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Demi-finales de Top 14 - Ntamack, Russell, Hastoy, Jalibert : la guerre des cerveaux à l'ouverture

  • Ces demi-finales de Top 14 opposeront les meilleurs ouvreurs du championnat.
    Ces demi-finales de Top 14 opposeront les meilleurs ouvreurs du championnat. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Aux grands matchs les grands joueurs... Lors de ce week-end de demi-finales du Top 14, ce sont les quatre meilleurs numéros 10 du championnat qui vont être à l’œuvre. Dans des styles différents, tous n’auront qu’un objectif : laisser leur empreinte sur le rendez-vous de Saint-Sébastien et emmener les leurs au Stade de France.

Le poste d’ouvreur est sûrement le plus exposé de ce sport, celui sur lequel tous les regards sont braqués. Aussi parce que, dans les grands matchs, ce sont les numéros 10 qui donnent le ton de la rencontre et qui, très souvent, la font basculer... Justement, ce vendredi et ce samedi à Saint-Sébastien, deux rendez-vous XXL attendent les demi-finalistes du Top 14. Avec sûrement, en l’occurrence, les quatre meilleurs demis d’ouverture de ce championnat. Il y aura déjà les trois plus haut placés dans la hiérarchie actuelle du XV de France : Romain Ntamack, Matthieu Jalibert et Antoine Hastoy.

Le Toulousain, qui sait tout bien faire et dont l’immense influence dans le jeu des siens est parfois sous-estimée, n’a pas caché ces derniers temps sa féroce envie d’aller décrocher un nouveau titre avec son club de toujours. Le Bordelais, au bout d’une saison en dents de scie hachée par plusieurs blessures, a prouvé à Lyon qu’il restait un attaquant hors pair, capable de dénouer n’importe quelle situation. Et son duel face au Rochelais sera tellement intéressant à suivre, car Hastoy - arrivé de Pau l’été dernier - a impressionné par sa faculté en se muer en patron en phase finale de Champions Cup, alors qu’il disputait là ses premiers matchs à un tel niveau.

Enfin, comment ne pas s’arrêter sur les adieux de Finn Russell au Racing 92, lui qui prendra la direction de Bath lors du prochain exercice ? Créateur génial, qui n’a sans doute aucun égal en Europe en termes d’instinct et d’inspiration, il a trop fréquemment manqué d’assurance dans les matchs à élimination directe avec les Franciliens. Il a pourtant l’occasion de laisser une trace indélébile...

Romain Ntamack : le pacificateur

  • Sa place dans l’équipe

En club comme en sélection, il partage la conduite du jeu avec ses compères Antoine Dupont et Thomas Ramos. Si ces derniers ont été très en vue ces derniers mois, c’est aussi grâce à leur entente avec Ntamack, qui, depuis deux saisons, a pris une place prépondérante sur l’orientation du jeu. Après le récital toulousain contre les Sharks en avril, lors duquel Dupont et Ramos avaient été encensés, le manager toulousain Ugo Mola avait d’ailleurs déclaré : « Je ne dénigre en aucun cas le choix d’avoir nommé Thomas Ramos homme du match mais Romain Ntamack a été incroyable dans ses prises de décision. Quand on sait la difficulté à ce poste à faire autant de choix à haute intensité et à pleine vitesse, il a été remarquable. » Un parfait résumé de ce qu’est Romain Ntamack à Ernest-Wallon comme avec le XV de France : un excellent et indispensable facilitateur.

  • Ses points forts

S’il n’est pas le plus fantasque, il est très certainement aujourd’hui le plus efficace dans ce qu’il entreprend. L’ancien sélectionneur Marc Lièvremont dit de lui : « Il est brillant, coche toutes les cases. Il joue juste, même dans les moments difficiles. » Parce qu’il sait mieux que personne endosser ce rôle de chef d’orchestre, capable de toujours mettre les siens sur orbite et de placer ses partenaires dans les meilleures conditions. Quitte parfois à moins prendre la lumière et être réduit au qualificatif d’ouvreur sobre.

