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Bonachera (Saint-Jean-de-Luz) : « Nous n’avons pas les moyens et nous n’avons pas hésité à le dire... »

Par Pablo Ordas
  • Bonachera (Saint-Jean-de-Luz) : « Nous n’avons pas  les moyens et nous n’avons  pas hésité à le dire... »
    Bonachera (Saint-Jean-de-Luz) : « Nous n’avons pas les moyens et nous n’avons pas hésité à le dire... » Sud Ouest
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Éric Bonachera, coprésident du Saint-Jean-de-Luz Olympique, pointe du doigt le timing voulu pour la création du championnat "National" auquel son club, malgré la proposition de Bernard Laporte, ne participera pas.

Êtes-vous pour ou contre la création d’une division "National" ?

Ce qui nous préoccupe, c’est la précipitation qu’il y a sur ce projet. Il y a six mois, et bien sûr, c’était avant le Covid, nous avons eu une réunion pendant laquelle tous les présidents ont voté et décidé qu’il y aurait un statu quo sur la formule de la Fédérale 1 pour deux ans. Là, tout d’un coup, sous prétexte que quatre ou cinq clubs plus "huppés" ont sollicité Bernard Laporte, tout est remis en question. Ça ne me dérange pas qu’il y ait une poule pro, à terme, puisque nous n’en ferons jamais partie. Encore faut-il que les choses soient bien faites et que les clubs qui demandent à y aller soient pérennes au niveau de l’argent.

Vous affirmez que le SJLO, troisième de sa poule, n’en fera jamais partie. Pourquoi ?

On nous a appelés pour savoir si nous voulions l’intégrer. C’est sympa parce que ça montre que, sportivement, nous avons acquis quelques droits de par nos résultats. Mais comment puis-je dire à nos soixante garçons, puisque nous sommes censés nous déplacer avec les espoirs "Ce week-end, nous irons à Bourg-en-Bresse et le prochain, nous irons à Massy…" C’est impossible, intenable. Notre équipe s’entraîne trois fois par semaine. Les trois quarts des espoirs sont étudiants. Et je n’évoque même pas les infrastructures… Des clubs n’ont pas les moyens mais ils n’hésitent pas à y aller. Nous, on n’a pas les moyens et on n’a pas hésité à dire non !

Ça a le mérite d’être clair…

Au-delà de ça, savez-vous ce qui me préoccupe le plus par rapport à cette précipitation ? C’est que nous sommes dans l’année sur laquelle nous n’avons aucune visibilité au niveau financier avec la crise du Covid. Aujourd’hui, la seule question que nous nous posons est celle de savoir combien on va réussir à sauver au niveau du budget. Notre prévisionnel table sur une baisse de 30 %. Les cafetiers, les hôteliers qui nous suivent n’auront-ils pas trop souffert de la crise ? En ce moment, ils pensent plus à leur business qu’à nous soutenir. Et puis, qui va payer les déplacements ? Nous ne sommes pas invités, nous ne nous posons pas la question. Ceux qui veulent y aller se débrouilleront, il n’y a pas de soucis. S’ils pensent accéder plus facilement au Pro D2 comme ça, c’est leur droit. Ça permettra à certains clubs de faire rencontrer leurs espoirs avec leur équipe première…

Quel regard portez-vous sur la formule actuelle où des équipes pros et amateurs se mélangent ?

Elle satisfaisait tout le monde ! Et on s’est aperçu que plusieurs équipes éligibles à cette poule se sont fait "taper" par des clubs amateurs. Quand on reçoit des clubs comme Albi, bien sûr qu’on sait que ça va être dur, mais ça fait plaisir à nos joueurs ! Ce qui m’ennuie le plus, c’est qu’aujourd’hui, on nous parle de la dimension physique. Des présidents mettent en avant les dangers de ce rugby. Ils ne se sont jamais posé la question il y a dix jours. Maintenant, ils sortent ça comme argument. Il faut arrêter…

Sur la formule actuelle, la présence d’équipes professionnelles dans la poule vous tirait vers le haut…

Oui, complètement. Ce sont des bons souvenirs pour les joueurs que de se frotter à ce qui se fait de mieux, d’affronter des gabarits impressionnants et de les faire douter aussi. Le public est aussi content et, mine de rien, ça fait des recettes. Si le "National" voit le jour, on ne l’aura plus, ça, c’est sûr. Par contre, on fera du public avec Mauléon, Tyrosse, Oloron si on a la chance de les avoir dans la poule. Après, si on reste entre nous en Fédérale 1, il y aura un vrai bouclier de champion et peut-être qu’on pourra se fixer comme objectif un jour, et ce ne sera pas avec nous trois à la tête du club, de monter au niveau au-dessus. Mais aujourd’hui, qu’est-ce que je devrais dire à mes joueurs ? Vous travaillez, vous allez tous arrêter et je vais vous faire des contrats de rugby, même si je n’ai pas les moyens ? Vous savez, j’aime beaucoup Albi ou Bourg-en-Bresse. Ce sont des clubs qui travaillent bien, ils ont des structures, je comprends leur besoin de monter à l’étage au-dessus. Mais il n’y a qu’un truc qui est vrai. Nous sommes en Fédérale 1 depuis cinq ans et chaque année, entre dix et douze clubs disent qu’ils veulent monter en Pro D2. À la fin de l’année, tu t’aperçois qu’il y en a juste deux ou trois qui ont les capacités financières, sportives et structurelles de le faire. Des équipes comme Rouen ou Valence-Romans, qui étaient au-dessus pendant trois ans dans la division, sont loin d’être équipées pour la course en Pro D2. Il n’y aurait pas eu le Covid, ces deux clubs redescendaient.

Du coup, l’éventuelle perte des "gros bras" de la division sur le papier, serait-elle une déception ?

Non, nous sommes juste amers de la façon dont c’est fait. Bien sûr qu’on s’améliore toujours en se frottant à meilleur que soit, mais il y a quand même de belles équipes en Fédérale 1. Les derbies dans la poule, si c’est avéré, amèneraient quand même du piment. Encore une fois, je me demande est-ce que c’est l’année pour créer ce championnat ? Nous n’avons aucune visibilité. Aujourd’hui, il y a des choses plus importantes que le rugby. Après, cette poule Élite, s’ils la veulent, ils la font. Nous, nous sommes obligés de la subir.

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