Champions Cup – Antoine Hastoy, le patron de La Rochelle qui ne fait que monter

Par Paul Arnould
Publié le Mis à jour
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Décevant en huitième de finale de Champions Cup dans un match où les Rochelais n’étaient pas passés loin de la correctionnelle, Antoine Hastoy s’est depuis brillamment repris en quart face aux Saracens, puis en demie contre Exeter. Le Stade rochelais voulait un patron, Antoine Hastoy l’est devenu.

Assumer le numéro 10 au Stade rochelais n’est pas une mince affaire. D’illustres aînés ont sublimé ce poste dans l’histoire du club maritime. On peut citer, chronologiquement et dans une liste non exhaustive : Laurent Bidard (premier Rochelais à connaître une sélection avec le XV de France), Jean-Baptiste Elissalde, Gérard Merceron, Rémy Talès, ou encore Fabien Fortassin, et Brock James pour l’histoire plus contemporaine. Autant de noms qui ont marqué le stade Marcel Deflandre et enrichi la mythologie du club à la caravelle. C’est dans ce contexte, peu évident, et accentué par l’idée que le "Stade" n’avait pas dans ses rangs un numéro 10 aussi déterminant que les autres cadors européens (Sexton au Leinster, Ntamack à Toulouse, Farrell aux Saracens), qu’Antoine Hastoy quitta sa Section bien aimée pour débarquer dans l’ouest de la France.

Le nouveau patron

Son statut d’international français (deux sélections), certes derrière Romain Ntamack et Matthieu Jalibert dans la hiérarchie établie par Fabien Galthié, mais qui enchaîne les rassemblements en Bleu, lui rajoutait une certaine pression. À 25 ans, l’ancien joueur du RC Bal près de Pau, avait un public très connaisseur à séduire, et un manager, ancien grand demi d’ouverture, à définitivement convaincre. En somme, devenir le patron d’une génération fraîchement sacrée championne d’Europe face au grand Leinster.

Tout ça, Antoine Hastoy l’a fait. Et plutôt très bien. " "ROG" (Ronan O’Gara, NDLR) m’a vite mis en confiance, expliquait l'intéressé. Je pense que c’était le cas lors de nos discussions la saison précédente, lorsque l’on avait parlé de mon recrutement. Il fallait s’adapter vite car la saison passe très vite. Les attentes étaient grandes, notamment au niveau du but au début. En tout cas, c’était l’éternelle question que l’on me posait quand je suis arrivé." La Rochelle était à la recherche de son artificier préférentiel, Antoine Hastoy y a répondu en étant le meilleur réalisateur de l’édition 2022-2023 de la Champions Cup (85 points). Bêtise serait de le réduire à son rôle de buteur, tant son apport dans le jeu a conquis les foules. Ses grosses performances au Racing (28 janvier, défaite 39-36), mais aussi à Pau (victoire 32-36, 26 points inscrits), et sa relation avec Kerr-Barlow attestent d'un joueur comblé et performant dans le dispositif mis en place par Ronan O'Gara. En demi-finale contre Exeter dimanche, la relation neuf-dix fut encore au service du collectif, donnant l'impression que les compères jouaient ensemble depuis une décennie. "On s’est tout de suite bien entendu. On parle beaucoup et je suis content car il m’amène son expérience et il me pousse à m’imposer plus. Il me pousse à parler, à donner mes idées, à travailler en amont. Je suis très content de la relation que l’on a. J’aime beaucoup l’homme qu’il est."

Gloucester, le non-match idéal

Un doute a-t-il existé concernant l’ancien Palois ? Il y a quelques semaines face à Gloucester pour son premier match de phase finale en Champions Cup, l’ouvreur était passé à côté, à l’image des Rochelais surpris par le niveau anglais et passés proche d’une sortie de route précoce dans "leur" compétition. Les cinq dernières minutes et le deuxième essai du jour de Teddy Thomas changèrent le destin de la saison rochelaise. Et celui d’Antoine Hastoy avec. "Honnêtement, ce serait mentir de dire que j’ai juste profité (du 8e de finale, NDLR). J’ai été très frustré jusque tard dans la semaine… C’est pour ça que j’ai dit d’entrée qu’il fallait qu’on passe à autre chose. Parce que je l’ai assez ressassé. J’ai eu un peu de mal au début à passer à autre chose. Maintenant, c’est bon, je suis lancé vers les quarts. Il y a des gros noms en face, il y a l’envie de les affronter."

La suite est connue. Une grande performance face aux Saracens avec un duel face à Owen Farrell, pourtant pas le perdreau de l'année, largement remporté, avant une demi-finale face à Exeter où il sut prendre les choses en main malgré le début de match contrasté de son équipe. On pense ici à sa belle adaptation avec un jeu au pied parfait pour le premier essai de Raymond Rhule, ou encore à sa passe au pied pour Levani Botia, son animation globale et sa fiabilité face aux perches. "Pour lui c’est une nouvelle étape. Il est en forme, c’est le patron. Il y a beaucoup de signaux positifs ces dernières semaines qui me font dire et me prouve qu’il est fait pour les phases finales", lançait son entraîneur avant la demie.

Antoine Hastoy au stade Marcel-Deflandre face aux Saracens.
Antoine Hastoy au stade Marcel-Deflandre face aux Saracens. Icon Sport - Icon Sport

"Ma seule envie est de gagner un titre"

Le demi d’ouverture a une fois de plus sublimé les mots de son entraîneur avec une performance plus que solide sur le terrain. A-t-il atteint le maximum de ses capacités ? Après sa brillante interception à Pau début mars dernier, "ROG" le voyait monter encore plus haut. "Pour être dans les 23 de l’équipe de France, c’est le dernier qu’il a à améliorer (la conduite du jeu, NDLR). N’oubliez pas son âge, il n’a pas 25 ans. Dans cinq ans, il sera encore meilleur. Comme il fait des choses difficiles, il donne l’impression que tout est facile. Il doit être encore à améliorer capable à certains moments de tuer l’adversaire, quand on a neuf points d’avance par exemple. Un drop par ci, une pénalité de plus… ".

Face à Exeter, il n’eut pas besoin de marquer cette pénalité de plus, car les Rochelais furent rapidement ultra-dominateurs et devant au score. Mais alors que les phases finales de Top 14 approchent et que le grand Leinster se profile dans trois semaines à Dublin, un nouveau titre du Stade rochelais passera peut-être par là. "Maintenant je n’ai qu’une envie : gagner quelque chose, confiait-il avant Exeter. C’est intense car je sens que l’on peut le faire. Donc, ça va au-delà du simple rêve." Avec une telle ambition et un niveau qui ne fait qu’augmenter, son rêve pourrait aussi basculer en Bleu. "Je me tiens prêt si jamais on me donne ma chance. Je veux répondre présent si on me fait confiance." Jusqu’à présent, le demi d’ouverture rend plutôt bien la confiance placée en lui.

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