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Lopez : « C’est déjà un miracle que nous soyons en quarts »

  • Le joie des joueurs clermontois après la transformation réussie de Camille Lopez qui offre la victoire aux Auvergnats contre les Wasps.
    Le joie des joueurs clermontois après la transformation réussie de Camille Lopez qui offre la victoire aux Auvergnats contre les Wasps. MB Media / Icon Sport - MB Media / Icon Sport
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À quelques jours du quart de finale européen entre Clermont et le Stade toulousain, le capitaine de l’ASM se livre sans langue de bois sur la forme du moment des deux équipes, assurant qu’il n’y a à l’heure actuelle « pas photo entre le Stade et l'ASM ». Un constat lucide, mais également de nature à lui faire endosser le confortable costume de l’outsider au moment de retrouver Romain Ntamack et les siens, dans un drôle de duel entre générations...

Commençons par revenir sur le scenario de votre huitième de finale. Avez-vous pris le temps de l’apprécier, ou vous êtes-vous rapidement focalisé sur les insuffisances de votre prestation face aux Wasps ?

Le premier sentiment, c’était évidemment un gros mélange d’émotions fortes et le bonheur de continuer cette aventure. Dans un match de phases finales, il n’y a que le résultat dont on se souvient, alors on était très heureux d’avoir pu faire tourner le tableau d’affichage en notre faveur. D’autant plus que cette saison, plusieurs matchs nous avaient échappés de la sorte, où nous avions été coiffés sur le poteau après avoir mené tout le match. Pour une fois, c’était bien de voir que le sort nous a été favorable... Ceci étant, après le match, personne n’était dupe de la réalité de notre prestation, et tout le monde était bien conscient de l’importance de hausser très vite notre niveau.

Ceci étant, vous vous retrouvez en quarts de finale, ce que personne n’aurait imaginé après votre défaite à domicile face au Munster le 19 décembre dernier (31-39). Le savourez-vous d’autant plus, qui plus est après les malheurs subis par une équipe comme Toulon le week-end dernier ?

La compétition est complètement différente de ce que nous avons pu imaginer ou connaître par le passé, c’est une évidence. Être qualifié après deux matchs de poule tout en ayant perdu à domicile, ça peut paraître improbable... Mais puisqu’on a la chance d’y être, il faut en profiter, parce que ces moments restent jouissifs. Bien sûr qu’on joue dans des stades vides, mais comme vous l’avez fait remarquer, on a bien vu ce qui est arrivé à Toulon, dont le match a été perdu pour un seul cas de covid… Tout ce qui se présente, il faut en profiter, parce qu’on ne sait pas ce qui peut arriver demain. On a la chance de pouvoir continuer à travailler, de ne pas être confiné, il faut simplement s’en rendre compte et en profiter pour tout lâcher.

Le tirage au sort vous permet de retrouver le Michelin ce week-end… Mais avec les huis clos, on a l’impression que le fait d’évoluer à domicile devient plus un inconvénient qu’un avantage...

C’est pratiquement vrai tous les week-ends en championnat et ça l’est encore plus en Coupe d’Europe. On ne peut pas dire qu’on est avantagé quand on joue à l’extérieur, mais on ne l’est plus du tout en jouant à domicile. Pour avoir eu la chance de disputer plusieurs quart de finale de Coupe d’Europe dans un Michelin à guichets fermés, je sais l’avantage que cela pouvait procurer. Ce n’est plus le cas et dans un sens tant mieux, car on ne sait pas ce qui aurait pu arriver la semaine dernière avec du public dans le stade des Wasps. On commence à être habitué à ce genre de contexte, il faut continuer à faire avec. C’est triste à dire, mais c’est devenu notre réalité.

L’avantage de jouer à domicile n’existant plus, vous est-il vexant d’entendre que le Stade toulousain semble le favori logique de ce quart de finale ?

