Saint-André: "Les joueurs ne montent pas à Paris pour aller au musée…"

Leurs propos avaient fusé sans concession, à la limite de l’incident diplomatique entre le XV de France et les clubs du Top 14. A l’issue du premier stage des Bleus, du 28 septembre au 1er octobre 2014, Franck Azéma et Bernard Laporte avaient tout simplement dézingué Philippe Saint-André et son staff. Petit rappel... "Qu'il se blesse sur un entraînement, ça ne me dérange pas. Qu'il se blesse sur une séance de physique, pour moi, c'est de l'amateurisme…", s’était emporté l’entraîneur de Clermont constatant la blessure (ischio-jambiers) du trois-quarts centre Wesley Fofana. Sur la Rade, l'agacement était tout aussi prononcé. "Il faut savoir dans quel état on a récupéré les joueurs, s’agaçait le directeur sportif du RCT. Ils sont arrivés rincés ! Comme des paillassons. Les joueurs ont mal partout ! Quand je vois comment ils nous les rendent… Ils (les sélectionneurs) se foutent de nous ! C’est de l’amateurisme de A à Z !" Rarement un staff de l’équipe de France avait été critiqué de la sorte.

Saint-André: "J’ai eu des discussions avec Laporte et Azéma"

Ce dimanche, lors du rassemblement des Bleus à l’aéroport d’Orly, pour un second stage de quatre jours au CNR de Linas-Marcoussis, Philippe Saint-André a tenu à mettre les choses au clair. "J’ai eu des discussions avec Bernard Laporte et Franck Azéma, nous a confié le sélectionneur du XV de France. Il y a eu une petite blessure sur une contracture d’un ischio-jambier (de Wesley Fofana, NDLR) qui était l’opposé de l’ischio-jambier où il était blessé. Il s’est blessé sur une course de 10 mètres. Il voulait faire un 80 mètres et je l’ai arrêté. Franck Azéma s’est excusé. Après, ça faisait trois mois qu’on n’avait pas eu les joueurs. Ils ne montent pas à Paris pour aller au Musée. On a l’impression que le XV de France ne peut plus rien faire." Même son de cloche chez Serge Blanco. "Il ne faut pas s’attacher à ça, insiste le Président du Comité de suivi. Ceux qui n’ont pas envie de souffrir et de se faire un peu mal, ils resteront à la maison. Il y a eu des échanges. Tout le monde a revu sa copie et changé le son de sa voix."

Après deux journées de Coupe d’Europe, et une intensité physique à la mesure de cette compétition, ce stage (dont le contenu doit encore être précisé selon la récupération des joueurs, NDLR) pourrait donc cristalliser à nouveau les commentaires acerbes à quelques jours de la 10e journée de Top 14. Côté médical, cette polémique cache beaucoup d’hypocrisie. "L’affaire est close, coupe Jean Baptiste Grisoli, le médecin des Bleus. Dans tout sport de haut niveau, on prend des risques à l’entraînement et en match. Aujourd’hui, quel club me rend un joueur à 100% ? Zéro !" Très impliqué sur les problématiques inhérentes à l’intégrité physique des joueurs, Thierry Dusautoir regrette ces débats souvent stériles. "Les joueurs sont entre le marteau et l’enclume, souligne le capitaine du XV de France. Les joueurs se sont exprimés maintes fois par l’intermédiaire de Provale. Ce n’est plus le bon tempo pour en parler. Mais il faut que les politiques tendent l’oreille quand on parle de ces problèmes." Et éviter, comme l’avait évoqué Robins Tchale-Watchou, nouveau président de Provale, un clash général…