Jeunesse triomphante

Par Jérémy FADAT
  • Alldritt et Dupont
    Alldritt et Dupont Midi Olympique
Publié le Mis à jour
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Rarement une équipe de France aussi inexpérimentée s’était présentée face à son meilleur ennemi.Mais les bizuths ont relevé le défi avec une étonnante assurance.

"Cest intéressant, ce concept de violence. Mais avec Fabien, nous avons un point commun avec Eddie Jones, c’est que nous serons tous en tribunes, dimanche. C’est un peu facile, à mon sens, de parler de violence quand on est en tribunes…" Voilà comment le manager de l’équipe de France Raphaël Ibanez avait répondu, dans la semaine, au sélectionneur du XV de la Rose quand celui-ci avait choisi de mettre la pression sur la très jeune garde tricolore : "Ils vont être mis à rude épreuve parce qu’ils n’ont jamais expérimenté l’intensité qu’on va leur proposer dimanche. On ne trouve pas une telle intensité dans le rugby de championnat, ni dans les compétitions U20." Il avait raison, le technicien australien. Sur le constat mais aussi sur la nécessité de mettre ses joueurs en alerte autant que de placer ses adversaires sous tension. Un art chez lui. Le truc ? C’est qu’il ne s’attendait sûrement à un tel caractère chez la vague montante des Bleus.

Sur le papier, la formation composée par Fabien Galthié était pourtant extrêmement inexpérimentée : tous présents sur la feuille, Haouas, Bouthier, Palu, Woki et Vincent étaient vierges de sélection. Mauvaka et Jalibert n’en comptaient qu’une, Marchand et Cros deux, Rattez trois et Willemse cinq. Voilà qui présentait un charme évident, lequel ne pouvait que plaire à un grand public en demande de fraîcheur après une décennie de traumatismes. Mais la question de savoir à quel point le danger était grand de se passer de quelques papas, pour encadrer tous ces bizuths, était légitime.

Le bémol du coaching

Galthié avait prévenu que le choix était assumé et le risque mesuré. La prestation des siens lui a donné raison. Sans complexe, ni peur, sa fougueuse armada a dominé le vice-champion du monde dans les grandes largeurs. Doit-on dès lors en conclure que cette génération est déjà prête pour les joutes internationales ? Incontestablement, elle l’est et l’a prouvé dimanche. "S’habituer à gagner, c’est quand même mieux que s’habituer à perdre", nous avait confié Ibanez voilà quelques semaines en référence aux doubles champions du monde moins de 20 ans, et aux indéniables ressources que possède cette relève enchantée. Ce qui augure, comme l’enthousiasmant succès face aux Anglais l’a confirmé, un avenir radieux pour le rugby hexagonal. Alors, est-il permis de s’emballer ? Un bémol toutefois : le coaching, peu avant l’heure du jeu, a clairement freiné les ardeurs des Bleus, autant qu’il a permis aux visiteurs d’espérer un retour depuis l’au-delà. À cet instant, et durant un ultime quart d’heure chargé de frayeurs, le manque de vécu de cette bande-là s’est alors fait ressentir. Cette équipe, jusque-là tellement sereine et sûre de son fait, cédant un brin à la panique. Pas de quoi, tout de même, remettre en cause la formidable embellie de Saint-Denis, sous le signe sous le sceau d’une jeunesse florissante.

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