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Demba Bamba : « Je veux devenir une référence à mon poste »

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Publié le Mis à jour
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À l’image du bon début de saison de son club Lyon, le pilier international est en pleine forme avant d’entamer la campagne internationale avec le XV de France.

Vous semblez actuellement dans la forme de votre vie. Comment l’expliquez-vous ?

J’ai vécu un exercice 2020-2021 assez compliqué. J’avais pourtant à cœur de confirmer, de m’imposer, de réaliser une très grosse saison. Mais la réalité, c’est que j’ai été rattrapé puis freiné par les blessures (touché aux cervicales en décembre, il a enchaîné avec deux déchirures aux ischio-jambiers début 2021). Cela dit, avec le recul, je pense que cela a été un mal pour un bien. Pendant cette période, j’ai appris à me reconcentrer sur moi-même, à mieux connaître mon corps. Cela m’a fait grandir, car j’ai tiré les leçons de me erreurs, et que j’en tiens désormais compte au quotidien dans la préparation.

Comment cela ?

Je ne me contente plus de travailler mes points forts, au contraire, je travaille de plus en plus mes points faibles. L’arrivée de Sébastien Bourdin m’a aussi fait du bien, je pense. Ça bosse très dur avec lui. Je sais désormais qu’on peut travailler beaucoup de choses, même sur la fatigue… (rires)

En quoi consistent les points faibles physiques que vous évoquiez ?

Ce n’est un secret pour personne, vu mon passif avec les blessures : j’ai des faiblesses au niveau des ischio-jambiers, également aux cervicales. Auparavant, lorsque je revenais de blessure, je travaillais plutôt un aspect au détriment de l’autre, et c’était une erreur. Aujourd’hui, je travaille sur toutes mes faiblesses en même temps. J’ai compris que ma carrière ne pourra durer qu’au travers d’un travail quotidien sur ces deux parties de mon corps.

Vous parlez de durer à haut niveau. Ne vous êtes-vous malgré tout pas posé des questions puisqu’à seulement 23 ans, vous avez déjà été opéré d’une hernie cervicale puis été écarté un mois des terrains en fin d’année dernière ?

Bien sûr que ça peut faire peur. Quand vous avez vingt ans, que vous jouez pilier et que vous vous faites opérer si jeune des cervicales, ça fait quand même flipper. Je sais pertinemment que, malgré tout le travail que je peux consentir, je ne suis pas à l’abri d’une rechute. Il faut que je me fasse à cette idée. Parfois, le matin, je me réveille avec des raideurs dans le cou, et je crois bien que ce sera le cas jusqu’à la fin de ma vie. C’est pourquoi il est d’autant plus important que je sois sérieux au quotidien.

Quid de vos ischio-jambiers ? Savez-vous d’où peuvent venir vos ennuis à répétition ?

Les ischios, je crois malheureusement que c’est génétique (sourire). Sur les images, les docteurs ne voient rien de particulier, mais mes fibres musculaires sont manifestement plus fragiles que chez certains. C’est pourquoi, là aussi, je sais que je dois faire attention. Si je ne fais pas attention à bien travailler, à avoir un bon sommeil, ça peut péter à tout moment. C’est pourquoi j’effectue toutes les semaines entre une et deux séances supplémentaires, parfois sur mes jours off. J’espère bien qu’à la longue, ce travail va payer…

Pour revenir à votre début de saison, vous semblez l’un des grands bénéficiaires des travaux qui ont doté Gerland d’une pelouse synthétique à l’intersaison…

Déjà, à l’origine, j’étais un peu habitué à évoluer sur cette surface car dans mes années jeunes à Brive, on évoluait souvent sur synthétique. J’aime beaucoup ce genre de terrain. Même si je sais pertinemment que cela est plus traumatisant pour les articulations, le synthétique amplifie les qualités d’appui et de vitesse, et cela me convient bien.

