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« Moi, moche et gagnant » : les Bleus battent l'Italie sans forcer leur talent

  • La puissance du paquet d’avants français, à l’image de Paul Willemse ou Cyril Baille, a fait la différence face aux Italiens.
    La puissance du paquet d’avants français, à l’image de Paul Willemse ou Cyril Baille, a fait la différence face aux Italiens. Midi Olympique - Patrick Derewiany - Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Si le XV de France n’eut face à l’Italie rien de magnifique, il eut au moins le mérite de savoir frapper au bon moment. Est-ce ça, le propre d’une grande équipe ?

On oubliera rapidement ce match. Demain, ne resteront même de ce France - Italie que de rares images, fugaces, volages, furtives : cette transversale de Paolo Garbisi qui offrit à Tommaso Menoncello un essai magnifique et que les Italiens célébrèrent dans l’en-but comme un titre de champion du monde ; le tour de magie en mode « Tu me vois ? Tu me vois plus ! » de Gabin Villière sur deux défenseurs italiens, à l’heure de jeu ; la bouillie, aussi, d’un premier acte en tout point lourdingue et que l’on tenta d’expliquer de plusieurs manières.

Au Stade de France, on se dit d’abord que les averses de flotte, cette pluie d’hiver qui transit les corps et pourrit les ballons, tuaient dans l’œuf toute velléité d’offensive et nivelaient considérablement les valeurs entre une équipe donnée favorite de la compétition et l’autre, sainte mère, donnée pour morte depuis dix ans. On se persuada ensuite que les Tricolores, au sommet de leur forme physique en novembre, payaient ce dimanche l’accumulation de matchs inhérente à leur championnat… à moins qu’ils n’aient été au contraire à court de rythme, la faute au sursaut d’Omicron dans certains effectifs du Top 14.

Au fil de cette première demi-heure brouillonne, crasseuse et globalement conforme à ce que l’on attendait du premier match des Bleus dans le Tournoi, on imagina finalement Raphaël Ibanez, réceptionnant en tribunes l’appel de Fabien Galthié, positif au Covid et ce jour-là vissé au sofa d’un hôtel de Chantilly : « Allo, Fabien ? Tu dis ? Notre kicking game est nul ? Il va finir par foutre en l’air la flèche du temps et pourrir l’écosystème de l’équipe ? T’as fini ? Non ? Tu dis qu’on ferait mieux d’envoyer péter Uini que Dylan sur Garbisi ? Ok ! Reçu ! »
 

Alldritt : « La première période la plus dure du Tournoi »

On ironise, on caricature, on exagère… Mais il y eut probablement un peu de ça, dans les nombreux échanges téléphoniques entre le sélectionneur et son bras droit en équipe nationale, à Saint-Denis. Au crépuscule de ce match, Grégory Alldritt expliquait d’ailleurs : « Dans les vestiaires, on s’était dit que cette première période serait probablement la plus dure de tout le Tournoi. Déjà, parce que l’Italie n’est plus du tout la même équipe depuis quelques mois. Ensuite, parce que les conditions climatiques étaient difficiles. Enfin, parce qu’on manquerait peut-être d’un peu de rythme et de repères après trois mois sans se voir. »

En clair, il a fallu aux Français une grosse demi-heure pour comprendre. Il a fallu un peu moins d’une mi-temps pour piger que le salut passerait par l’axe et qu’à ce jeu-là, Grégory Alldritt, Paul Willemse ou Cyril Baille seraient tôt ou tard les plus forts. « L’urgence était de reprendre la ligne d’avantage, expliquait Ibanez dans les couloirs du Stade de France. In fine, je retiens que face à une défense italienne très agressive, les joueurs ont été sérieux, solides et impliqués. »

Et si la clé se situait finalement là, en cette phrase un rien convenue du manager des Bleus ? Et si l’essentiel de ce match se trouvait dans la réaction d’un groupe, malmené, secoué, inquiété mais jamais hors sujet ? Au vrai, il fut un temps où l’équipe de France foirait de bout en bout ce genre de match. Il fut une époque, pas si lointaine d’ailleurs, où les Tricolores perdaient leurs nerfs, leur sang-froid et le reste face à la « valeureuse Italie », pour reprendre l’expression de l’ancien talonneur des Bleus. Alors, on sait aujourd’hui que cette équipe de France est une grande équipe de France parce qu’elle gagne même lorsqu’elle cafouille, bafouille et dérouille. On sait que ce XV de France mérite le respect parce qu’il ne cède jamais à la panique, se recroqueville pour laisser passer la tempête et frappe lorsqu’il a décidé que le moment était venu. Ici, nul autre joueur que Melvyn Jaminet n’incarne à ce point cette assurance, indéniablement nouvelle chez les internationaux français. Lui ? Fautif sur le premier essai italien et coupable d’un en-avant balourd à la réception d’une chandelle, il ne perdit pourtant jamais son flegme so british, intervenant ici sur le premier essai de Gabin Villière, trouvant là un « 50-22 » qui fit se lever les 62 000 spectateurs du Stade de France…
 

Ibanez : « L’Irlande, quatrième nation mondiale »

On sait tous, au fond de nous, que la première mi-temps du XV de France n’est pas une fin en soi et qu’elle ressembla, en synthétisant à l’extrême, à ce que furent les prestations des Bleus face à l’Argentine ou la Géorgie, aux prémices de la tournée d’automne. Il ne fait donc aucun doute que les coéquipiers d’Antoine Dupont se transformeront, samedi face à l’Irlande, en ces lions que l’on eut le bonheur d’observer contre la Nouvelle-Zélande en novembre.

« La superbe prestation irlandaise contre le pays de Galles n’est pas une surprise, concluait Raphaël Ibanez dimanche soir. On parle quand même de la quatrième nation mondiale… Pour nous, le challenge est à présent de faire en sorte que les six jours nous séparant de ce match soient les plus intenses possible. Nous savons tous que nous devons monter d’un cran. Et on le fera. »

Mais avec les mêmes, ou pas ? Dimanche soir, à Saint-Denis un dirigeant fédéral nous fit ainsi comprendre qu’il aurait souhaité davantage de puissance dans le paquet d’avants tricolore, contre l’Italie. De notre côté, on comprenait par là que le retour de Bernard Le Roux dans la cage et, de facto, le repositionnement de Cameron Woki en troisième ligne pourraient constituer une option honnête face à un paquet d’avants irlandais plus dense, plus féroce et cent fois plus dangereux que ne l’est celui de la Nazionale. Dans le combat de chiens qui attend les Bleus ce week-end, contre les Celtes, le XV de France a-t-il oui ou non besoin de l’agressivité du grand Bernie ? On ne sait pas… On demande, juste…

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