Alexandre Martinez, trésorier de la FFR : "En appelant à voter non, l’opposition souhaite le chaos"

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En réaction à la tribune publiée mardi par le parti de Florian Grill appelant les clubs à voter non au prochain référendum pour la validation du futur Président Délégué, le Trésorier de la FFR Alexandre Martinez déplore "l’obsession pour la conquête du pouvoir" de l’opposition, "capable de sacrifier l’intérêt général du rugby français à ses ambitions personnelles" en cette année de Coupe du monde.

Vous avez forcément pris connaissance de la tribune publiée mardi par Ovale Ensemble, appelant à voter NON au prochain référendum concernant le Président Délégué de la FFR, dont l’identité sera connue ce vendredi. Cela vous a-t-il étonné ?

J’avoue que comme beaucoup, j’ai été surpris à la lecture de cette tribune alors que le président de l’opposition avait peu de temps auparavant tenu un discours d’apaisement. Mais ce n’est pas la première volte-face de l’opposition. Pendant la procédure judiciaire que l’on sait, celle-ci avait dans un premier temps demandé la démission de tout le comité directeur, avant de se raviser, puis de refaire volte-face. Cela ne fait rien d’autre que donner l’image d’une opposition désordonnée, dont les cinq raisons de voter non au prochain référendum peuvent se contester point par point.

Justement, qu’avez-vous à y répondre ?

Le premier point consiste à demander une "vraie" élection. Or, soumettre la désignation du président délégué au vote des clubs s’inscrit dans la droite ligne de la recommandation du comité d’éthique de la FFR, en conséquence du délibéré du 13 décembre, à la suite duquel le président s’est engagé à se mettre en retrait. Peut-on imaginer un seul instant que le comité d’éthique, qui est constitué d’éminents juristes, n’ait pas bien pesé sa décision ? Rien que le fait de contester la décision de ce comité est un manque de respect vis-à-vis du comité d’éthique, et comparer le référendum à venir à une "parodie de vote", c’est tout simplement déconsidérer les clubs.

Le deuxième point mis en avant par l’opposition, c’est la notion de responsabilité collective de l’équipe dirigeante en place...

Le délibéré du 13 décembre a clairement exprimé que la FFR – qui s’était d’ailleurs portée parie civile – n’avait subi aucun préjudice financier. En outre, il me semble que l’action de l’équipe dirigeante en place est plutôt couronnée de succès, entre l’obtention de l’organisation de la Coupe du monde, arrêt du projet de Grand Stade, le refonte du rugby amateur en général, et j’en passe… L’équipe en place est une équipe qui gagne, elle a en outre gagné les élections en 2016 et 2020, et si elles les a gagnées c’est bien qu’Ovale Ensemble les a perdues. Ces victoires sont le socle de notre légitimité pour la conduite des affaires fédérales, alors en soulignant bien que la FFR n’a subi aucun préjudice, pour paraphraser Ovale Ensemble, je dirai qu’au rugby on ne change pas une équipe qui gagne.

L’opposition avance également qu’il serait indécent qu’un président condamné puisse choisir son successeur… Qu’en sera-t-il exactement ?

Les statuts sont clairs et disent que seul le président peut choisir le Président Délégué, et non pas son successeur. Il y a là un abus de langage qui relève soit de la mauvaise foi, soit de la méconnaissance du sujet. Il n’y aura pas de nouveau président de la FFR, qui est et restera Bernard Laporte, lequel va simplement se mettre en retrait. J’ajoute par ailleurs que c’est bien mal connaître la loi que d’ignorer que l’appel d’une décision de justice est suspensif, que Bernard Laporte est donc toujours présumé innocent et n’a décidé de sa mise en retrait que pour se conformer à l’avis du comité d’éthique, conformément aux statuts et aux règlements de notre institution. Qualifier ces statuts de "faibles", c’est faire montre d’un total irrespect vis-à-vis de ceux qui les ont votés, à savoir l’Assemblée Générale de la FFR qui est notre autorité suprême, et donc ignorer les clubs. C’est un déni de démocratie.

Florian Grill
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Selon l’opposition encore, seule une véritable élection générale serait susceptible de garantir une certaine éthique et apporter de la sérénité….

Mais de quel droit Ovale Ensemble serait-il le seul détenteur et garant de l’éthique à la FFR ? Qui mieux que le comité d’éthique peut-il justement tenir ce rôle ? Qu’on soit dans l’équipe dirigeante ou dans l’opposition, on est toujours de parti-pris, c’est justement pour cela qu’on s’en remet à un comité d’éthique qui est neutre. Et c’est précisément pour cela que le président a décidé de se conformer à son avis. Et pour tout dire, la démarche opportuniste d’appeler à une « vraie » élection générale est aussi un appel au chaos et à la division du rugby français, alors que se présente une échéance majeure comme la Coupe du monde, qu’on ne pourra effectivement bien traverser que dans la sérénité. À travers cet appel à voter non, Ovale Ensemble montre bien qu’il serait prêt à sacrifier la réussite de la Coupe du monde au profit d’ambitions personnelles.

Dans son dernier point, Ovale Ensemble conclut qu’un Président doit être élu avec une équipe et sur la base d’un programme.

Nous avons été élus en 2016 puis en 2020 à partir d’un programme, contrairement à l’équipe d’opposition qui a été battue et se retrouve en minorité. En 2020, les clubs ont fait leur choix. Appeler à une nouvelle élection générale, c’est simplement un comportement opportuniste lié à l’obsession de conquérir le pouvoir. Mais l’obsession n’est pas bonne conseillère, elle fait perdre en lucidité, elle peut aveugler. Quand on conteste la légitimité d’une équipe, quand on conteste l’avis du conseil d’éthique, quand on qualifie les statuts de la FFR de faibles, c’est qu’on a perdu le sens des réalités, qui plus est en cette période cruciale. Je le répète, appeler à de nouvelles élections ou à voter non au référendum, c’est prôner la division et le chaos avant une échéance qui réclame avant tout de la sérénité, c’est ne pas hésiter à sacrifier l’intérêt général de la réussite de la Coupe du monde 2023 au profit d’ambitions personnelles.

Si les clubs devaient tout de même voter NON au prochain référendum, les statuts prévoient qu’un nouveau candidat soit désigné, lui-même soumis à un référendum. Mais en raisonnant par l’absurde, que se passerait-il si les clubs devaient refuser à chaque fois le candidat ? L’histoire serait-elle vouée à recommencer interminablement ?

En raisonnant par l’absurde, il n’y a en effet pas de limite à ce que le scenario se reproduise, oui. Mais je crois que depuis que nous sommes aux affaires, nous n’avons pas démontré un comportement absurde.

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