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Les cinq coups de pression du ministère à la FFR

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    Les cinq coups de pression du ministère à la FFR Icon Sport
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Invitée de BFM TV vendredi soir, la ministre des sports Roxana Maracineanu est revenue sur la crise sanitaire qui frappe le XV de France, en plein Tournoi des 6 nations. Elle en a profité pour placer les dirigeants de la Fédération face à leurs responsabilités.

1. Dérogations : La menace d’une peine capitale

Le ministère des Sports a le pouvoir de retirer la dérogation octroyée au XV de France pour le tournoi. Mais peut-on vraiment y croire ?

La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, ancienne championne du monde de natation, espère qu’elle aura reçu l’enquête de la FFR en milieu de semaine. Si les conclusions font penser à une série de fautes commises de la part des responsables fédéraux, elle sera en droit, en accord avec le ministère de la Santé, de retirer au XV de France la dérogation qui lui avait été octroyée en janvier, soit au moment où la flambée de l’épidémie inquiétait le plus le gouvernement français. Une décision qui mettrait un terme à l’aventure des Bleus dans le Tournoi des 6 Nations en cours et qui, par ricochet, mettrait même en péril la tenue d’une compétition apte à générer 100 millions d’euros pour les six fédérations engagées. Mais en arrivera-t-on réellement là ? Samedi soir, une source au ministère nous concédait : « Si une infraction au protocole sanitaire est relevée dans l’enquête fédérale, cela n’est pas un délit dans le sens où il n’existe aucun cadre légal entourant ce genre de faute : il ne peut donc y avoir ni amende, ni peine de prison. Le seul levier du gouvernement concerne donc la dérogation et c’est ce qu’a probablement voulu rappeler la ministre, vendredi soir… » D’ici à ce que le XV de France soit contraint de déclarer forfait pour le Tournoi des 6 Nations, il semble donc y avoir un monde.

Roxana Maracineanu (sur BFM TV) : « Au ministère des Sports, nous avons autorisé les joueurs (du XV de France) à voyager et aussi à s’entraîner sous certaines conditions. Nous avons donné une autorisation, nous pouvons aussi retirer cette autorisation. »

2. Exemplarité : Le test « rugby » a foiré

Le rugby devait servir de modèle pour permettre autres disciplines sportives de sortir de l’impasse. Raté.

En accordant une dérogation à la sélection tricolore, les ministères des Sports et de la Santé avaient fait un cadeau précieux au rugby français et, en retour, demandaient une certaine exemplarité à l’ovale hexagonal. Verdict ? Le foyer épidémique détecté dans le XV de France est une chose. Celui de France à 7, des moins de 20 ans en stage à Faro (Portugal) et, auparavant des féminines à l’automne ont agacé en haut lieu (doux euphémisme). C’est ce qu’a tenu à souligner Roxana Maracineanu vendredi soir, sur l’antenne de BFM TV. En clair, le rugby devait servir de guide, avoir valeur de test pour d’autres sports, certes moins médiatiques, mais courant après le même type de dérogation. Et ce test, la balle ovale l’a bel et bien foiré…

Roxana Maracineanu (sur BFM TV) : « Nous avons fait une exception pour des sportifs, pour une organisation et j’y tenais beaucoup. Ils se sont engagés à un certain protocole. Quand ils se sont engagés, ce n’est pas seulement pour le rugby. C’est aussi pour le reste du sport, pour le reste des tournois qui se tiennent ailleurs, que nous devons, tous collectivement être en responsabilité. »

3. Flou médical : La communication se brouille sur le patient 0

Sur les impératifs validés par écrit à propos de la bulle sanitaire comme sur le patient 0, les communications de la FFRont souvent varié.

