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Guillaume Ribes, le guerrier devenu menuisier

  • S’il a porté les couleurs de Toulouse et Grenade chez les jeunes puis Colomiers, Aurillac, Albi et Toulon, c’est à Brive que Guillaume Ribes sera resté le plus longtemps (huit saisons). Toujours installé en Corrèze, il s’est reconverti comme menuisier, par l’intermédiaire d’un ami, Didier Bécot (à droite sur la photo du bas).
    S’il a porté les couleurs de Toulouse et Grenade chez les jeunes puis Colomiers, Aurillac, Albi et Toulon, c’est à Brive que Guillaume Ribes sera resté le plus longtemps (huit saisons). Toujours installé en Corrèze, il s’est reconverti comme menuisier, par l’intermédiaire d’un ami, Didier Bécot (à droite sur la photo du bas).
  • Guillaume RIBES
    Guillaume RIBES
Publié le Mis à jour
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Lassé d’un milieu dans lequel il ne se reconnaissait plus vraiment, il a raccroché les crampons en 2017. Sans aucun regret puisqu’il n’est jamais retourné voir un match au stade... Resté en Corrèze, Guillaume Ribes s’est lancé dans la menuiserie par le biais d’un ami, dont il est devenu l’employé. Et il s’y épanouit pleinement.

Pour beaucoup de joueurs, on parle de "petite mort" quand il s’agit de raccrocher les crampons. En ce qui concerne Guillaume Ribes, l’ex-talonneur qui a terminé sa carrière avec Brive par une victoire contre Castres le 6 mai 2017 à 32 ans, ce serait plutôt une sorte de renaissance. "Cela me trottait dans la tête depuis longtemps, avoue-t-il. Mais je voulais finir sur une dernière bonne saison et ce fut le cas. C’était important pour moi de partir sur cette note positive mais cela faisait des années que j’en avais marre du monde du rugby. En fait, même si je me suis donné à fond jusqu’au bout, j’avais quelque part tourné la page avant même d’arrêter." Parce que, outre les nombreuses blessures qui ont émaillé le parcours de celui qui était un vrai guerrier sur le terrain et ainsi parfois meurtries son corps, Ribes, catalogué "à l’ancienne", ne se reconnaissait plus vraiment dans cet univers plus policé et hypocrite qu’à ses débuts.

Pour l’anecdote, il s’est tout de même retiré avec un doublé, inscrit pour son ultime sortie au terme d’une saison où il a marqué 6 essais (son record en carrière !) et où le CABCL s’est offert une magnifique huitième place, à seulement quatre points des phases finales, malgré le plus petit budget du championnat. L’intéressé avait donc choisi le moment et n’a rien subi. Si bien qu’il n’a strictement aucun regret qu’il a définitivement coupé avec son ancienne vie. "On me demande souvent : "ça te manque ?" La réponse est à chaque fois la même : "Vraiment, pas du tout." Quand j’ai envie de voir un match, je le regarde à la télé avec une bière à la main. Mais je ne suis jamais retourné au Stadium." Puis de se reprendre : "Ah si, j’y suis allé une fois, pour les finales territoriales." Originaire de la région toulousaine, et passé par Colomiers, Aurillac, Albi et Toulon avant de débarquer à Brive en 2009, il est donc resté en Corrèze - "cela s’est fait naturellement" - où il a entamé sa reconversion. Aujourd’hui, Guillaume Ribes est un menuisier heureux et épanoui. "Je suis tourneur-fraiseur de formation et il y a quelques ressemblances avec le métier de menuisier. Pour le fer, on bosse sur une fraiseuse et, pour le bois, sur une toupie. Mais ce sont pratiquement les mêmes machines. Et sur le dessin industriel, c’est la même chose, j’avais déjà des bases."

