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Lyon - Montpellier : buffet froid

  • Demi-finale de Top 14 en 2018 entre Montpellier et Lyon
    Demi-finale de Top 14 en 2018 entre Montpellier et Lyon Icon Sport
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On connaît le dicton : la vengeance est un plat qui se déguste glacé… Détruits l’an dernier par le MHR dans "leur" demi-finale au Groupama Stadium, le Lou souhaitera nécessairement remettre les pendules à l’heure dans sa tanière de Gerland. Sauf que ces Héraultais, revenus d’entre les morts, n’ont plus rien à perdre et également une petite revanche à prendre sur les Lyonnais.

"Le match de l’an dernier n’est pas une frustration, plutôt une source de motivation. On sait qu’on n’a pas le droit à l’erreur une deuxième fois."

Baptiste COUILLOUD

Demi de mêlée de Lyon

L’humiliation avait été à la démesure des louanges adressées ce jour-là aux Montpelliérains, étiquetés pour leur malheur favoris ultimes de la finale qui devait suivre… Démolis sur le score de 40 à 14 sous les yeux des 58 664 spectateurs du Groupama Stadium, les joueurs du Lou avaient quitté la queue basse l’antre de Jean-Michel Aulas, bien conscients d’avoir offert à Frédéric Michalak un jubilé bien décevant au regard de son immense carrière. "On s’était fait ridiculiser", affirmait ainsi sans ambages le jeune troisième ligne Dylan Cretin. "Beaucoup de joueurs découvraient les phases finales l’an dernier, nuançait de son côté l’expérimenté flanker Liam Gill. Le top 6 était notre objectif et nous qualifier à Toulon une chose incroyable. Peu importe que ce soit Montpellier qui était en face de nous la semaine suivante : cela aurait été La Rochelle ou Castres, nous en aurions aussi pris quarante… " Reste que la douleur est là, présente, et que le seul acronyme du MHR réveille chez les Lyonnais une drôle d’impression. "Bien sûr que le sentiment de revanche va compter, assumait le demi de mêlée maison Baptiste Couilloud. Nous n’étions pas invités ce jour-là. Nous étions comme impuissants, ce qui fait que, paradoxalement, ce match n’est pas une frustration. Plutôt une grosse source de motivation. On sait que nous n’avons pas le droit à l’erreur une deuxième fois contre cette même équipe, devant notre public. Même si nous ne sommes évidemment pas dupes : ce sera un tout autre match, un tout autre contexte."

États de fraîcheur inversés

Et un tout autre adversaire, d’abord… Car si le MHR s’était en premier lieu appuyé l’an dernier sur la maîtrise de Ruan Pienaar, le coup de pied de François Steyn et la puissance de Louis Picamoles et Bismarck Du Plessis, aucun d’entre eux ne sera sur la pelouse samedi. Parce que les deux premiers ont été (ainsi que le sulfureux transfuge Johan Goosen, dont l’arrivée fit couler tant d’encre cet été) sacrifiés sur l’autel de la cohésion du groupe, alors que les deux leaders du pack pointent à l’infirmerie. "Ils ont beaucoup donné ces deux derniers mois pour se qualifier alors manqueront-ils peut-être d’un peu de fraîcheur, imaginait le deuxième ligne Félix Lambey. L’an dernier, nous nous étions présentés dans la position inverse : eux avaient eu le temps de souffler quand nous sortions d’un très gros match à Toulon. Cela peut changer la donne." "Nous étions en bout de course, ce qui est un peu moins le cas cette saison, convenait Baptiste Couilloud. Et pour moi le premier… J’avais joué toute la saison avant de me blesser sur la fin (forfait à Toulon en raison d’une entorse à une cheville, il avait pris place sur le banc en demie, fatalement très diminué, N.D.L.R.). Cette fois, c’est l’inverse (victime d’une fracture à une cheville, il a manqué six mois de compétition et n’est revenu que mi-avril). De plus, nous avons pu profiter du week-end dernier pour faire un peu tourner et bien nous préparer pendant que le MHR bataillait à Clermont. L’an dernier, c’était eux qui s’étaient reposés pendant que nous jouions à Toulon."

