Élections FFR – Florian Grill : une prise de pouvoir en 7 actes

  • Florian Grill a été élu à la présidence de la FFR.
    Florian Grill a été élu à la présidence de la FFR. Icon Sport
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Florian Grill n'a pas la notoriété des derniers présidents de la FFR élus. Alors comment est-il parvenu à se hisser jusqu'au poste fédéral le plus important ? Son ascension a été rapide mais méthodique.

De cheville ouvrière à candidat

Après avoir été deuxième ligne au Paris Université Club, Florian Grill a poursuivi son engagement dans le rugby. Il a été éducateur et président de 2009 à 2012 de l'AC Boulogne-Billancourt. Élu en décembre 2017 à la présidence de la Ligue Ile-de-France, il était auparavant proche de Pierre Camou, au point d'être sur sa liste en 2016. Cet engagement « de vingt ans dans les territoires » lui a permis de gagner du crédit et en octobre 2020, il était à la tête de la liste face à Bernard Laporte.

Un échec pour un rien

Après son premier succès en 2016 face à Pierre Camou, Bernard Laporte est réélu avec 51,47% des suffrages (les 1900 clubs étaient appelés à voter). L'ancien sélectionneur bénéficie de la majorité des 40 sièges du comité directeur de la « fédé ». Mais cet échec d'Ovale Ensemble à quelques dizaines de voix est le point de départ d'une opposition plus active de la part de ses neuf élus au sein du comité directeur.

Un opposant actif

Ovale Ensemble, porté par Florian Grill, s'est toujours targué de proposer une résistance farouche au camp Laporte. Régulièrement lors des différentes assemblées du comité directeur, l'opposition porte bien son nom. Exemple avec le grand congrès des clubs 2022, qui s'est déroulé du 30 juin au 2 juillet 2022, avec un comité directeur en prime : « La gouvernance actuelle fait de plus en plus preuve de fébrilité lors des réunions qui la confrontent aux questions légitimes de l'équipe Ovale Ensemble issues des remontées du terrain, avec des présentations tronquées, des comptes illisibles, des séances de questions/réponses minimalistes, des arguments hors sujet, des propos déplacés voire agressifs. »

Le soutien de la ministre face aux affaires Laporte

En décembre dernier, Bernard Laporte était condamné à deux ans de prison avec sursis pour corruption. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra estimait que cette condamnation faisait « obstacle » à la mission de l'ancien sélectionneur à la tête de la FFR. Elle s'appuyait sur le conseil du comité d'éthique (créé par le même Bernard Laporte) pour exprimer : « Il (le comité d'éthique) démontre que Bernard Laporte n'est plus, en l'état, en mesure de justifier du crédit, de l'autorité ni de la confiance qu'impose la fonction de président. C'est totalement aligné avec mon communiqué. » Les avocats de l'ancien entraîneur Mes. Fanny Colin et Jean-Pierre Versino-Campinchi pointaient « les efforts déployés par la ministre des Sports pour provoquer de nouvelles élections à la FFR », remarquant qu'elle « a soutenu ouvertement, à travers une association (Rénovons le sport français), la liste de Florian Grill. » Elle a alors rétorqué qu'elle n'accepterait pas que son « impartialité soit mise en cause » : « cette ligne de défense, fondée sur l'espoir de faire diversion, n'est pas digne. »

Le vote « non » à Buisson pour le poste de président-délégué

Résultante de la condamnation de Laporte dans son affaire liée à Mohed Altrad, mais aussi de la polémique du trafic de billets présumé visant Sébastien Chabal, ambassadeur France 2023, et Henri Mioch, ex-international français, les clubs votent en majorité contre la désignation de Patrick Buisson comme président-délégué de la FFR. Une première défaite dans les urnes pour le clan Laporte.

Un raz-de-marée sur la complétion du comité directeur

Le 1er février, on apprenait que malgré le vote contraire au clan Laporte, Alexandre Martinez serait nommé en tant que « président par intérim ». De plus, le comité directeur de la FFR décidait de rester en place. « C'est un véritable hold-up sur le rugby français », accusait Florian Grill. Dans la foulée, les membres de l'opposition Ovale Ensemble décidaient de démissionner du comité directeur. Mais sur l'élection partielle concernant douze sièges à pourvoir sur les 40 que compte le comité directeur, Ovale Ensemble en rafle onze, le dernier allant à Guilhem Guirado. « C'est une très belle victoire, qui va au-delà de nos espérances, se réjouissait Grill. Nous sommes prêts à gouverner, en rassemblant le rugby français et en l'apaisant. »

Une élection dans le fauteuil de favori

Sa notoriété grandissante, l'actualité judiciaire, le scrutin partiel favorable deux semaines plus tôt... Avec tous ces éléments en sa faveur, Florian Grill, dont l'élection au comité directeur fin mai lui permet de se présenter à la présidence, s'avance pour cette élection avec un nouveau statut. Fort d'une campagne très active (« 45 réunions sur le terrain au contact de plus de 600 clubs »), il est élu. Mais il devra donc présider avec une majorité contre lui.

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