Etien : "J’ai peut-être perdu du temps…"

  • Top 14 - Lester Etien (Stade français) contre Lyon
    Top 14 - Lester Etien (Stade français) contre Lyon
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TOP 14 - Auteur d’un début de saison fracassant avec le Stade Français Paris, Lester Etien (25 ans) est devenu une pièce maîtresse du système de jeu mis en place par Gonzalo Quesada. Arrivé au rugby à 16 ans, l’ancien trois-quarts aile de Massy revient sur son état de grâce actuel.

Dix titularisations en dix matchs, et six essais… Que se passe-t-il Lester ?

Lester Etien : Je joue de façon totalement libérée. Surtout en ce moment. Il y a eu des saisons pas souvent faciles au Stade Français. Depuis que je suis arrivé, ça n’a pas toujours été simple. Cette saison, j’ai beaucoup de ballons, je m’épanouis. L’équipe tourne beaucoup mieux. Quand on est ailier, on s’éclate. Mais mon passage en Pro D2, assez jeune, m’a fait du bien. J’ai joué pas mal de matchs compliqués avec Massy. Maintenant, je joue sans forcément de stress. C’est pour cette raison que j’arrive à me libérer.

L’an passé déjà, dans un contexte pas évident, vous arriviez à ne pas être perturbé ?

L.E : Il fallait vraiment faire abstraction de tout ce qui se passait en dehors du terrain. J’étais dans ma bulle pour donner le meilleur le jour du match. Mais ça n’a pas été toujours facile.

Aujourd’hui, je joue sans forcément de stress. C’est pour cette raison que j’arrive à me libérer

Vous parliez de cette expérience en Pro D2 avec des matchs âpres… Vous avez pris conscience assez vite que le mental était déterminant ?

L.E : J’ai fait un gros travail de concentration. Le jeu en Top 14 va bien plus vite qu’en Pro D2. Il a fallu négocier ce passage avec un niveau d’intensité vraiment supérieur. J’ai énormément bossé. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir un coach, Julien Arias, qui me donne énormément de conseils. On se retrouve de temps en temps tous les deux. Il m’aide sur son placement défensif et la concentration en match. J’avais quelques oublis qui ne pardonnent pas au haut niveau. Je dois encore beaucoup progresser là-dessus.

Les joueurs de rugby sont souvent frileux concernant l’approche mentale du sport du haut niveau…

L.E : A Massy, je ne travaillais pas assez sur ce domaine. J’ai peut-être perdu du temps. Je ne me focalisais sans doute pas assez sur moi-même. Aujourd’hui, j’ai une énorme envie de progresser. Je suis toujours en train d’apprendre.

Vous avez quitté le monde du foot à 16 ans parce que la mentalité ne vous plaisait plu. Neuf ans plus tard, vous ne regrettez pas votre choix ?

L.E : Pas un seul moment. Le rugby correspond complètement à ma personne. Je me retrouve beaucoup dans les valeurs du rugby qui symbolisent ma façon de voir la vie.

J’avais un petit ventre… J’ai fait une grosse préparation physique pour perdre 8 kilos

On ironise souvent sur les fameuses valeurs de l’ovalie… elles sont encore présentes ?

L.E : Bien sûr, c’est toujours présent… il y a beaucoup plus d’échange, de partage, de fraternité que dans le foot.

Pour revenir sur vos prestations sur le terrain, dans quel secteur avez-vous fait le plus de progrès ?

L.E : J’ai énormément progressé sur le plan physique. J’ai fait une grosse préparation pour perdre 8 kg.

Thibault Giroud et Fabien Galthié m’ont fait comprendre que je devais avoir un plus gros volume de jeu

C’est énorme…

L.E : Oui, c’est énorme. La saison dernière, j’étais à 103 kg. Cette année, je suis à 95 kg. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, j’arrive à enchaîner les matchs, à jouer 80 minutes. J’arrive à être présent au bon moment, ce que je ne faisais pas auparavant. Je manquais de coffre pour finir les actions. Je l’ai bien compris cet été. Et j’ai surtout fait ce stage avec l’équipe de France (pour le Tournoi des Six Nations 2020). Thibault Giroud (préparateur physiques des Bleus) et Fabien Galthié (sélectionneur) m’ont fait comprendre que je devais avoir un plus gros volume de jeu. Aujourd’hui, on demande beaucoup de volume de course en équipe de France. C’est fondamental pour un ailier.

Vous n’êtes pourtant pas un joueur avec une masse grasse importante…

L.E : Je ne suis pas gras mais j’avais un petit ventre. Je n’étais pas assez fit. Là, je n’ai jamais été aussi bien depuis je fais du rugby.

J’ai passé les deux dernières saisons en rentrant à la maison frustré

Cela doit être une source de motivation de voir que tous vos efforts payent…

L.E : Exactement. Au début, j’avais un peu peur de reculer sur les contacts. Mais je me sens mieux sur le terrain. J’ai moins mal au dos. Je pense que je ne m’en sors pas trop mal. Je n’ai pas jamais autant marqué d’essais dans une saison. Je ne suis pas forcément un ailier finisseur. Mais mon jeu a un peu évolué en ayant plus de ballons.

On pouvait s’attendre à vous voir convoqué en équipe de France pour la Coupe d’Automne des Nations. Ça n’a pas été le cas…

L.E : Je me donne les moyens d’y retourner. J’ai eu les coachs en début de saison mais je savais qu’ils allaient suivre beaucoup de jeunes joueurs. Mais si je continue dans cette voie, je pense que j’aurais ma chance. Il faut être patient.

Cette saison, les joueurs du Stade Français disent s’éclater dans le système de jeu mis en place par Gonzalo Quesada. Vous confirmez ?

L.E : J’ai passé les deux dernières saisons en rentrant à la maison frustré. Je n’avais pas de ballons, ça ne jouait pas forcément bien. On se sentait bridés dans notre jeu. L’arrivée de Gonzalo nous a amené un vent de liberté. On a retrouvé un Stade Français qui fait rêver les gens. On se fait plaisir. Et dans les vestiaires, il y a une super entente. On est en train de construire quelque chose.

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