Romain Ntamack, bien que plus discret que les autres demis d'ouverture, brille par sa capacité à prendre les décisions
Romain Ntamack, bien que plus discret que les autres demis d'ouverture, brille par sa capacité à prendre les décisions Icon Sport - Sportsfile

« La sobriété, je ne sais pas trop ce que ça veut dire, avait répondu l’intéressé dans ces colonnes. C’est quelque chose qu’on a inventé me concernant... Moi, ça m’est un peu égal. Il n’y a pas besoin de faire cinquante percées dans un match pour être bon. » Excellent en défense et sous les ballons hauts, il est le numéro 10 qui apporte le plus de garanties sur les fondamentaux. En fait, son principal point fort est de ne pas avoir de point faible.

Finn Russell : le frondeur

  • Sa place dans l’équipe

Il y a un Racing avec et sans Finn Russell. Père de tous les lancements de jeu franciliens, dont certains sont issus de l’animation offensive écossaise, l’enfant de Glasgow (30 ans) est l’archétype du chef d’orchestre, du meneur de jeu. Très apprécié par ses coéquipiers pour son côté facile, léger ou « bonnard », si l’on osait, Russell fait surtout l’unanimité du côté du Plessis-Robinson parce que malgré un gabarit somme toute modeste (1,78 m et 78 kg), il n’hésite jamais à donner son corps à la science, plaquant souvent des N°8 ou des centres deux fois plus lourds que lui. Néanmoins, est-il vraiment le docteur Jekyll et Mister Hyde que critiquent les puristes ? Peut-être et par le passé, l’Ecossais n’a ainsi pas toujours répondu aux attentes placées sur les matchs décisifs.

Finn Russell face à Toulouse lors du match retour entre le Racing 92 et Toulouse
Finn Russell face à Toulouse lors du match retour entre le Racing 92 et Toulouse Icon Sport - Hugo Pfeiffer

« Cette réputation de joueur désinvolte m’a suivi toute ma carrière, nous disait-il récemment. Quand j’ai débarqué à Glasgow puis en équipe d’Ecosse, j’ai essayé des choses différentes, des trucs que les autres joueurs ne faisaient pas avant moi. [...] Mais si vous regardez comment jouent les ouvreurs internationaux, ils tentent aussi des choses : des offloads, des coups de pied par-dessus… Marcus Smith le fait, Romain Ntamack aussi. Quand c’est moi, on me dit que c’est risqué, que ce n’est pas une bonne idée… »

  • Ses points forts

Il est impossible d’ériger un plan « anti Russell ». à ce sujet, on n’a d’ailleurs jamais oublié ce que nous confia un membre du staff tricolore après le dernier Tournoi des 6 Nations : « Si on a eu tant de mal à battre l’Ecosse au Stade de France, c’est que Russell fut ce jour-là irrésistible. Il est l’ouvreur le plus difficile à défendre du circuit parce que tu ne sais jamais s’il va attaquer la ligne, faire une passe aveugle à son intérieur, jouer au pied par-dessus ou balancer une énorme sautée de trente mètres. Il a une telle maîtrise de tous les gestes offensifs qu’il est presque indéfendable. »

Antoine Hastoy : le puncheur

  • Sa place dans l’équipe

Le Top 14 avait appris à découvrir plusieurs facettes d’Antoine Hastoy (26ans) au fil de ses années paloises : il y avait l’attaquant inspiré, à la fois rapide et technique, capable d’ouvrir une brèche à tout instant, par sa vista ou son flair ; il y avait aussi le spécialiste du but, si précieux de par son taux de réussite et son sang-froid sur les coups de pied décisifs. Après une première partie de carrière aussi prometteuse, il y avait une double forme de curiosité et d’attente à l’heure de le voir débarquer à La Rochelle. Que le Béarnais soit un ouvreur talentueux ne laissait plus place au doute. Mais on allait en savoir plus sur son cran. Allait-il être capable de s’imposer comme le chef d’orchestre et le buteur numéro 1 d’un ténor français et européen ? Sa réponse, sur le terrain, est implacable : le numéro 10 est devenu le patron de la stratégie du collectif maritime, au même titre que l’expérimenté Tawera Kerr-Barlow.

