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6 Nations 2023 - France - Écosse : messieurs Bleus, rallumez le feu !

  • 6 Nations 2023 - Antoine Dupont et les Bleus doivent rebondir face à l'Écosse
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Publié le Mis à jour
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Après le revers - certes honorable - des Bleus sur le terrain de l’Irlande, l’indiscutable première nation mondiale, les analyses furent sévères et même excessives aux yeux de certains. Mais il en est toujours ainsi quand on aime… Alors, il est question de raviver la flamme dès ce dimanche.

Il fallait entendre Fabien Galthié, voilà bientôt deux semaines, dans les entrailles de l’Aviva Stadium. Sourire de façade et fatalisme de circonstance après le premier revers français depuis dix-neuf mois, face à ce qui se fait de mieux sur la planète : « Ce n’est surtout pas un coup d’arrêt. Je pense qu’on a fait un bon match. Jusqu’à la 72e minute, contre une équipe de la qualité de l’Irlande, on était encore dans la partie. Il fallait être très costaud. On doit apprendre dans la défaite, même si elle n’est pas notre amie. » Constat implacable, comme Garry Ringrose sur l’essai décisif à l’heure de renvoyer Matthieu Jalibert et Romain Taofifenua à leur réalité du jour. Mais derrière le discours un brin convenu, le sélectionneur - dont il ne convient pas de douter de la sincérité quand il soulignait le courage de ses troupes - a vite fendu l’armure bienveillante pour renfiler le costume du technicien intraitable : « On a surjoué dans notre camp en première mi-temps, on s’est mis dans des situations difficiles en raison de décisions tactiques, au lieu d’occuper et de jouer haut. C’est pourtant ce qui était prévu. »

Chacun en pensera ce qu’il veut, là n’est plus la question. Il y a ceux, tel Olivier Magne ici la semaine passée, qui réclament aux Bleus de mettre leur incroyable potentiel offensif au service d’un jeu plus ambitieux pour « attaquer de plus loin ». Il y a les autres qui, au contraire, se foutent des notes artistiques et appellent à insister dans la fameuse « dépossession » qui a fait les succès d’un XV de France record. Peu importe le fond ou la forme, si la moindre gamelle - honorable sur le terrain du nouveau grand favori de la prochaine Coupe du monde (la vraie belle nouvelle du périple dublinois) - provoque le débat le plus nourri du rugby français depuis l’arbitrage de Craig Joubert en finale du Mondial 2011, cela montre à quel point la « bande à Dupont » ne laisse personne indifférent.

L’injustice, aussi l’apanage des forts

Il est terminé, enfin, cet ignoble temps de la défaite encourageante. Ces sombres années à chercher une infime goutte d’espoir dans un océan de déboires, quand il s’agissait de se réjouir de n’avoir perdu « que » de quinze points à Cardiff ou de vingt à Twickenham. Presque une décennie à considérer la plus hasardeuse des victoires à domicile dans le Tournoi comme le triomphe naissant d’une génération tombée pour son pays, pour finalement se retrouver chassée par le Japon ou les Fidji au classement World Rugby. Ouste, du balai ! Et gloire en soit rendue à ces Bleus séduisants et talentueux, capables de rendre les armes devant le XV du Trèfle non sans avoir réglé le problème de l’essai de l’année dès le mois de février. Reste que l’injustice est parfois aussi l’apanage des plus forts. Et que cette sortie de cible, peut-être bienvenue dans la flèche du temps tracée par Fabien Galthié, fut analysée et décryptée plus que de raison.

Mea culpa ? Même pas. Dans ces colonnes, pas moins de quatre pages étaient consacrées vendredi dernier aux « enseignements de Dublin », pendant qu’Ethan Dumortier constatait du bord du parquet les vingt-huit centimètres qui le séparent de l’égérie du basket français Victor Wembanyama, qu’Antoine Dupont s’essayait au rap avec Bigflo et Oli ou que Romain Ntamack promenait ses chiens dans la neige. Bref, que les Tricolores - nos excuses à Cros, Couilloud, Jaminet et ceux qui se sont exposés en Top 14 aux coups de sécateur de Chabal et Dourthe sur le plateau du Canal Rugby Club - profitaient de ces quelques jours de relâche non plus pour passer de la dépossession à la repossession, mais du répit au repos. Messieurs, ce n’est rien d’autre que de l’amour vache. Parce que vous êtes les premiers à légitimement nous faire rêver du trophée Webb-Ellis. Parce que vous êtes les seuls à nous laisser croire que votre consécration en octobre prochain ne devrait rien à un coup du sort ou à un exploit isolé, mais que ce relèverait juste d’une logique évidente. La loi du meilleur.

