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Demis de mêlée : «cibles» à interception ?

  • Benoît Paillaugue (Montpellier) contre Clermont
    Benoît Paillaugue (Montpellier) contre Clermont Icon Sport
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C’est une tendance qui se confirme de plus en plus : premiers passeurs, les demis de mêlée deviennent de plus en plus la cible d’interceptions par les défenses adverses. Sur touche, mais pas seulement…

La tendance est lourde, beaucoup trop en tout cas pour ne pas s’y pencher dans ces colonnes. De plus en plus souvent en effet, les demis de mêlée sont les cibles (pour ne pas dire les victimes) de tentatives d’interception, alors que celles-ci n’arrivaient voilà quelques années encore qu’en bout de ligne. Hasard ? Sûrement pas… «Le postulat est simple : plus une équipe fait de passes, plus elle donne d’occasions de se faire intercepter, calculait dans la presse anglaise le responsable de la défense des Saracens Alex Sanderson. Donc, mathématiquement, plus un joueur fait de passes, plus il a de «chances» de se faire intercepter. Et comme les joueurs qui effectuent le plus de passes sur un terrain sont les demis de mêlée, il est naturel qu’on cherche de plus en plus fréquemment à les intercepter… Même si ce n’est pas ce n’est pas la chose la plus facile à faire, l’analyse vidéo est bien utile… »

La principale situation ciblée par les défenses ? Elle concerne évidemment les touches, ainsi que Benoît Paillaugue en a fait l’amère expérience contre le Stade français voilà quelques semaines (voir ci-dessus). «C’est beaucoup plus collectif et stratégique qu’on pourrait le penser de prime abord, nous confiait un entraîneur de Top 14. Il s’agit d’abord, au niveau de l’alignement, d’arriver à inciter le talonneur à lancer sur le premier bloc de saut. Le but de la manœuvre, c’est que les joueurs au fond de l’alignement soient libres et qu’un d’entre eux puisse «traverser» l’alignement lorsque la touche se termine, c’est-à-dire lorsque le ballon quitte les mains du sauteur. Ensuite, tout se joue en une fraction de seconde. Si on a un peu trop anticipé, le demi de mêlée va vous voir arriver et conservera le ballon, ce qui peut éventuellement lui permettre de s’infiltrer dans l’intervalle que vous venez de créer. Et si vous arrivez un peu trop tard, le ballon vous fils sous le nez. » 

Dangereux pour l’équilibre défensif, sachant que la «zone de fracture» entre le dernier joueur de l’alignement et l’ouvreur constitue une cible privilégiée pour l’attaque ? «C’est un risque qu’on prend en compte, bien sûr, mais qu’on essaie de minimiser. On ne demande jamais au dernier joueur de l’alignement de tenter l’interception, plutôt à l’avant-dernier. Comme cela, même si celui-ci manque l’interception, il y a le verrouilleur et le relayeur de l’alignement qui peuvent défendre à l’intérieur du 10. Du coup, le risque est finalement relatif, et vaut la peine d’être couru.» Attention toutefois à ne pas trop anticiper la déviation, et coûter une pénalité facile pour hors-jeu…

Dans le jeu courant : la leçon de billy vunipola

Mais au-delà de cette situation finalement «connue» ? Les tentatives d’interception sur demi de mêlée sont de plus en plus fréquentes dans le jeu courant, à l’image du récital réalisé par Billy Vunipola en finale de Champions Cup contre le Leinster, où le numéro 8 anglais vola à trois reprises des passes de McGrath. «On sent que les Saracens l’avaient parfaitement ciblé. Ils connaissaient sa tendance à porter le ballon autour des rucks. Le jeu du Leinster est basé sur de l’affrontement direct à une passe, très proche de la ligne d’avantage, et pour cela les Irlandais peuvent prendre le risque d’attaquer les défenses non pas au bord des rucks, où elles sont très denses, mais un peu plus loin. Sauf que cette tactique permet à la défense de monter un peu plus, surtout si le demi de mêlée porte le ballon. Sur ce match, Vunipola a su très bien décoder et lire ces relances de jeu. Au final, l’animation offensive du Leinster s’est retournée contre eux.» Et Vunipola donné une leçon à tous ceux qui pensaient qu’il était impossible d’intercepter un demi de mêlée dans le jeu courant…

  • 1. Cette deuxième action est tirée de la finale de Champions Cup, Saracens — Leinster. Sur une séquence offensive des siens, on voit ici le demi de mêlée irlandais McGrath relever le ballon (cercle jaune). À partir de cet instant, la défense peut monter en toute légalité…

Demis de mêlée : "cibles" à interception ?
Demis de mêlée : "cibles" à interception ?

  • 2. Et de cela, Billy Vunipola ne se prive pas. Pendant que le demi de mêlée adverse porte le ballon, le numéro 8 des Saracens casse la ligne et vise le bloc d’attaquants adverses, tout en gardant un œil sur le demi de mêlée irlandais. Une situation probablement anticipée à la vidéo, au vu de l’attitude de l’international anglais.

Demis de mêlée : "cibles" à interception ?
Demis de mêlée : "cibles" à interception ?

  • 3. Lorsque McGrath lâche sa passe, Vunipola a d’ores et déjà identifié quel porteur de balle celui-ci allait viser, et coupe la trajectoire de passe. Avec succès… Sans effort ou presque, es Saracens ont récupéré la possession du ballon, dans l’avancée qui plus est…

Demis de mêlée : "cibles" à interception ?
Demis de mêlée : "cibles" à interception ?

  • 1. En situation offensive sur les 40 mètres adverses, les joueurs de Montpellier optent pour une touche complète, à sept joueurs, face à laquelle les Parisiens choisissent de ne pas sauter pour mieux défendre au sol. Les Héraultais décident alors d’opter pour un lancer sur le premier bloc de saut, afin d’assurer la prise. Pas la meilleure des idées, pourtant…

Demis de mêlée : "cibles" à interception ?
Demis de mêlée : "cibles" à interception ?

  • 2. Pourquoi ? Parce que le MHR avait annoncé une déviation (flèche jaune), pour servir la ligne de trois-quarts. Sauf que le fait de lancer en début d’alignement permet à Macalou (flèche rouge) de traverser l’alignement et de couper la ligne de passe du demi de mêlée adverse Benoît Paillaugue

Demis de mêlée : "cibles" à interception ?
Demis de mêlée : "cibles" à interception ?

  • 3. Benoît Paillaugue n’a pas le temps de retenir son geste. Le ballon quitte ses mains et atterrit dans celles de Macalou, qui peut sprinter sur 60 mètres pour marquer. À noter que la prise e risque du Parisien était pratiquement nulle puisque derrière lui, le verrouilleur et le relayeur (flèches blanches) étaient là pour défendre la zone de fracture à l’intérieur de leur ouvreur. Bien identifié, bien défendu…

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Demis de mêlée : "cibles" à interception ?

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