Antoine Hastoy dans l'exercice du tir au but, contre Exeter en demie de Champions Cup
Antoine Hastoy dans l'exercice du tir au but, contre Exeter en demie de Champions Cup Icon Sport - Hugo Pfeiffer

L’international aux 3 sélections a trouvé au fil des mois le juste milieu entre son instinct d’attaquant et les imposés tactiques du haut niveau. Sa finale à Dublin – où il a dynamisé avec allant et à-propos, faisant tout particulièrement briller ses centres, avant de terminer tout en sobriété – est un modèle du genre.

  • Ses points forts

Antoine Hastoy a de nombreuses cordes à son arc : ses qualités de buteur (83,3 % cette année), son explosivité (0,4 franchissement et 1,3 défenseur battu par match) et la justesse de son pied droit dans le jeu courant sont autant d’atouts à faire valoir. Le plus remarquable, aujourd’hui, chez le 10 rochelais reste sa sérénité sous la pression. Qui peut s’asseoir à sa table et dire : «Moi aussi, j’ai passé le coup de pied de la gagne en finale ? » A contrario, on ne lui trouve pas de véritable point faible, sa défense n’étant pas sujette à caution (81 % sur la saison). Sa principale « lacune », jusqu’alors, était son manque de vécu au plus haut niveau. Ce qui appartient désormais au passé.

Matthieu Jalibert : le dynamiteur

  • Sa place dans l’équipe

Matthieu Jalibert a manqué beaucoup de matchs cette saison, à cause des sélections, mais aussi à cause d’une blessure à la cheville droite, contractée fin mars. Elle l’a éloigné des terrains pendant plus d’un mois avant qu’il ne se reblesse (moins gravement) à la main droite courant mai. Tout ça pour dire que l’UBB a su gagner sans lui. On peut même penser que le club a vécu une partie de son redressement sans lui puisqu’il n’a débuté que 14 matchs de Top 14 (barrage compris). Entre le 30 décembre et le 8 mai, il n’a joué qu’un seul match avec son club en championnat. L’effectif de l’UBB dispose de suffisamment de qualité et de profondeur pour pallier son absence (avec Mateo Garcia et Zack Holmes notamment, mais Maxime Lucu peut aussi dépanner).

Matthieu Jalibert prend l'intervalle contre Lyon lors du barrage
Matthieu Jalibert prend l'intervalle contre Lyon lors du barrage Icon Sport - Anthony Dibon

Ceci dit, sa place de titulaire à l’ouverture ne se discute pas surtout à l’amorce des phases finales. Il est la pierre angulaire de l’UBB. Il donne un piment incontestable au jeu de l’équipe. On pourra aussi nous rétorquer qu’à Lyon, il n’a pas été parfait au pied avec une transformation et une pénalité manquées en début de rencontre. C’est vrai, mais sa pénalité facile renvoyée par le poteau, s’est transformée en ballon d’essai … pour lui-même.

  • Ses points forts

Si l’on devait faire un énorme effort de synthèse on choisirait deux mots, l’inspiration et surtout, la vitesse. Un entraîneur réputé du Top 14 nous a confiés dans la semaine : « J’ai bien analysé le match Lyon-Bordeaux. Évidemment on a beaucoup parlé de Tambwe, c’est normal, parce qu’il a des canes. Mais si l’on revoit la rencontre, on se rend compte que celui qui a fait la différence, c’est Matthieu Jalibert. Sans lui, le match n’aurait pas été le même, ça ne fait aucun doute. Quand il a fallu mettre de la vitesse au bon endroit, au bon moment, il a été incomparable. »

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