Une dernière Guinness au goût amer

Et c’est parce que le rugby français ne veut pas se réveiller, du moins pas avant Noël, qu’il refuse de retomber dans les illisibles pages d’une quelconque convention FFR-LNR avant le « Grand Soir » du Stade de France, qu’il espère même repousser tant que possible les ennuis judiciaires de Bernard Laporte ou le bordel de sa succession, que la dernière Guinness avalée à Temple Bar a laissé un goût aussi amer. Sa digestion fut-elle alors trop sévère ? Pas davantage que les conclusions tirées par le staff en interne, Galthié en tête. « Qu’est-ce que ton devoir ? L’exigence de chaque jour », disait Goethe.

Le sélectionneur ne peut se permettre de ne pas s’approprier l’adage, lui qui sait mieux que personne les merveilles dont il dispose. Alors, quoi ? Faut-il suer de tout son corps parce que la terrible écosse débarque à Saint-Denis ? Faire soudainement des complexes au prétexte qu’elle a surclassé un XV de la Rose déjà fané sous Eddie Jones et pas beaucoup plus fleuri avec Steve Borthwick ?
On veut bien s’extasier devant les gestes magiques de Finn Russell mais aussi se rappeler qu’il a saccagé avec le Racing autant de phases finales qu’il en a disputées. On veut bien se réjouir du retour au premier plan de Richie Gray mais aussi se souvenir que, lorsqu’il participait activement à creuser le trou de la « Sécu » en France, il avait observé en 2019 le vingtième Brennus du Stade toulousain depuis le banc de touche.

L’Écosse, « Blacks » devenus « Boks » du Nord

On veut bien aussi s’émerveiller devant les progrès exceptionnels de ceux qu’un ancien sélectionneur (coucou Marc Lièvremont !) surnommait les « All Blacks du Nord », ceux-là qui ont aujourd’hui permis l’intégration des Boks dans le Tournoi avec leur colonie de « Sud-Af’ », mais signaler que cette sélection n’a jamais fait mieux que troisième depuis que cette compétition est composée de six nations (en 2000). Ici, on préfère penser qu’il n’y a pas plus impressionnant qu’Antoine Dupont, pas plus offensif que Damian Penaud, pas plus complet que Grégory Alldritt, pas plus gratteur que Julien Marchand, pas plus élégant que Romain Ntamack, pas plus finisseur que Matthieu Jalibert et pas plus « sévèrement burné » que Thomas Ramos. Vous y voyez une rafale de mauvaise foi ?

C’est sans doute vrai mais la passion, au-delà de rendre aveugle, incite aux excès. Dans les mauvais moments, dans les bons aussi. Le XV de France ne s’offrira pas de deuxième grand chelem ? Tant pis. Que l’Irlande le fasse, qu’elle la garde sa première place mondiale et que le Leinster aille chercher sa cinquième étoile. Pourvu qu’une fois de plus, les Diables verts ne passent pas les quarts de finale dans huit mois. C’est donc ce dimanche que la divine idylle entre les Bleus et leurs supporters ou leurs suiveurs doit reprendre. Tenez le ballon si ça vous chante, ou mettez des grands coups de pompe s’il vous brûle les doigts (avec une légère préférence pour la première solution). Mais, si vous gagnez, on annule tout ?

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Les commentaires (1)
Djangonho Il y a 1 année Le 24/02/2023 à 19:59

Bien joué l’assertion selon laquelle Jalibert est un formidable “finisseur “, l’intéressé appréciera de savoir que quelles que soient ses prestations, il n’a juste aucune chance. Ce parti pris est insupportable pour ceux qui, comme moi, rêvent de le voir fer de lance d’un projet de jeu autorisant enfin de jouer au rugby.