L'édito : Une si belle jeunesse

  • Les Bleuets de Posolo Tuilagi (deuxième en partant de la gauche) incarnent un vent de fraîcheur dans le rugby français.
    Les Bleuets de Posolo Tuilagi (deuxième en partant de la gauche) incarnent un vent de fraîcheur dans le rugby français. Steve Haag / Icon Sport - Steve Haag / Icon Sport
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En d’autres temps, je vous aurais certainement parlé de la ligue mondiale, officialisée ce samedi par World Rugby. Une compétition de plus posée sur les dates des tournées d’été et d’automne, mais un rendez-vous entre gros bras qui nous offrira des affiches alléchantes en lieu et place des confrontations baroques et déséquilibrées qui se jouaient lors des voyages aux longs cours.


Voilà pour la face dorée de la médaille. Son revers renvoie d’autres critiques, qui siffleront aux oreilles des grands décideurs de l’instance suprême internationale : le sempiternel entre soi dans lequel notre sport ronronne ; le fossé ainsi creusé avec les nations émergentes priées de se débrouiller sans l’aide des locomotives ; la surcharge du calendrier et, vu de chez nous, une menace directe envoyée à l’adresse du rugby des clubs.
Permettez l’attente, avant de traiter le sujet. Pour l’heure, célébrons le succès prestigieux remporté jeudi par nos Bleuets face à la Nouvelle-Zélande, en pleine Coupe du monde, sous la pluie sud-africaine. Bravo les jeunes, pour la démonstration, la force et le caractère affichés. Bravo, mais ne vous endormez surtout pas sur cette couronne de lauriers. Pas question de vous enflammer, vous n’avez jamais battu que les… Baby Blacks ; et le titre reste à conquérir.

Nous non plus, nous ne nous enflammerons pas même si la promesse est belle avec, cerise sur le gâteau, la prestation majuscule du colosse Posolo Tuilagi. 18 piges, 149 plombes sur la balance, deux essais pour sonner les Néo-zélandais et semer le trouble dans les esprits… Peut-il raisonnablement s’inviter à la table du XV de France dans les mois à venir ? Peut-il même griller les étapes, et s’imposer d’ici à l’ultime liste de Galthié ?
Ce pourrait être trop tôt : le gamin a encore besoin de grandir, de s’affirmer et de se renforcer physiquement - un comble ! - pour résister à ce Mondial annoncé comme un pic extrême en termes d’intensité et de violence. À moins que l’absence de Meafou et de nouveaux exploits de notre « Poso » viennent tout chambouler et sans que l’âge soit un critère. Car ce Tuilagi a tout d’un vrai ovni : ogre viril naturellement incisif.

Patience. Il convient d’abord d’apprécier le paysage. Dans les pas de leur « 38 tonnes », les Bleuets nourrissent de légitimes espoirs et portent la flamme du rugby français tout entier. Sans préjuger de leurs prochains résultats, ces jeunes incarnent déjà le succès de la formation française. Ils justifient à eux seuls les choix stratégiques assumés depuis quelques années : d’abord la fin du pôle France ; ensuite et surtout, l’instauration des « Jiff » pour limiter l’afflux de ces joueurs étrangers qui faisaient le bonheur des clubs mais qui ruinaient le potentiel des équipes de France.


Cette folie des grandeurs a passé, fort heureusement. La voie est libre pour nos jeunes qui disposent enfin du savoir-former à la mesure de leur talent, et qui peuvent enfin jouer au plus haut niveau. Ces Bleuets cuvée 2023 sont quasiment tous rodés au Top 14 et ce n’est donc clairement pas un hasard s’ils brillent face aux meilleurs. L’avenir est en marche.

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