la défaite et vous venez de vous imposer face au Racing. Une victoire qui a dû faire un bien fou au moral non ?

Oui, on a vu qu’avec plus de préparation, on était capables de faire beaucoup mieux. On a eu une semaine complète pour préparer Toulon. Dans ce match, on est loin d’être ridicule. Je pense même qu’on passe à côté de quelque chose de bien mais il nous manque encore de la précision dans nos actions. Avec les entraînements, au bout de deux semaines, on arrive à taper le Racing à domicile. Il y a forcément un lien de cause à effet entre nos bonnes semaines d’entraînements avec le groupe au complet et nos performances sur le terrain. La victoire de ce week-end nous fait vraiment du bien parce qu’on en avait besoin. Et ça comptait beaucoup pour nous de gagner à domicile après avoir perdu notre dernier match à la maison contre le Stade Français. On est à la recherche de points, tous les matchs comptent.

Le groupe de Castres à l'échauffement avec le match contre Toulon
Le groupe de Castres à l'échauffement avec le match contre Toulon

Contre le Racing 92 ce week-end, vous avez joué pour la première fois dans un stade totalement vide. Jouer dans un Pierre-Fabre à huis clos, ça doit être frustrant pour vous ?

C’est un peu triste surtout quand on sait la différence que nous apportent les supporters à Castres. Après, le club a fait un super boulot. On a eu des mots de supporters affichés dans le vestiaire et sur l’écran géant pendant l’échauffement. Le président (Pierre-Yves Revol, NDLR) a fait un discours avant le match. Il nous a dit que les Castrais étaient tous déçus de ne pas pouvoir se déplacer au stade, qu’il fallait qu’on pense à eux pour ne pas les décevoir.

Après cette victoire, on a vu sur les réseaux sociaux que vous vous êtes retrouvé entre joueurs pour regarder le match France-Irlande le soir même. Est-ce que, dans la situation sanitaire dans laquelle nous sommes, ces moments de cohésion sont rares et est-ce que ça vous manque, surtout à Castres où l’identité collective est très importante ?

Cette victoire contre le Racing 92 nous a mis du baume au cœur. Ça a apporté de la joie à toute l’équipe. C’est bien d’avoir un collectif fort et c’est des petits moments comme ça qui font qu’un lien se crée. On n’a pas pu faire de stage de présaison, on a pas pu faire de réelle sortie d’équipe. Le fait de regarder un match avec une bière à la main, c’est déjà beaucoup. On profite de chaque moment qu’on passe ensemble pour être encore plus soudés et ça se voit sur le terrain ensuite. On a envie de se battre les uns pour les autres. Et avec cette identité collective "à la castraise", on est capable de faire de grandes choses.

Ce samedi, vous allez affronter le Stade Toulousain chez eux. C’est toujours un match important pour les deux clubs, est-ce une préparation différente que d’habitude ?

Non, on prépare ce match comme on en prépare un autre. Après, il y a cet aspect derby, il y a une ambiance particulière, tout le monde est motivé. Ça se sent à l’entraînement, il y a beaucoup d’envie, les contacts sont peut-être plus engagés. Tout le monde a envie de jouer contre le Stade Toulousain. Au moment du match, c’est sûr qu’il y aura une tension particulière malgré qu’il n’y ait pas de public. Ça nous tient à cœur d’offrir ce genre de victoire à nos supporters. On ressent cette ferveur, on reçoit de nombreux messages que ce soit les médias du club ou sur nos propres réseaux sociaux.

En face, le Stade Toulousain a subi une lourde défaite le week-end passé sur la pelouse du Stade Français et ils auront une nouvelle fois de nombreux absents à cause des doublons. Est-ce que cela vous donne un léger avantage ?

C’est vrai qu’ils ont subi une défaite importante. Après contre le Stade Français, il faut aller y jouer là-bas, ce n’est jamais facile. Toulouse est une très bonne équipe, ça arrive de passer à côté d’un match. Ils auront à cœur de renouer avec la victoire contre nous, on le sait. Malgré les absences, Toulouse a une équipe très homogène avec pas mal de très bons joueurs sur le banc pour suppléer les "stars" qui sont en absentes. C’est une équipe qui peut marquer à tout moment juste par une étincelle, un coup de génie d’un de ses joueurs. De notre côté, on ne pense pas aux absents, c’est une équipe qui peut faire des dégâts, on est très sérieux dans notre préparation pour, pourquoi pas, essayer d’aller faire un coup là-bas ce week-end.

On est en pleine période internationale, le XV de France a terminé un très bon Tournoi des Six Nations et a enchaîné deux victoires de suite. Quel est votre impression sur les Bleus ?

Le XV de France fait vraiment de très bons résultats. C’est une équipe qui est capable de grandes choses. L’équipe est jeune, elle montre beaucoup d’envie tout en étant encore en construction. Ça fait plaisir de les voir jouer, de voir leur envie et même après les matchs ça fait plaisir de les voir fêter les victoires, de voir des grands sourires. Ça prouve qu’il se passe quelque chose dans cette équipe.

XV de France - Wilfried Hounkpatin (France)
XV de France - Wilfried Hounkpatin (France)

Personnellement, vous avez été appelé pour préparer le début du Tournoi en février dernier, êtes-vous toujours en contact avec le staff des Bleus ?

Oui. Récemment, on a fait une visioconférence avec Karim Ghezal pour discuter de la touche. William Servat s’est déplacé il y a quelques semaines à Castres, j’ai eu un entretien avec lui à ce moment-là. Je l’ai aussi eu au téléphone il y a encore trois semaines. Ça me fait plaisir aussi de voir que je les intéresse toujours. Ça me motive à toujours donner le maximum pour aller chercher une sélection.

Justement, depuis le confinement en mars dernier, soit un mois après avoir été appelé, l’équipe de France est-elle toujours dans un coin de votre tête et sur quels axes essayez-vous de vous améliorer ?

Je travaille beaucoup ma mobilité. J’ai perdu 5 kilos, je me sens un peu mieux sur le terrain, j’essaie d’être plus présent. Je continue aussi de faire mon travail sur la mêlée. William (Servat, NDLR) me donne beaucoup de conseils dans ce secteur de jeu. Je travaille aussi de mon côté avec le CO, on fait de temps en temps des grosses sessions d’oppositions en mêlée. En tant que pilier droit, je sais que la tenue en mêlée est un aspect indispensable du poste. Hors club, je suis aussi en contact avec Alexandre Castola, préparateur physique spécialiste de la mêlée. Je travaille avec lui depuis plusieurs années. On fait beaucoup d'analyses vidéos et de techniques. Je sais que j’ai encore une marge de progression. Chaque jour quand je me lève, je me dis qu’il faut que je m’améliore.

Avec l’accord des trois feuilles de matchs pour ces tests d’automne, il va y avoir un turnover sur les derniers matchs, vous faites partie des piliers pressentis pour être appelé, avez-vous bon espoir d’être appelé ou avez-vous déjà des infos concernant la "seconde" liste de Fabien Galthié ?

Non je n’ai pas plus d’infos à ce sujet. Mais je garde espoir, je ne le cache pas. Ça serait un rêve d’avoir au moins une sélection. Je travaille dur, j’essaie d’enchaîner les matchs, de faire de belles performances puis après on verra ce qu’il adviendra. En tout cas, moi je suis prêt à tout donner pour le maillot tricolore. Je pense que le staff du XV de France le sait déjà puisque j’ai déjà eu cette chance de travailler avec eux. Ils savent de quoi je suis capable. En attendant, je continue de travailler en espérant que ça paye.

Par Damien Souillé.

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