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6 Nations - Cyril Baille (XV de France) : "C’est une rencontre qui va laisser des traces"

Par Arnaud BEURDELEY
  • Au sujet de ses deux sauvetages dans l'en-but, Cyril Baille sourit "J'étais au bon endroit au bon moment."
    Au sujet de ses deux sauvetages dans l'en-but, Cyril Baille sourit "J'étais au bon endroit au bon moment." Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Au lendemain de la défaite subie à l’Aviva Stadium et alors qu’il venait de poser les pieds à Toulouse, le pilier gauche du XV de France Cyril Baille, auteur de quinze plaquages en seulement 57 minutes, a accepté de revenir sur cette rencontre d’une intensité rare. Une rencontre conclue sur une défaite synonyme de fin de série pour les Bleus. Un revers qui pose aussi de nombreuses questions et suscite une vive émotion. Le Toulousain y répond avec beaucoup de lucidité et de transparence.

Au lendemain de la rencontre à Dublin, n’avez-vous pas finalement le sentiment que cette défaite peut être un mal pour un bien ?

C’est une défaite qui va nous aider à grandir. Je suis de ceux qui pensent qu’on apprend beaucoup dans ces moments-là. Après un échec, il y a tellement de choses à dire, à analyser, à décrypter, à commenter qu’il y a forcément des éléments intéressants à tirer de cette rencontre. Et puis, ça va peut-être nous remettre les pieds sur terre, nous faire prendre conscience que rien n’est jamais acquis et que la route est encore longue. Il y a peut-être plus de choses à apprendre sur ce seul match que sur tous les précédents.

Quel a été votre premier sentiment à l’issue du match ?

Par delà la déception, j’ai le sentiment que l’équipe a fait preuve d’un super état d’esprit. Nous n’avons rien lâché de la première à la 80e minute. C’est un point très positif. Après, le goût de la défaite, on ne l’apprécie pas. Jamais. Pour le reste, je me suis dit que ce match allait nous marquer. En tout cas, personnellement, je crois qu’il me restera longtemps en mémoire. On joue vraiment au rugby pour de tels moments, pour de tels matchs. Même si on a perdu…

Anthony Jelonch et Antoine Dupont quittent la pelouse la tête basse après le coup de sifflet final.
Anthony Jelonch et Antoine Dupont quittent la pelouse la tête basse après le coup de sifflet final. Midi Olympique - Patrick Derewiany

Est-ce le match le plus difficile, le plus intense, que vous ayez joué avec l’équipe de France ?

C’est possible… Mais on s’y était préparé. Tout au long de la semaine, le staff nous avait sensibilisé sur ce qui nous attendait à Dublin. D’ailleurs, tout le monde en parlait de ce match, justement parce que les gens attendait ce type de rencontre. Je crois que le public n’a pas été déçu, même si le résultat n’a pas basculé en notre faveur. Mais je peux vous jurer que l’intensité de cette rencontre était folle. Je ne m’en suis pas forcément rendu compte durant la partie car ça allait trop vite. Il n’y pas eu de temps mort, aucun moment pour souffler et te dire : "Whaou, quel match". Mais on a bien senti quand même que ce n’était pas un match comme les autres.

46 minutes de temps de jeu effectif, avez-vous le souvenir d’un tel chiffre par le passé ?

Les chiffres, les statistiques, c’est bien, mais ça ne fait pas gagner les matchs. Mais je vous le répète : on les a bien senti les quarante-six minutes de temps de jeu effectif (rires). Ça a piqué fort.

Romain Ntamack a déclaré : "Alors qu’on était physiquement en train de pécher, on avait le sentiment que les Irlandais auraient pu encore jouer deux jours." Avez-vous eu le même sentiment ?

C’était dur pour les deux équipes. J’ai pu échanger avec quelques joueurs irlandais après le match, je peux vous jurer qu’ils étaient bien fatigués aussi. Entre le rythme et le combat, c’est une rencontre qui va laisser quelques traces. C’est une certitude.

Romain Ntamack après la défaite subie à Dublin, ce samedi.
Romain Ntamack après la défaite subie à Dublin, ce samedi. Midi Olympique - Patrick Derewiany

Certains joueurs de l’équipe de France semblent marquer le pas physiquement par rapport à l’an dernier. Ressentez-vous au sein du groupe une forme de fatigue ?

Non, je n’ai pas cette impression. Maintenant, je ne sais pas si tout le monde se rend bien compte de l’intensité de cette rencontre. Ça allait vraiment à dix mille… Et puis, on a passé beaucoup de temps à défendre. Il suffit de regarder les statistiques de plaquages. Franchement, ça épuise.

