Béziers, le feuilleton de l’été

  • Robert Ménard (maire de Béziers) devant les supporters du club
    Robert Ménard (maire de Béziers) devant les supporters du club Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito de Léo Faure... L’histoire est chaque jour un peu plus invraisemblable. Dans le grand fait-tout du rugby biterrois se touille une aventure de bande dessinée : un prince des Emirats Arabes Unis, paraît-il ; un ancien ailier international, poing levé, hasta la victoria siempre ou presque ; deux présidents insultés et qui le rendent bien, un actionnaire omnipotent, un sauveur sans le sous, un maire désabusé, une révolution fomentée dans une cave, une contre-révolution finalisée autour d’une bonne table de la ville. Beaucoup de gens bavards, et trop. Des rebondissements, chaque jour. Des effets de théâtre, pour tenir le lecteur en haleine. Des accusations en escroquerie. De la trahison et des mensonges, surtout. De ça, il y en a dans tous les strips de ce comics tragicomique.

L’histoire, seule, mériterait déjà une adaptation cinéma. Un bon film français des sixties, façon Verneuil ou Lautner. À Béziers, depuis deux semaines, les tontons sont partout en ville et flinguent à chaque coin de rue.

Là où l’aventure est plus folle encore, c’est qu’elle supporte son lot de théories du complot. Dont certaines, il faut bien le dire, apparaissent tout sauf farfelues.

C’est une autre guerre froide qui se joue en territoire biterrois. Un front qui n’a plus rien d’Héraultais et doit se concevoir, désormais, comme le lieu de règlements de compte nationaux. Par exemple, on donne ici une énième bataille de l’axe Toulouse-Paris. Bouscatel-Dominici trois ans après Laporte-Novès. Pour la romance, ça a de la gueule.

Ce n’est pas tout. À l’ASBH, c’est aussi un nouvel affrontement indirect (c’est le principe d’une guerre froide…) entre LNR et FFR qui s’écrit. Dominici est proche de Laporte, Bouscatel de Goze. Dans l’ombre, cette éternelle tension du rugby français rôde. Chacun a travaillé pour sa paroisse, en sous-main. Voilà de quoi alimenter bien du fantasme.

La vérité, factuelle, c’est que l’entente Bouscatel-Angelotti a repris l’initiative sur le club et, désormais, possède tous les atouts dans sa main pour la garder. Comment ont-ils procédé ? En maîtrisant le temps. En sortant du bois très tard mais très fort, accélérant subitement l’horloge des négociations pour prendre de vitesse le clan Dominici qu’ils faisaient justement languir, depuis plusieurs semaines. Injuste ? C’est du business, pur et dur. Pas de place aux cadeaux. Pas mieux pour les sentiments.

Dans l’affaire émotionnelle, on regrettera toutefois deux choses : de ne jamais savoir, au bout de ce long chemin, si l’argent des Emiratis aurait bel et bien été versé sur un compte en France et si le projet Dominici, dans toute sa démesure, aurait réellement pu sortir de terre.

On regrettera surtout cette rupture consommée du peuple biterrois avec son club. L’épisode 2020 laissera des traces indélébiles à l’ASBH, un club aux relations internes déjà franchement tumultueuses. Ce n’est pas dans ses structures que Béziers souffre le plus : c’est dans l’image déplorable de déchirement public qu’il a pu renvoyer. Au grand jeu du business, les supporters sont les grands perdants. Un tel club ne devrait jamais sombrer dans pareil spectacle. 

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Les commentaires (1)
STaddict Il y a 3 années Le 28/06/2020 à 14:43

Les dirigeants de l’AS Béziers vont entrer en négociations exclusives avec les investisseurs émiratis, représentés par Christophe Dominici, intéressés par un rachat, a annoncé, samedi 27 juin, le club de Pro D2.

« Les deux parties se sont rencontrées à Paris pour discuter de l’avenir de l’AS Béziers Hérault, dans un climat apaisé et constructif », écrit le club dans un communiqué.

« Durant cette réunion, les actionnaires actuels ont pu être rassurés sur l’identité des investisseurs et leur capacité financière. Dans le même temps, les comptes financiers du club sont apparus sincères et rassurants. Les deux parties ont sollicité leurs conseils afin de rédiger, dans un bref délai, un protocole d’accord, tout en entrant dans une période d’exclusivité », poursuit le club.

Vendredi, l’actionnaire majoritaire de l’ASBH Louis-Pierre Angelotti a renoncé à son projet de reprise du club, rouvrant la voie au rachat par les investisseurs émiratis et Christophe Dominici. M. Angelotti avait dit avoir « subi de graves injures et des menaces inacceptables et insupportables ».

Le club avait annoncé mardi que le projet de reprise porté par M. Angelotti, associé à l’ancien président du Stade Toulousain Jean-René Bouscatel, avait été retenu. Dans la foulée, le maire de la ville, Robert Ménard, s’était dit « étonné » et avait annoncé son intention de réunir « tout le monde autour d’une table ».

Dominici, ancien international du XV de France, a de son côté affirmé vouloir « monter une grande équipe, avec des acteurs nationaux et internationaux ».

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