Un atout indéniable, quoique peu définitif aux yeux du jeune international. "Je fais partie de ceux qui pensent que la préparation ne joue qu’un rôle marginal dans un match, souriait Couilloud. Ce qui compte, la seule vérité, ce sont les quatre-vingts minutes sur le terrain. C’est pourquoi je me méfie énormément des Héraultais : ils ont démontré d’énormes ressources mentales pour se qualifier et n’auront pas la même pression, ni la même boule au ventre que nous. Au contraire, ils seront complètement libérés et seront d’autant plus dangereux."

Reste que, d’un point de vue neutre, ce Lou-là ne sera pas moins dangereux non plus. Nourris de cette expérience et de leur douloureux dépucelage en Coupe d’Europe, les Lyonnais ont en effet beaucoup appris au cours de cette saison et espèrent légitimement mieux appréhender l’événement. D’autant que celui-ci se déroulera dans un contexte beaucoup plus familier… "L’an dernier, nous avions évolué dans le grand stade de Lyon pour la demi-finale, rappelle Couilloud. C’était un événement magnifique mais nous n’y étions pas vraiment préparés. Inconsciemment, nous avons probablement pensé que nous n’y arriverions pas. Cette année, nous serons dans notre stade habituel de Gerland, ce qui ôtera un certain stress. Et puis, globalement, on ressent quelque chose de différent dans l’approche de l’événement. Nous savons que nous pouvons le faire, que nous pouvons aller au bout nous aussi."

Montpellier veut aussi sa revanche

Une sérénité qui doit, peut-être, aux deux matchs de la saison régulière. Capables de l’emporter à Montpellier (14-25) au bout d’un festival au pied de Wisniewski, les Lyonnais s’étaient surtout offerts en début de saison un véritable récital à Gerland, orné de huit essais (55-13) qui fut probablement le point de départ des maux héraultais. "Équipe cherche esprit", avions-nous titré à l’époque au sujet du MHR. Il semble évident que depuis lors, les coéquipiers de Jan Serfontein y sont parvenus. Mieux valant toujours tard que jamais… "En début de saison, nous n’étions pas bons du tout, nous n’étions pas une vraie équipe", affirmait le centre sud-africain. Des propos prolongés par l’ouvreur Aaron Cruden : "Jamais cette saison nous n’avons réussi à mettre l’intensité qu’il fallait pour rivaliser avec Lyon. Ils étaient meilleurs que nous sur ces deux matchs, surtout celui disputé chez eux… Pour moi, quand on perd un match en encaissant autant de points, c’est que dans la tête nous n’étions pas assez bien préparés, autant individuellement que collectivement. À nous de ne surtout pas répéter les mêmes erreurs, en gardant seulement Lyon à l’esprit et un niveau d’exigence aussi élevé que ces dernières semaines où il s’agissait de vivre ou mourir."

On l’a compris, le sentiment de revanche sera à son paroxysme samedi. Un plat qui, comme chacun sait, se déguste froid, et dont les portions ne seront pas des plus légères sur la pelouse de Gerland. "ça ne vous arrive jamais d’avoir envie de tuer quelqu’un ?", interrogeait Alphonse Tram dans le légendaire "Buffet froid" de Bertrand Blier. Toutes proportions rugbystiques gardées, il n’est après tout jamais question que de ça, lorsqu’arrive le temps des phases finales. Ne reste désormais plus à savoir qui, entre Lyon et Montpellier, endossera le rôle de Gérard Depardieu plutôt que celui de Michel Serrault. Sachant que la tâche pour le Lou se doublera d’un challenge tout sauf anecdotique : gagner son premier match de phases finales de son histoire en Top 14. Car oui, c’est bien sur un match nul (19-19) que les Lyonnais se sont qualifiés la saison dernière à Toulon, au bénéfice des essais ! Le genre d’exploit sur lesquels il vaut mieux ne pas tout miser…

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