Béziers, le feuilleton de l’été
L'édito de Léo Faure... L’histoire est chaque jour un peu plus invraisemblable. Dans le grand fait-tout du rugby biterrois se touille une aventure de bande dessinée : un prince des Emirats Arabes Unis, paraît-il ; un ancien ailier international, poing levé, hasta la victoria siempre ou presque ; deux présidents insultés et qui le rendent bien, un actionnaire omnipotent, un sauveur sans le sous, un maire désabusé, une révolution fomentée dans une cave, une contre-révolution finalisée autour d’une bonne table de la ville. Beaucoup de gens bavards, et trop. Des rebondissements, chaque jour. Des effets de théâtre, pour tenir le lecteur en haleine. Des accusations en escroquerie. De la trahison et des mensonges, surtout. De ça, il y en a dans tous les strips de ce comics tragicomique.
L’histoire, seule, mériterait déjà une adaptation cinéma. Un bon film français des sixties, façon Verneuil ou Lautner. À Béziers, depuis deux semaines, les tontons sont partout en ville et flinguent à chaque coin de rue.
Là où l’aventure est plus folle encore, c’est qu’elle supporte son lot de théories du complot. Dont certaines, il faut bien le dire, apparaissent tout sauf farfelues.
C’est une autre guerre froide qui se joue en territoire biterrois. Un front qui n’a plus rien d’Héraultais et doit se concevoir, désormais, comme le lieu de règlements de compte nationaux. Par exemple, on donne ici une énième bataille de l’axe Toulouse-Paris. Bouscatel-Dominici trois ans après Laporte-Novès. Pour la romance, ça a de la gueule.
Ce n’est pas tout. À l’ASBH, c’est aussi un nouvel affrontement indirect (c’est le principe d’une guerre froide…) entre LNR et FFR qui s’écrit. Dominici est proche de Laporte, Bouscatel de Goze. Dans l’ombre, cette éternelle tension du rugby français rôde. Chacun a travaillé pour sa paroisse, en sous-main. Voilà de quoi alimenter bien du fantasme.
La vérité, factuelle, c’est que l’entente Bouscatel-Angelotti a repris l’initiative sur le club et, désormais, possède tous les atouts dans sa main pour la garder. Comment ont-ils procédé ? En maîtrisant le temps. En sortant du bois très tard mais très fort, accélérant subitement l’horloge des négociations pour prendre de vitesse le clan Dominici qu’ils faisaient justement languir, depuis plusieurs semaines. Injuste ? C’est du business, pur et dur. Pas de place aux cadeaux. Pas mieux pour les sentiments.
Dans l’affaire émotionnelle, on regrettera toutefois deux choses : de ne jamais savoir, au bout de ce long chemin, si l’argent des Emiratis aurait bel et bien été versé sur un compte en France et si le projet Dominici, dans toute sa démesure, aurait réellement pu sortir de terre.
On regrettera surtout cette rupture consommée du peuple biterrois avec son club. L’épisode 2020 laissera des traces indélébiles à l’ASBH, un club aux relations internes déjà franchement tumultueuses. Ce n’est pas dans ses structures que Béziers souffre le plus : c’est dans l’image déplorable de déchirement public qu’il a pu renvoyer. Au grand jeu du business, les supporters sont les grands perdants. Un tel club ne devrait jamais sombrer dans pareil spectacle.
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