Justement, est-ce frustrant de passer autant de temps à défendre alors que lorsque vous avez eu l’opportunité, offensivement, de jouer un peu dans le désordre, vous avez semblé bien plus à l’aise, à l’image de l’essai inscrit par Damian Penaud ?

Ça fait partie du jeu malheureusement. Évidemment que nous aurions préféré passer plus de temps à attaquer qu’à défendre. Mais bon, il faut aussi s’adapter aux scénarios des matchs. Je préfère retenir l’état d’esprit que l’équipe a affiché dans le secteur défensif.

L’Irlande a passé plus de neuf minutes dans les 22 mètres français quand vous n’avez pas pu rester dans cette même zone adverse plus d’une minute, cinquante-sept secondes exactement. Est-ce lié à une erreur de stratégie ?

C’est toujours plus facile après un match de dire qu’on s’est trompé de stratégie. Sans doute faudra-t-il revoir certaines choses après une analyse à froid, mais on a essayé de faire le maximum.

Qu’avez-vous pensé de l’arbitrage de Wayne Barnes ?

Pour nous, ce n’est pas un sujet. Nous sommes tout simplement tombés sur une très grosse équipe d’Irlande. La meilleure équipe a sans doute gagné. Il faut aussi parfois accepter de perdre, cela fait partie du sport. Je suis sûr que ça va nous servir de leçon et que nous allons revenir plus fort après cet échec.

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Surtout que les Irlandais ont terminé à huit reprises dans l’en-but français pour quatre essais. Par deux fois, c’est vous qui avez été l’auteur d’un sauvetage. Pouvez-vous nous raconter ces deux actions ?

C’est une œuvre collective (rires). J’étais au bon endroit au bon moment. Et puis, on sait que dans cette zone de jeu il faut être prêt à donner de sa personne. Le moindre écart, le moindre raté, ça se paie cash. Vraiment, j’insiste encore une fois sur l’état d’esprit dont nous avons fait preuve, mais c’est quelque chose de fort. Ça montre à quel point ce groupe est aussi une véritable équipe de copains. Une bande de potes. On ne se lâche pas. Jamais. Pour nous, la solidarité n’est pas juste un mot.

Qu’avez-vous pensé des mots du sélectionneur Fabien Galthié dans l’intimité de votre vestiaire à l’issue de la rencontre ?

Fabien a eu des mots très forts. Surtout, il a eu les bons mots pour nous remettre très vite la tête à l’endroit. Le message a été très positif. Nous en avons beaucoup parlé après le match entre-nous et le sentiment était unanime.

Avez-vous ressenti le besoin de passer du temps ensemble samedi soir ?

C’est toujours ce que nous faisons. Cette fois-ci, nous avions le dîné avec les Irlandais. Mais nous avons aussi beaucoup échangé entre nous. Nous allons encore avoir besoin dans les jours à venir d’analyser ce qu’il s’est passé, d’en reparler. Ce sont des moments d’échanges très importants. Ça fait aussi partie de notre apprentissage, de notre construction.

Est-ce difficile moralement de passer d’une dynamique ultra-positive avec quatorze succès consécutifs à une telle défaite ?

On ne va pas mentir, on aurait préféré gagner. Mais on doit s’adapter, positiver et repartir de l’avant. Je crois aussi que cette petite semaine accordée par le staff pour rentrer passer du temps avec nos familles va être précieuse. Ça va vraiment nous faire du bien. On va pouvoir recharger nos batteries.

L’Écosse s’annonce dans quinze jours au Stade de France. Comment appréhendez-vous ce rendez-vous ?

Cette équipe semble euphorique. Mais de toute façon, l’Écosse est toujours un adversaire redoutable. Nous allons nous retrouver dimanche prochain à Marcoussis pour préparer ce rendez-vous avec toujours le même état d’esprit. Cette défaite en Irlande va forcément nous donner des axes de travail, des axes de progression. Et dès lundi matin, on sera au travail pour gagner.

Même si mathématiquement rien n’est joué dans le Tournoi des 6 Nations, les chances de le remporter sont désormais très minces. Ne faut-il pas déjà se tourner vers la préparation du Mondial ?

Ne pas jouer notre chance à fond, ce serait irrespectueux. Comme si on se prenait pour d’autres. Pour moi, il n’est pas question de galvauder nos chances d’éventuellement remporter le Tournoi des 6 Nations. Et je crois que le groupe n’est pas du genre à baisser les bras. Si ça devait être le cas, on tomberait de haut.

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