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Le Pro D2 ne connaît pas la crise

Par Jérémy Fadat et Nicolas Zanardi
  • Le Pro D2 attire de plus en plus les internationaux, à l’instar du Tricolore Alexis Palisson qui pourrait se relancer dans l'antichambre de l'élite.
    Le Pro D2 attire de plus en plus les internationaux, à l’instar du Tricolore Alexis Palisson qui pourrait se relancer dans l'antichambre de l'élite. Icon Sport - Amandine Noel
Publié le Mis à jour
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Les clubs de Pro D2 ont multiplié les signatures de joueurs de gros calibres, ces derniers jours. La crise, qui laisse les finances des grosses écuries sur le carreau, profite aux petits.

Il n’y a qu’à suivre les actualités transferts ces récentes semaines. En vrac : le All Black Francis Saili qui signe à Biarritz en attendant le Wallaby Henry Speight, l’Anglais et taulier de Lyon depuis 2015 Carl Fearns qui part à Rouen où se sont aussi engagés James Johnston et Phil Swainston (pilier qui compte une centaine de matchs en Premiership), Marc Clerc qui revient à Oyonnax, Jody Jenneker qui se lance un dernier défi à Valence-Romans, Vannes qui saisit l’opportunité Pierre Pagès, Montauban qui attire des éléments rompus aux joutes du Top 14 comme Julien Caminati et Mike Tadjer, ou s’offre le centre sud-africain des Bulls Dylan Sage, Ben Volovola et Paea Fa’anunu qui rejoignent Perpignan, l’international irlandais Robin Copeland qui file à Soyaux-Angoulême, Béziers qui drague Alex Tulou.

Les exemples sont nombreux. Sans oublier les CV d’autres joueurs prestigieux, tels les internationaux Alexis Palisson (21 sélections) ou Hugo Bonneval (11 sélections) sans club à compter du 30 juin, qui circulent sur les bureaux de présidents ambitieux de Pro D2. Ces derniers temps, la tendance est assez claire : c’est dans l’antichambre de l’élite que le marché fut le plus actif. Ceci derrière une période logique de sommeil (comme dans toutes les divisions), après l’arrêt des compétitions forcé par la crise du Coronavirus.

Frilosité accrue du Top 14 et baisse des salaires

Il existe des explications à cette propension significative. La première étant forcément la frilosité des clubs de Top 14 depuis le début de cette situation inédite. Beaucoup d’entre eux, notamment ceux qui vivent sur une économie réelle comme Toulouse et La Rochelle ou ceux adossés à une entreprise qui a grandement souffert de la crise tel Lyon avec GL Event, se montrent aujourd’hui très inquiets sur l’avenir de leurs finances et donc extrêmement prudents.

Après avoir craint de devoir prendre sa retraite faute de contrat, Carl Fearns va finalement rebondir à Rouen.
Après avoir craint de devoir prendre sa retraite faute de contrat, Carl Fearns va finalement rebondir à Rouen. Icon Sport

Certains ont même décidé de mettre un terme prématuré à leur politique de recrutement pour l’exercice à venir. Voilà qui laisse ainsi des joueurs à fort potentiel libres, lesquels deviennent par voie de conséquence des occasions en or pour quelques pensionnaires de Pro D2. Les séquelles sont-elles moins graves pour ces derniers afin de les rendre capables d’attirer ces garçons confirmés dans leurs filets ? Quelques-uns n’ont pas caché que, les masses salariales étant bien sûr inférieures à celles du Top 14, ils ont traversé l’épreuve avec moins d’encombres même si beaucoup demeurent craintifs sur la baisse du partenariat.

Mais les émoluments réclamés par les joueurs ont connu une décroissance non négligeable, ce qui en rend plusieurs accessibles pour des dirigeants qui n’auraient osé y croire quelques mois plus tôt. C’est vrai également (et même d’autant plus) pour ceux venant de l’hémisphère Sud, où les Fédérations sont tellement touchées qu’elles imposent des coupes drastiques dans les salaires. Voici comment des internationaux se retrouvent sur le marché et sont proposés en France, jusqu’en Pro D2. Mais tout cela ne règle pas le problème de l’augmentation attendue des chômeurs (lire encadré). Si les joueurs susceptibles de dénicher un contrat en Top 14 le font à l’étage inférieur, ils en mettent d’autres sur le carreau, qui devront peut-être prospecter dans le nouveau championnat National.

Le Wallaby Henry Speight (32 ans, 19 sélections) devrait s'engager prochainement avec Biarritz.
Le Wallaby Henry Speight (32 ans, 19 sélections) devrait s'engager prochainement avec Biarritz. Actionplus / Icon Sport - Actionplus / Icon Sport

Les faits

Le marché des transferts n’étant pas terminé, difficile de donner une estimation des plus précises quant à l’augmentation du nombre de chômeurs. Seule certitude : si la crise du coronavirus laissera des traces dans l’économie des clubs et impactera fortement le niveau d’émolument des acteurs de ce jeu, le dégât humain sera aussi considérable… Obligés de dégraisser leurs effectifs, les clubs laissent immanquablement sur le carreau des joueurs obligés de hâter leur reconversion professionnelle et de se terminer leur carrière en Fédérale (Andreu à La Seyne-sur-Mer, Bernard au Bassin d'Arcachon, Alexandre à Voiron, et on en passe). Quand ils ne se dirigent pas vers le pire… « Je pense que l’on comptera une centaine de chômeurs à la fin de cette saison, contre une soixantaine l’an dernier, nous confiait le président de Provale Robins Tchalé-Watchou. C’est pour cela que l’on travaille à la mise en place d’un régime dérogatoire exceptionnel cette saison, et qu’il y ait des mesures incitatives vis-à-vis des clubs pour recruter ces joueurs. » Rappelons qu’à l’heure actuelle, des joueurs comme Benjamin Fall ou Hugo Bonneval, encore internationaux en 2018, sont actuellement sans club…

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Les commentaires (1)
fan2rugby Il y a 3 années Le 26/05/2020 à 14:57

"Le D2 ne connaît pas la crise", mais trouvez-vous normal de recruter des joueurs du TOP 14 et dans le même temps demander aux joueurs de Pro D2 encore sous contrat de baisser leur salaire pour palier aux difficultés financières que le club rencontre à cause du coronavirus. C'est pitoyable de faire jouer la sensibilité du joueur pour financer ces "gros" joueurs....Pathétique !!!