Non, ce n’est en aucun cas vexant, puisque c’est la réalité du moment. Depuis deux ou trois ans maintenant, le Stade toulousain maîtrise à 100 % son sujet, que ce soit en Coupe d’Europe ou en Top 14, et nous sommes loin d’être aussi réguliers. Aujourd’hui, entre les deux équipes, il n’y a pas photo. Mais on ne va pas s’annoncer perdant pour autant et s’envoyer à 2000 %. Pour se hisser à la hauteur de notre adversaire, pour faire un grand match de rugby, et surtout pour rendre fier le peuple jaune et bleu qui continuera à nous encourager derrière ses écrans.

Largement renouvelé et privé de Timani depuis quelques semaines, votre pack apparaît finalement peu expérimenté par rapport à celui du Stade. Sa capacité à rivaliser sera-t-il a clé du match ?

On connaît la qualité des trois-quarts du Stade toulousain, mais il est vrai que sa grande force aujourd’hui, c’est en premier lieu la profondeur de son effectif au niveau du pack. Leur paquet d’avants compte énormément de joueurs de grande qualité et de grande expérience. Devant, nous avons nous aussi beaucoup de qualités, probablement moins d’expérience… Ce sera un énorme challenge. Je suis désolé de vous resservir la phrase bateau de tous les vieux briscards, mais si on la répète tout le temps, c’est parce que c’est la réalité de ce sport : le rugby commence devant. Et ça, c’est vrai aussi bien en Coupe d’Europe, qu’en Fédérale ou en Série. Quel que soit le niveau, la première guerre, elle se situe au niveau des packs. Et le combat qui nous attend dimanche s’annonce énorme, puisqu’on a bien vu ce que le pack de Toulouse a réalisé au Munster…

Alors que vous sembliez avoir retrouvé une régularité sur 80 minutes avant la dernière trève, vous avez manqué vos deux dernières entames de match à Paris et Coventry...

(il tranche) On a forcément évoqué le sujet. Plus le niveau augmente, plus les matchs se jouent sur de détails et il est important de ne faire aucun cadeau à l’adversaire. Le week-end dernier, nous en avons beaucoup trop fait et nous avons la chance d’être passés, mais ça ne se reproduire pas ce week-end. Alors, après avoir produit des entames aussi catastrophiques à Paris ou chez les Wasps, il s’agira de ne pas se tromper. Ni sur l’entame, ni sur les 80 minutes restantes. Sinon, on ne pourra rien espérer.

Le capitaine donnant l’exemple, ce discours s’adressera à vous dans un premier lieu...

(il sourit) Je l’ai dit devant tout le monde après le match la semaine dernière : le premier fautif dans notre entame face aux Wasps, c’était moi. Clairement. Je me fais contrer une fois, je rate un plaquage en suivant… On ne peut pas dire que j’ai mis l’équipe dans les meilleures conditions ! J’ai tout fait à l’envers… Heureusement, l’équipe a fourni un énorme boulot pour revenir, et j’ai pu les remercier à la fin sur cette transformation. Quand je dis qu’il ne faudra pas se rater sur l’entame, c’est un avertissement pour tout le monde, et pour moi le premier.

À ce sujet, vous avez été franchi à plusieurs reprises dans votre zone sur des lancements après touche.

Tous les week-ends, on a l’habitude d’être attaqué dans cette zone du terrain. Les Wasps nous ont bien analysé et ont été très performants sur leurs lancements, bravo à eux. Et à nous d’être plus consistants ce week-end.

N’avez-vous pas le sentiment d’être victime de vos qualités, et laissé un peu livré à vous-mêmes par vos partenaires connaissant vos qualités en défense ?

C’est sûr que sur ce 12, on n’aurait peut-être pas défendu pareil à une autre époque… Mais bon, ce n’est pas une excuse. C’est à moi de faire mon job, et je ne l’ai pas fait sur le coup puisque j’ai manqué mon plaquage.

Concernant votre prestation, on vous a trouvé plus apaisé et donc plus efficace en tant que capitaine et de joueur lorsque Morgan est entré sur le terrain, qui vous a délesté de certaines responsabilités en termes de leadership, pour parler à vos coéquipiers ont effectuer des choix stratégiques...

