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Müller : « Le nouveau règlement m’ouvre la porte pour jouer avec les États-Unis »

  • L'ailier briviste, Axel Müller, veut jouer pour les États-Unis.
    L'ailier briviste, Axel Müller, veut jouer pour les États-Unis. Icon Sport - Icon Sport
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Boudé par la fédération argentine depuis 2016, l’ailier briviste souhaite relancer sa carrière internationale en jouant pour les États-Unis. Il nous explique pourquoi...

Vous n’avez plus été appelé avec l’Argentine depuis les JO de 2016. Aujourd’hui, vous souhaitez représenter les États-Unis. Expliquez-nous ?

Je me sens vraiment comme quelqu’un ayant la double nationalité. Ça fait maintenant cinq ans que je ne suis plus appelé avec l’Argentine, donc je pense que c’est le bon moment pour demander à jouer pour les États-Unis. Je me sens aussi américain qu’argentin.

Vous avez vécu une partie de votre enfance aux États-Unis. Pouvez-vous nous raconter ce passage de votre vie ?

En 2001, je n’avais pas encore 7 ans quand nous sommes partis avec ma famille vivre aux États-Unis, à Phœnix. Mon père est ingénieur et a eu cette opportunité de travail. Mais l’idée était d’y rester un ou deux ans avant de revenir en Argentine. Finalement, nous y sommes restés presque dix ans. J’ai fait mon école là-bas, ma primaire, ma secondaire et le lycée. J’y ai pratiqué plusieurs sports comme le football américain, l’athlétisme ou la lutte gréco-romaine. J’ai même représenté l’État d’Arizona dans les championnats nationaux d’athlétisme en 800 mètres et les championnats régionaux en décathlon. J’ai donc décroché la nationalité américaine. Je parlais même anglais avec mon frère et ma sœur. Nous vivions le rêve américain.

Pourquoi êtes-vous rentrés en Argentine ?

En 2010, ma mère est tombée malade et nous avons dû rentrer. Pour moi, ça a vraiment été dur puisque j’avais fait presque toute ma vie aux États-Unis. J’ai grandi là-bas. Je me sentais Américain. J’avais obtenu ma bourse d’études et j’aurais pu y continuer ma carrière académique et sportive aussi. Donc ç’a été un coup dur pour moi mais j’étais obligé de rentrer.

Avez-vous commencé le rugby en Argentine ou aux États-Unis ?

Quand je suis rentré en Argentine, je ne connaissais rien du rugby. Mais j’ai eu cette opportunité d’y jouer et de pouvoir grandir dans ce sport, je l’ai saisie. J’ai donc fait ma formation rugbystique en Argentine à partir de mes 16 ans, mais toute ma formation sportive avait été faite auparavant aux États-Unis que ce soit à travers le football américain, la lutte gréco-romaine ou l’athlétisme.

Avez-vous toujours une pièce d’identité américaine ?

Oui, j’ai toujours un passeport américain. J’ai une vraie preuve de cette relation avec les États-Unis. J’ai toujours mes amis là-bas. J’ai gardé les médailles des différents sports que j’ai exercés là-bas. S’il n’y avait pas eu ce problème de santé familial, je serais resté et j’aurais pu faire ma carrière aux États-Unis.

Aujourd’hui les Pumas semblent derrière vous, vous semblez pleinement concentré sur votre éligibilité pour les États-Unis…

J’ai toujours eu cette connexion avec les États-Unis. Cinq ans après les JO, j’apprends que je peux jouer pour un autre pays. Je n’ai pas hérité de quelque chose, j’ai grandi là-bas, ma famille aussi. J’y ai passé la moitié de mon enfance. Je trouve que c’est une bonne opportunité pour moi, et que ce serait bien de représenter les États-Unis.

Vous êtes-vous renseigné sur comment rejoindre les Eagles ?

Il faut avoir un des trois critères : soit avoir un parent ou un grand-parent né dans le pays en question, ce n’est pas mon cas ; soit jouer trois ans consécutif dans le même pays avant d’être éligible ; soit avoir résidé, en cumulé, dix ans dans le pays. Moi j’y ai vécu plus de neuf ans, presque dix… Ce règlement m’ouvre la porte pour jouer avec les États-Unis.

