Sans arme, ni haine, ni violence

Par Rugbyrama
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    Sans arme, ni haine, ni violence. Icon Sport
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Avec un rien de bonne volonté, il y a trois mois, nous aurions tous pu proposer une issue similaire : vous, moi ou un profane aux choses du rugby. Sans en passer par un Conseil d’État ni la menace d’une mise à mort pure et simple de l’adversaire. Sans vagues, sans houle, sans heurts. « Sans arme, ni haine, ni violence » avait signé Spaggiari sur le mur du coffre de banque qu’il venait de fracturer, à Nice en 1976.

En lieu de rugby, la méthode douce aurait évidemment été la plus productive. En discutant simplement, sur le concret de la situation : World Rugby étendait la fenêtre internationale, dans laquelle la FFR voulait positionner six matchs sans en avoir le droit légal. La LNR, forte du texte de loi en sa faveur, n’y était finalement pas si fermement opposée qu’elle a bien voulu le dire, dès lors que des contreparties jugées justes lui étaient concédées. Que fait-on, alors ? On discute, on négocie et on trouve un point d’équilibre. Il aura fallu à chacun trois mois pour s’y plier.

Sur le sujet, la FFR a voulu passer en force, à l’encontre du bon sens. La LNR, elle, a politisé un sujet qui aurait dû rester à la seule discrétion du sportif. C’est ici le grand drame de ce dossier : une question sportive, de gestion des joueurs, aurait dû être seulement débattue entre entraîneurs du Top 14 et du XV de France. Les présidents des deux camps, à leur bonne place, auraient été au bout de la chaîne, seulement là pour acter l’accord dans les textes. Ils se sont finalement emparés de la question, ont relayé le sportif au second plan et ont fait de ces tests-matchs d’automne une question politique. Le début de la fin. Comment sont-ils sortis de l’impasse dans laquelle ils s’étaient mis seuls ?

Mercredi, quand la discussion avait enfin repris cours entre LNR et FFR, un entraîneur de Top 14 enrageait. « Ce sont des enfants, au sens propre : ils s’engueulent, se battent jusqu’à ce qu’un adulte arrive et crie plus fort qu’eux. Alors tout le monde baisse la tête et se calme. » C’est effectivement ce qu’il s’est passé, en début de semaine : d’une escalade sans fin des menaces, pendant le week-end, on a basculé sur des discussions « constructives et apaisées » mercredi. L’autorité du ministère - le seul adulte de l’affaire ? - était passée par là.

Observateur attentif et légèrement gêné du théâtre de l’absurde qui se jouait à la tête du rugby français, le ministère des Sports est monté au front. Fin de la récréation et tout le monde sommé de se mettre autour d’une table pour trouver une issue enfin digne. Plus qu’une sommation, d’ailleurs : une injonction. Voilà comment, après les pires noms d’oiseau, les compliments revenaient soudain mercredi, comme par miracle : « Tout le monde a bien travaillé, dans un climat a. Il faut s’en féliciter. » 48 heures plus tard, les dirigeants du rugby français étaient en passe de trouver l’issue d’une crise exacerbée par trois mois de tranchées. Enfin. Place au sport.

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