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Teisseire : « Christophe, c’était un cheval fou »

Par Pierrick ILIC-RUFFINATTI
  • Dix jours après le décès de Christophe Dominici, l’émotion était toujours palpable chez ses proches et le monde du rugby, lors de ses funérailles qui ont eu lieu ce vendredi à Hyères.
    Dix jours après le décès de Christophe Dominici, l’émotion était toujours palpable chez ses proches et le monde du rugby, lors de ses funérailles qui ont eu lieu ce vendredi à Hyères. Photos PIR.
Publié le Mis à jour
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"Ami de 40 ans" de Christophe Dominici, il était de ses proches qui ont porté le cercueil de l’international tricolore sur le parvis de l’église Saint-Louis. Entre émotion et souvenirs, l’ancien arrière du RCT nous conte son "Christophe".

Quand avez-vous connu Christophe Dominici ?

Nous étions tous les deux de Solliès-Pont, et même s’il était d’un an mon aîné, nous nous sommes suivis à la maternelle, en primaire et au collège. Nous n’étions pas dans les mêmes classes, mais entre l’école et le foot, nous n’étions jamais loin l’un de l’autre. Christophe, je l’ai toujours connu. Et même si avec les années on se voyait moins régulièrement, quand on se croisait la joie était immense. C’était l’un de mes plus vieux amis… Un ami de 40 ans…

Est-ce que comme tous les "grands", il vous a parfois embêté ?

Ouh la non, il m’a toujours pris sous son aile. Et je vous assure que plus jeune j’étais content d’être son pote. Les autres morflaient souvent (rires).

À ce point ?

Il a toujours fait en sorte qu’on ne m’embête pas. Au collège, un grand de son quartier faisait un peu le mariolle et m’avait volé mon vélo. Je ne sais pas comment Christophe l’a appris, mais le soir même je recevais un coup de fil à la maison : "Patrice, j’ai récupéré le vélo, je te le rends demain." Je ne sais pas ce qu’il a fait, mais on ne me l’a plus jamais piqué. Christophe a toujours été bienveillant à mon égard. S’il t’aimait bien, tes problèmes devenaient vite les siens…

Vous étiez déjà au RCT, lorsqu’il débarque en 1993. S’est-il immédiatement imposé ?

Non, la première année a été difficile : il jouait peu sous Jean-Claude Ballatore, et ne le vivait pas forcément bien. Il y avait de bons joueurs, et lui devait comprendre les codes de ce sport…

C’est-à-dire ?

Il était rugueux, ne venait pas du rugby et il s’en moquait un peu de savoir qui était en face. Il connaissait les joueurs de Toulon de nom, mais il n’avait pas cette culture des anciens, alors s’il fallait les retourner, ça ne lui posait aucun problème. Christophe, c’était un cheval fou, il n’avait peur de personne, ne portait aucun intérêt à la réputation des "méchants" et ne faisait pas toujours la différence entre les entraînements et les matchs (sourire).

A-t-il directement tout mis en œuvre pour devenir l’immense joueur qu’il est devenu ?

Pas franchement : au début il fumait des clopes avant l’entraînement, faisait la bringue et pas grand monde ne croyait en lui. Nous, les joueurs, on voyait bien qu’il avait du feu dans les jambes, mais il a dû apprendre à se canaliser, a dû assimiler son potentiel et une fois qu’il a franchi ce cap, c’est devenu un joueur incroyable. C’était une étoile filante : quand il partait, il était intouchable.

Vous a-t-il parfois fait des misères ?

En 1995, je m’étais fait opérer de l’épaule, j’avais pris un rouge pour coup de poing, Jérôme Bianchi était revenu et je ne jouais jamais à mon poste, l’arrière. Saison galère… Finalement je dois démarrer en 15 contre Brive. Une aubaine. Je m’entraîne comme un dingue toute la semaine, sauf que Domi arrive en retard à l’entraînement du vendredi. Manu Diaz donne alors sa compo : "Domi tu passes sur le banc, Jé tu prends le 15 et Patrice tu glisses l’aile." Et le pompon : je tire Cédric Heymans, qui avait 18 ans et qui pédalait comme un dingue. J’ai attrapé Domi, je lui ai dit : "Oh con, tu fais chier Domi, j’allais enfin jouer 15, tu ne pouvais pas arriver à l’heure ?" (rires).

Était-il un habitué des retards ?

Pas plus que les autres, on a tous été pris dans les bouchons une fois ou deux. Sauf que lui, ses excuses étaient immenses : une partie de cartes, un tournoi de boules…

Un tournoi de boules ?

C’était encore Jean-Claude le coach, et au bout de cinq minutes il se rend compte que Domi manque à l’appel. "Les mecs, il est où Christophe ?" Sauf que moi j’étais parti de Solliès, j’avais bien vu qu’il y avait un tournoi de boules et que Christophe était engagé… Le problème c’est qu’il avait gagné les tours précédents, et qu’à l’heure de l’entraînement, il devait encore mettre des carreaux. Il devait se dire que ce n’était pas si grave, surtout qu’il jouait peu, alors il n’allait certainement pas abandonner sa doublette (rires). Avec les années, il a pris conscience de son potentiel et ne faisait plus ce genre de trucs.

Et en dehors du terrain ?

On a fait quelques bringues, des repas en semaine pour s’échapper du rugby. Les troisièmes mi-temps, on n’en manquait pas beaucoup. On essayait d’être bons sur les deux premières, et je peux vous assurer qu’on excellait sur la troisième. Putain… ça fait chier quand même…

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