Avez-vous déjà pris contact avec la Fédération états-unienne ou avec le sélectionneur des Eagles, Gary Gold ?

L’entraîneur de la sélection est au courant de ma situation. Mais les règles de World Rugby ne sont pas trop claires pour tout le monde. Je veux que ma situation aide d’autres joueurs qui vivent la même chose que moi.

Le rugby américain est en plein développement. Souhaitez-vous y participer ?

Oui, de par mon expérience du haut niveau, ici en France, grâce au Top 14, je pense que je peux aider le rugby et la fédération américaine à se développer encore plus.

Vous semblez déterminé…

J’arrive en pleine force de l’âge, je sais ce que je veux, ce que je peux apporter à l’équipe. Et maintenant que cette histoire avec l’Argentine est terminée, je veux jouer avec les États-Unis, afin de les aider pour la Coupe du monde.

Vous avez déjà disputé les jeux Olympiques. Disputer une Coupe du monde de rugby serait un nouveau rêve pour vous ?

Depuis que je joue au rugby, la Coupe du monde a toujours été un rêve, que ce soit pour l’Argentine ou les États-Unis. Et puis si je peux aider les États-Unis à y participer, ce serait aussi un rêve.

Dans votre esprit, une Coupe du monde est-elle aussi importante qu’une olympiade ?

Non, c’était un plus grand rêve pour moi de disputer les jeux Olympiques qu’une Coupe du monde.

Pourquoi ?

Parce que le rêve américain d’un sportif, ça reste les JO. C’est le plus grand spectacle sportif au monde !

À Toulon, vous avez joué avec Samu Manoa, un international américain. Êtes-vous toujours en contact ?

Oui bien sûr, j’ai gardé des liens avec Samu Manoa. J’ai aussi des contacts avec des clubs américains qui sont intéressés pour me faire venir, mais je suis bien pour le moment à Brive. Je joue dans un club qui me permet d’avoir le niveau international pour être appelé avec les Eagles.

Êtes-vous prêt à rejoindre un club de Major League Rugby afin de devenir éligible pour les États-Unis ?

Si jouer pour un club américain peut m’aider afin d’être éligible, ce peut être une option. Je sais que la vie là-bas me plaît. Mais pour le moment, comme je le disais, je profite dans un grand club comme Brive, en Top 14.

Si l’on se projette un peu : imaginons, les États-Unis se qualifient pour le Mondial 2023 en battant le Chili en juillet prochain. Les Eagles intégreraient alors la poule de l’Argentine… Qu’est-ce que cela vous ferait de jouer contre les Pumas ?

Ce n’est pas dérangeant pour moi de jouer contre l’Argentine. Vous savez, ça arrive assez souvent. Récemment, Juan Ignacio Brex, qui avait joué chez les moins de 20 ans en Argentine, a joué contre les Pumas avec l’Italie. Je trouve que c’est bien que des personnes ayant une vraie connexion avec un deuxième pays puissent le représenter. C’est mon cas avec les États-Unis. Mais ce n’est pas que pour moi. Mon cas est un nouveau cas qui s’ajoute à celui connu par les Tonguiens par exemple.

Pour revenir à votre histoire avec l’Argentine, vous n’avez plus été appelé depuis les jeux Olympiques en 2016. Pourquoi ?

Depuis que je suis parti à Toulon à la suite des jeux Olympiques, la fédération n’est pas contente de ma décision. Moi, j’ai saisi l’opportunité de ma carrière, de faire un saut vers le sport professionnel. Je pense que j’ai fait le bon choix mais le président de la Fédération n’a pas accepté. C’est pour cela que je ne suis plus appelé depuis mon arrivée en France.

Avez-vous eu des explications avec lui ou avec les sélectionneurs, que ce soit Daniel Hourcade ou Mario Ledesma ?

Mario Ledesma a voulu me sélectionner pour le Rugby Championship en 2020. Mais quand il a couché mon nom sur le papier, la fédération a refusé qu’il me prenne car j’étais parti en France après les jeux Olympiques.

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