Dans le jeu courant évidemment, mais aussi sur mêlée, où votre tenue a l’air de s’être stabilisée avec ce changement de surface, ainsi qu’on l’a encore observé dimanche face à la doublette référence Baille-Marchand…

Oui, parce que ça glisse moins ! Sur synthétique, on n’est pas obligé de mettre les crampons plus longs qu’on doit utiliser sur une pelouse plus souple, et ça me va très bien.

Vous n’allez quand même pas nous dire que les piliers modernes jouent en crampons moulés ?

Non, quand même pas ! (rires) Mais disons que lorsque j’utilise des crampons de 18 voire de 21 sur un terrain classique, j’utilise plutôt du 16 sur synthétique. Du coup, comme je suis chaussé plus « doux », mes ischios souffrent moins… Cela crée un cercle vertueux, en fait… (rires)

Voilà un mois, vous avez fait l’objet d’insultes racistes sur les réseaux sociaux. Un sujet sur lequel vous vous êtes peu exprimé. Cela vous a-t-il affecté ?

D’abord, je tiens à dire que je n’ai pas vu directement le message en question. On m’a expliqué que cela attaquait ma famille, ma couleur de peau, tout ça… À titre personnel, c’était la première fois que j’avais à faire face à ce genre de situation. J’ai préféré en faire abstraction, et ça ne m’a pas perturbé plus que ça. On ne savait pas d’où cela venait, c’était un faux compte, peut-être créé par un gamin, on n’en sait rien… Il ne faut pas que le racisme se généralise, bien sûr, mais je n’ai pas voulu en rajouter. Tout ce que je voulais, c’était faire parler de moi pour mes performances sur le terrain, pas pour autre chose.

Justement, pour revenir au sport, ces propos inacceptables ont été proférés à l’issue d’un non-match à Pau qui a probablement constitué le tournant sportif de votre début de saison…

Oui, peut-être… Ce jour-là à Pau, j’étais sur le banc, mais je savais que le staff comptait me faire rentrer assez vite. Sauf que je me suis précipité, et que je n’ai pas fait les choses dans l’ordre. Je m’en voulais beaucoup, mais ce qui m’a le plus énervé, c’est que dans ces moments-là, tout le monde vient te voir pour te rassurer. Je sais bien que ça partait d’une bonne intention, mais ça m’agaçait qu’on me considère comme ça… Dès les matchs suivants, j’ai voulu démontrer que mes partenaires pouvaient avoir confiance en moi, que ce qui s’était passé à Pau n’était qu’un accident.

Jusqu’à signer des performances références qui ont rappelé votre potentiel à tous ceux qui avaient pu l’oublier…

C’est toujours le but, ça. Ça l’était déjà l’an dernier, et je n’ai pas pu l’atteindre à cause de cette série de blessures. Mais mon objectif personnel est toujours le même : je veux faire partie des références dans ce sport, des références à mon poste.

À ce sujet, après votre titre de champion du monde avec les U20 et votre participation au Mondial 2019, la France pensait connaître son pilier droit pour les prochaines années. Sauf que vos blessures et l’émergence de «l’ovni » Mohamed Haouas ont tout remis en question. Ces deux dernières saisons n’en ont-elles pas été plus difficiles à vivre ?

Je ne vais pas mentir, ça n’a pas été facile, en effet. Sur le coup, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, mais il ne fallait surtout pas lâcher, être costaud mentalement.

Si le jeu des blessures vont a épargné en ce début de saison, il a en revanche fauché Mohamed Haouas. N’est-ce pas pour vous l’occasion ou jamais de reprendre la main dans votre concurrence, dans l’optique de France 2023 ?

Comme je le disais tout à l’heure, ce que je voulais en premier lieu cette saison, c’était me reconcentrer sur moi-même. Ce qui arrive aux autres, je ne dois pas en tenir compte… Mon but, c’est de réaliser des performances suffisantes pour retourner en équipe de France dès lors que je serai convoqué et démontrer au staff tricolore et à mes partenaires et à nos supporters qu’ils peuvent avoir confiance en moi.

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