C’est un quiproquo de communication qui a contribué à faire exploser la bulle, la semaine dernière. La bulle de l’omerta, cette fois, plus que la bulle sanitaire. Au moment des premiers cas positifs à la Covid-19 dans le groupe France, l’hypothèse d’une contamination par France7, qui était présent aux entraînements, fait jaser. Plus loin, c’est le cas de Fabien Galthié qui interroge. De l’avis de plusieurs, le sélectionneur aurait quitté à plusieurs reprises la bulle sanitaire, sur laquelle son employeur (FFR) s’était pourtant engagé par écrit auprès du ministère des Sports, afin d’obtenir le droit de disputer le Tournoi des 6 Nations. L’information sort, la FFR dément. Mais l’incendie prend. Pour tenter de l’éteindre, Serge Simon affirme, dans nos colonnes lundi dernier, que « le patient zéro, on le connaît : c’est notre préparateur physique ». Une communication mal vécue en interne, qui fut démentie les jours suivants. Un flou artistique qui a le don d’énerver, au ministère, qui a ici l’impression d’être promené. Surtout, dans les différentes interventions médiatiques, les versions changent et personne à la FFRne semble véritablement maîtriser les engagements sanitaires. Une légèreté qui n’arrange rien.

Roxana Maracineanu (sur BFM TV) : « La FFR était venue nous voir avec un protocole sérieux, qui promettait que les sportifs restent dans une bulle, le staff aussi, avec des conditions d’entrée et de sortie de la bulle très strictes. J’ai envoyé un courrier pour que la FFR mène une enquête interne pour remonter les informations. […] Pour l’instant, le patient 0, il a changé trois fois. »

4. Laporte au front : Le président sommé de reprendre la main

En retrait sur ce dossier dont il n’a pas la charge, le président de la FFR est identifié par la ministre comme celui qui devra rendre des comptes.

Bernard Laporte, dans les faits, n’est pas en charge du dossier qui explose aujourd’hui à la tête du XVde France. Il n’est ni en prise directe sur la gestion des équipes de France, ni en responsabilité sur la gestion du protocole sanitaire. Sur ces deux dossiers, c’est son ami et fidèle bras droit, Serge Simon, qui est dans le concret : l’ancien pilier cumule les casquettes de vice-président en charge des équipes de France et de « Covid-manager » en charge de gérer et mettre en place la bulle. Pourtant, depuis quatre jours, c’est bien Bernard Laporte qui est revenu en première ligne, sur le front médiatique où il monte au créneau pour défendre ses hommes. Sur le front politique, aussi, il a été sommé par la ministre de reprendre la main. C’est ici le statut hiérarchique qui fait foi: Laporte est le président, il devra assumer pour les autres. Il risque, au passage, de prendre les éclats d’un obus qui ne lui étaient initialement pas destiné. Laporte, enfin, revient au front sur le sportif. Vendredi, alors que les joueurs s’apprêtaient à rentrer dans leur club, c’est lui qui a pris la parole.

Roxana Maracineanu (sur BFM TV) : « Serge Simon, effectivement, nous tient au courant depuis que ce « cluster » s’est manifesté en équipe de France. Mais je préférerais que ce soit la personne venue nous présenter le protocole qui m’en atteste, c’est-à-dire le président FFR. Et pas Serge Simon. J’attends des retours de la part du président de la fédération. C’est lui qui est responsable et qui assume la tenue de ce Tournoi. »

5. Sanctions : La révolution pourrait attendre

SI le ministère hausse le ton, Bernard Laporte répète sa fidélitéà Serge Simon et Fabien Galthié.

La pression politique s’est faite plus forte, ces derniers jours. Jusqu’ici, la ministre Roxana Maracineanu, qui cache difficilement son agacement, se contente toutefois d’un discours d’attente : « J’ai envoyé un courrier pour que la FFR mène une enquête interne, pour me faire remonter des informations. L’ARS locale va aussi les aider, pour qu’on puisse remonter la chaîne de contaminations. […] J’attends les infos qui me seront données par la FFR. » Si le ton monte, on semble encore loin de sanctions qui mèneraient à une révolution interne, à la Fédération.
Dans ses interventions médiatiques comme dans le secret de Marcoussis où il est récemment intervenu devant les joueurs, le staff ainsi que les dirigeants du XV de France, Bernard Laporte ne lâche pas un pouce de terrain. Il répète à qui veut l’entendre son message de soutien infaillible à Fabien Galthié, notamment, aujourd’hui au cœur de la tempête comme celui qui aurait rompu la bulle sanitaire. Idem pour Serge Simon, qu’il a toujours soutenu contre vents et marées.

Roxana Maracineanu (sur BFM TV) : « Quand il y a des erreurs, il faut assumer ses erreurs. »

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