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Barrett : « Comme si j’apprenais une nouvelle langue... »

Par Patrick McKendry avec Simon Valzer
  • Beauden Barrett lors d'un événement RedBull
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Absent des terrains depuis la Coupe du monde 2019, l’ouvreur des Blacks a bénéficié d’un congé sabbatique accordé par sa Fédération avant d’ouvrir un nouveau chapitre de sa carrière, avec la franchise des Auckland Blues. Gêné jusqu’alors par une blessure au pied, il venait de reprendre l’entraînement avant la suspension du Super Rugby en raison du coronavirus. Il évoque néanmoins son changement de vie, et ses premiers pas avec sa nouvelle formation.

Qu’est-ce que cela vous a fait de vous entraîner avec votre nouvelle équipe des Auckland Blues après neuf saisons passées aux Hurricanes de Wellington ?

Déjà, c’est bon de revenir sur les terrains. Je me sens totalement régénéré, tant sur le plan physique que sur le plan mental. J’ai passé un bon moment loin des terrains et j’ai vraiment aimé les deux premiers jours officiels de ma reprise en camp d’entraînement avec les Blues. Cela fait maintenant quelques semaines que je suis à leur contact et j’ai pris beaucoup de plaisir à les voir évoluer. De façon plus générale, je suis heureux d’avoir saisi cette opportunité. Je joue de façon professionnelle en Nouvelle-Zélande depuis dix ans maintenant, et c’est la première fois que je change de club. Mais surtout, je tiens à remercier la fédération de m’avoir offert cette période pour me régénérer. J’ai pu disposer de temps pour profiter de ma famille et faire avec elle et mes amis des choses que je n’avais jamais faites auparavant.

Pourquoi n’avez-vous toujours pas joué avec les Blues ?

Même si j’ai eu un bon break, j’ai commencé à ressentir des douleurs au niveau du pied peu avant la première journée du Super Rugby. J’en ai parlé à notre manager Leon McDonald et nous n’avons pris aucun risque : je préfère rester prudent car c’est dans ce genre de période, où l’on est très impatient de reprendre que l’on se blesse. Je veux être à 100 % pour gagner ma place parmi les 23 joueurs qui seront sélectionnés pour le prochain match.

Quand serez-vous prêt à jouer ?

Tout dépendra des choix de Leon ainsi que de l’évolution de la situation. En tout cas on en parle beaucoup. Même si j’étais en congé sabbatique, je suis souvent venu au club depuis le mois de novembre. Il faudra que je revienne à mon meilleur niveau, que j’apprenne tous les lancements, les combinaisons… C’est comme si j’apprenais une nouvelle langue. J’adore ça. Après, on sait que rien ne remplace l’intensité des matchs pour retrouver son meilleur niveau. Mais j’espère le retrouver après une ou deux rencontres. J’espère que toute la préparation physique que j’effectue en ce moment va me permettre de m’en approcher au maximum.

Les Blues auraient dû jouer contre les Hurricanes, votre ancienne formation, le 11 avril prochain. Auriez-vous aimé que cette rencontre soit votre première avec votre nouvelle équipe ?

Cela aurait un rêve, oui ! Plutôt une belle façon de commencer cette nouvelle carrière. Mais les évènements en ont décidé autrement… et puis de toute façon il aurait fallu que je gagne ma place dans l’équipe.

Êtes-vous si loin que cela de votre niveau optimal ?

Oh oui, quand même… Vous vous rendez compte, je n’ai pas joué depuis la dernière Coupe du monde. Cela va tout de même me prendre du temps pour retrouver mon niveau du Mondial. Ce chemin va davantage ressembler à un marathon qu’à un sprint, mais mentalement je suis prêt à tenir la distance. Je dois tenir bon, prendre mon temps et ne pas me montrer impatient.

Auriez-vous été prêt mentalement à affronter votre ancienne équipe avec qui vous avez disputé 125 rencontres ?

De toute façon, cela va bien arriver un jour ou l’autre… donc effectivement, c’est une chose que j’ai envisagée. Que ce soit dans quatre, cinq, ou dix semaines, cela arrivera. Mais ce sera drôle. Je serai probablement remonté, mais c’est aussi le charme du rugby. On joue pour vivre des moments comme cela.

Pourquoi avoir choisi les Blues ?

Parce que c’était un nouveau challenge auquel j’ai réfléchi longtemps. Au fond de moi, je savais que je ne voulais pas quitter le pays pour aller jouer à l’étranger. Je voulais rester ici mais me lancer un nouveau défi. Changer de ville, démarrer une nouvelle vie. Et puis Auckland est la ville de naissance de ma femme. Donc ce changement est très positif pour nous tous.

Les Blues réalisent justement un bon début de saison, et peuvent envisager une place qualificative. Qu’est ce qui vous a marqué à votre arrivée ?

Plusieurs choses m’ont impressionné. Déjà, les Blues ont signé plusieurs recrues de qualité, qui renforcent des cadres expérimentés qui parviennent toujours à garder les idées claires même quand ils sont sous pression. Par exemple, Patrick Tuipulotu m’a impressionné par son leadership. Ce qui me plaît aussi, c’est que le groupe bosse dur et qu’il garde les pieds sur terre.

Êtes-vous prêt à prendre les rênes du jeu de cette équipe ?

Il y a d’autres grands leaders de jeu dans ce groupe. Pour moi, j’ai toujours considéré le leadership comme une tâche partagée. Mon poste me contraint à prendre des responsabilités et à les assumer, comme la conduite de l’attaque. Mais j’ai vraiment hâte de relever ce challenge.

Certaines rumeurs disaient que vous auriez pu rejouer pour votre club situé dans le Taranaki pour vous préparer à votre retour en Super Rugby. Étaient-elles vraies ?

Bien sûr. C’est un club que j’aime profondément, puisque c’est là où tout a commencé. Je pense qu’il est vraiment important de rester connecté à son club. J’aurais dû jouer avec mon frère Blake aussi, cela aurait pu être génial…

Avez-vous conscience d’avoir été critiqué en Nouvelle-Zélande pour avoir pris un si long break ?

Non, je n’en suis pas si conscient pour être honnête. Je n’ai pas non plus beaucoup consommé de rugby, car c’était mon break. Si cela a dérangé des personnes, ça les regarde. Ce que je vois, c’est que ce break m’a fait le plus grand bien ainsi qu’à ma famille et je remercie encore la Fédération de m’avoir donné cette chance. Je me suis toujours préoccupé du futur, par du passé. Mon vœu le plus cher est de participer à la prochaine Coupe du monde et j’ai échangé avec ma fédération pour le réaliser dans les meilleures conditions possible. Nous avons donc identifié la meilleure période pour que je prenne une bonne pause.

Quel regard portez-vous sur le fait que la fédération néo-zélandaise impose des semaines de repos à ses joueurs alors qu’ils disputent le Super Rugby ?

Je peux comprendre que les joueurs aient parfois besoin de se reposer. Après, il faut aussi de la flexibilité dans l’application de cette règle, et qu’une décision soit prise en fonction des charges de travail, de la fatigue du joueur ainsi que du management de la franchise. Les joueurs ne peuvent pas s’acharner à jouer sans cesse. Ils ont besoin de pauses dans la saison.

Quels furent les moments forts de votre congé sabbatique ?

La finale du Super Bowl. Difficile de faire mieux que cela non ?

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