Morgan, tout le monde connaît l’importance de sa parole. Elle l’a toujours été, elle le sera toujours, et c’est sûr que c’est appréciable de pouvoir compter sur des joueurs comme lui dans ce genre de fin de match. Après, pour répondre à votre question, j’essaie de tenir compte des sensations de tout le monde. Je ne veux pas être le genre de capitaine qui dit : « je décide, vous m’écoutez ». Ce n’est pas comme ça que je veux que cela marche… Face aux Wasps, j’ai été à l’écoute des sensations des gros sur plusieurs pénalités. On a préféré aller en touche plutôt que prendre les points au pied, et on ne peut pas dire que cela a été des bons choix puisqu’on n’a pas marqué sur nos pénaltouches. Mais s’ils avaient marqué, qu’aurait-on dit ? Bravo, bon choix… C’est l’éternel débat. Comme je vous l’ai dit, je ne peux pas être à l’écoute de certains leaders et pas des autres. Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’espère que l’on prendra les bonnes décisions dimanche.

Au sujet du match de dimanche, on assistera à un choc des générations au niveau des charnières, entre la paire Dupont-Ntamack et la votre…

Avec Morgan, nos belles années sont davantage derrière nous que devant, c’est certain ! (rires) Ce sont nos derniers matchs de phases finales et on essaie d’en profiter au maximum, malgré le contexte, tout en tâchant d’être les plus performants possibles pour notre équipe. Après, on a forcément un regard particulier sur eux, et moi d’autant plus que j’ai eu la chance de les côtoyer lors de la dernière Coupe du monde au Japon.

Justement, quel regard portez-vous sur eux ?

Je peux surtout vous parler de Romain, puisqu’il évolue au même poste que moi. Mais bon, à son sujet, je ne vais rien vous apprendre.... C’est un joueur qui a toutes les qualités pour être le grand joueur qu’il est déjà, et qu’il va rester je l’espère pendant de longues années. Sans parler de ses qualités de pied et de mains qu’il démontre chaque week-end, je crois que son gros point fort réside dans sa maturité, qui est assez exceptionnelle à mes yeux. Pas sa froideur et sa lucidité, il m’impressionne vraiment. C’est forcément tout bon pour Toulouse, et surtout pour le XV de France.

Après être passé tout près du but à plusieurs reprises, cette campagne européenne est la dernière que vous menez avec Franck Azéma. S’agit-il d’un facteur de motivation supplémentaire ?

On m’a posé la question lors de notre dernière conférence de presse avant les Wasps. Un journaliste m’avait fait remarquer qu’il pouvait s’agir de notre dernier match de Coupe d’Europe avec Franck Azéma… Cela m’avait fait tilt mais honnêtement, dans la semaine, c’est quelque chose dont nous n’avions absolument pas parlé. Et c’est tant mieux, d’ailleurs. Il est heureux qu’avant de jouer un match de phases finales de Coupe d’Europe, on n’ait pas besoin de ça pour se motiver… Après, il est évident qu’on a vraiment envie d’aller au bout avec lui. On n’en a pas été loin en 2015 et en 2017, ce serait bien que notre aventure se termine comme ça.

Surtout après votre qualification improbable…

C’est vrai qu’entre les deux journées annulées pour cause de covid et le scenario de notre match contre les Wasps, c’est déjà un petit miracle que l’on soit encore en course ! On en est bien conscient… Après, quand on est en quarts de finale, on dit toujours la même chose quand : plus que trois matchs avant de gagner quelque chose. Le problème en Coupe d’Europe, c’est que ces trois matchs sont très, très compliqués…

À ce sujet, vous disputerez votre deuxième quart de finale de Coupe d’Europe à domicile sans la même saison ! Après la défaite dans le premier face au Racing en septembre (27-36), vous aviez expliqué ne pas être suffisamment préparé. Cette excuse ne vaudra plus dimanche...

C’est assez bizarre, comme constat, mais c’est vrai… Clairement, lors du quart de finale face au Racing, il n’y a aucun regret à avoir. Ils étaient préparés pour ce match, nous encore en rodage. Je ne sais pas ce qui va arriver ce week-end mais tout ce que je peux promettre, c’est que l’on fera tout pour montrer un meilleur visage et hisser notre niveau à la hauteur du Stade toulousain et d’un quart de finale de Champions Cup. Si on doit sortir, ce doit être sans regret, mais la tête haute.

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