Apprenti dans un premier temps

Mais comment lui est venue l’idée de "se recycler" dans ce domaine ? C’est d’abord par l’intermédiaire de Didier Bécot, patron de la menuiserie dans laquelle travaille aujourd’hui Guillaume Ribes et amoureux du club noir et blanc de longue date. Les deux hommes étaient amis et se côtoyaient, notamment à la chasse, l’autre grande passion de l’ancien talonneur. "Quand j’ai dit stop, Didier m’a proposé d’aller l’aider un peu sur des chantiers, raconte-t-il. à ce moment-là, je touchais le chômage et je regardais ce que j’allais faire par la suite. Puis il cherchait quelqu’un et cela a été vite réglé. Le fait de bien le connaître m’a sûrement aidé dans mon choix. Je me suis lancé avec lui." Dans un rôle d’apprenti dans un premier temps. "Désormais, je suis employé mais il a d’abord fallu passer par une formation pour toucher les machines. J’ai donc effectué un contrat de professionnalisation pendant une période de dix semaines." Et, s’il n’est pas non plus question de parler d’une révélation, l’exercice a tout de suite séduit celui qui était déjà artisan dans l’âme. "C’est très simple : si cela ne m’avait pas plu, je ne l’aurais pas fait. Après ma carrière de joueur, il me restait environ trente ans à travailler. J’ai du mal à croire qu’on peut passer autant de temps dans un métier qui ne nous plaît pas." Lui savait de toute façon qu’il exercerait une profession manuelle. "Ah! oui, quand j’ai commencé à penser à l’après-rugby, c’était une évidence. Je suis petit-fils de paysan et fils d’employé agricole. Même lorsque je jouais, j’ai toujours été manuel et eu pour habitude de bricoler. J’ai par exemple fait ma maison tout seul ou rénové celle de ma famille. Et il fallait que je sois dehors !" Alors, il est presque un euphémisme de dire que Guillaume Ribes a trouvé sa nouvelle voie dans le bois. "Ce que j’aime, c’est que tout ce que réalise un menuisier se voit. C’est vraiment un plaisir particulier de faire de belles choses de tes propres mains. Je suis attaché au résultat et j’ai envie que ce soit joli. Quand les gens sont contents et vous disent que vous avez bien travaillé, je vous assure que c’est très agréable. Moi, je veux faire marcher mes mains et ma tête car il faut également bien réfléchir en amont. Tracer un escalier sur un plan puis le créer ensuite, c’est quelque chose de spécial quand même."

"La mamie avait fait à manger pour dix !"

Au-delà du plaisir engendré par l’action de façonner, Ribes apprécie l’ambiance dans laquelle il évolue aujourd’hui. "Dans le bâtiment, on retrouve une mentalité singulière, finalement proche de celle d’un vestiaire de rugby, assure-t-il. Il y a beaucoup de camaraderie. Nous sommes tous pareils et il n’y en a pas un qui pète plus haut que son c.. Il faut avouer qu’on aime bien manger et boire un coup ensemble." Là encore, il s’avère que Ribes est de ceux qui ont toujours su exploiter ces moments de convivialité lorsqu’il était encore joueur, même s’ils devenaient plus rares. Pour lui, comme pour certains de sa génération, c’est exactement ce qui soudait un groupe et lui donnait l’occasion de renverser des montagnes pourtant bien plus grandes, comme Brive a su le magnifier avec sa bande de potes pendant de longues années.

Voilà pourquoi cette atmosphère lui convient tant dans son milieu actuel. "Dès mes premiers chantiers, les clients me gardaient à table le midi. Nous bossons souvent dans les campagnes (l’entreprise est basée à Sainte-Féréole, un village situé à une dizaine de kilomètres de Brive, N.D.L.R.) et l’état d’esprit y est réellement chaleureux. Je me souviens d’une mamie à la ferme, au début, qui avait fait à manger pour dix ! Souvent, on m’invite aussi à boire le café. Il y a cet aspect humain et bienveillant. On n’est pas à la chaîne et on n’a pas le couteau sous la gorge pour atteindre son quota. Maintenant, j’ai assez de maîtrise dans ce que je fais pour être autonome; j’ai donc mon propre camion et cela ne me dérange pas de travailler seul sur un chantier, avec ma radio à côté. Au rugby, déjà, j’avais besoin de ces instants d’isolement. Là, c’est pareil."

Leader de combat de la troupe briviste durant presque une décennie, il a toutefois laissé une trace indélébile en Corrèze et les gens le reconnaissent souvent, ce qui donne lieu à des situations amusantes. "Que ce soit chez les clients ou chez les artisans, surtout quand j’ai démarré, il m’est arrivé d’observer les gens discuter entre eux puis me dire : "Mais t’es menuisier maintenant ?" C’est sympa. Au bout d’un moment, il n’y a que des personnes qu’on connaît. Puis je suis quelqu’un qui aime bien plaisanter et qui met vite les autres à l’aise." Une certitude : s’il a longtemps été sur le pré, son bonheur est aujourd’hui dans le bois.

"Dans le bâtiment, on retrouve une mentalité finalement proche de celle d’un vestiaire de rugby. Il y a beaucoup de camaraderie. Puis on aime bien manger et boire un coup ensemble."

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