Histoire - Armand Vaquerin, trente ans de la mort d'une légende de Béziers

Par Loïc Bessière
  • Armand Vaquerin, au centre, avec la France
    Armand Vaquerin, au centre, avec la France MIDI-OLYMPIQUE - PHOTO ARCHIVES
Publié le Mis à jour
Partager :

Il y a trente ans jour pour jour, Armand Vaquerin décédait. La mort d'un grand nom du club et de la ville de Béziers et d'un des personnages les plus marquants du rugby français dans les 70's et les 80's.

Le 10 juillet est un jour particulier à Béziers. Chaque année, beaucoup ont une pensée pour Armand Vaquerin. Le 10 juillet 1993, l'ancien pilier gauche décède au bar des Amis. Pour Richard Astre, c'était hier. Roulette russe ou pas, la vérité précise sur les circonstances de son décès ne sera sans doute jamais établie. Qu'importe. Il y a plein d'autres choses à écrire sur Armand Vaquerin. Né à Sévérac-le-Château, dans l'Aveyron, il était un formidable joueur de rugby. Capable de jouer à gauche comme à droite de la mêlée, il prend la place de gaucher à Jean-Pierre Hortoland, qui s'exilera de l'autre côté de la frontière, comprenez à Narbonne. Pendant seize années, il sera le numéro un du "Grand Béziers". Si dans cette période les joueurs de Béziers n'étaient pas vraiment des enfants de chœur, avec les Michel Palmié, Alain Estève et compagnie, ils étaient aussi des formidables joueurs de rugby. Armand Vaquerin n'échappe pas à la règle. Richard Astre, alors demi de mêlée de l'ASB, rappelle à quel point son coéquipier adorait être le premier attaquant, à une époque où les premières lignes servaient uniquement à pousser en mêlée et faire le ménage dans les rucks. Une innovation au crédit de l'entraîneur Raoul Barrière. Le Sorcier de Sauclières et Armand Vaquerin entretenaient d'ailleurs une relation singulière. 

Pilier moderne avant l'invention de ce sobriquet par les spécialistes, Armand Vaquerin ne compte que 26 sélections avec les Bleus. En 1975, une blessure contractée en finale contre Brive le prive de la tournée en Afrique du Sud. Un tournant ? Peut-être. Mais peu de joueurs de Béziers ont eu une carrière longue et régulière sous le maillot bleu. Étonnant, avec notre œil habitué au rugby moderne, et à la vue du XV de France actuel, composé d'une bonne partie de joueurs toulousains et rochelais. Et le "Grand Béziers" c'était quand même dix championnats remportéen quatorze saisons, est-il nécessaire de le réécrire ? Et un seul joueur a ramené les dix boucliers de Brennus sur les Allées Paul-Riquet : Armand Vaquerin. Les records sont faits pour être battus. Sauf celui-là. 

Proche des Biterrois

Dans la cité biterroise, beaucoup ont une anecdote à raconter sur Armand Vaquerin. À commencer par ceux qui l'ont côtoyé, comme Diego Minarro : "Armand portait des valeurs d’humilité, de remise en question permanente, d’abnégation et une certaine admiration dans la jeunesse qui montait. C’était notre papa. Si on avait pris un coup il passait à côté de nous et nous disait : "Relève-toi, ne montre pas que tu as mal." Quand j’ai soulevé mon premier bouclier, en 1983, il voulait que je reste à côté de lui pour voir ma réaction, lui qui en avait neuf", confie l'ancien talonneur. Il le confesse, décrocher son combiné pour évoquer la mémoire de son ancien partenaire est toujours un moment agréable. Richard Astre tient le même discours. 

Mais Armand Vaquerin c'est aussi de nombreux moments de communions avec les gens de sa ville, Béziers. Il y a les soirées dans ses bars, Le Mondial ou Le Cardiff. Mais aussi les verres et cafés partagés, les discussions, une tape sur la main. "Armand de Béziers", dixit le Roi Richard, est sociable, accessible, ce qui contribue à sa légende. Le 10 juillet 1993, revenons-y. Le moustachu est au bar des Amis, 3 rue Léon Garibaldi. Une détonation retentit, le corps de l'Aveyronnais s'écroule. Plusieurs explications circulent encore aujourd'hui sur le pourquoi du comment de ce coup de feu fatal, la roulette rousse restant la plus souvent donnée. Le journaliste biterrois Alexandre Mognol a consacré deux podcasts à la mort du pilier. "Le Canon sur la tempe" puis "La Dernière Tournée". À chaque fois, c'est un an de travail. "Localement, cette histoire a marqué les gens. À Béziers, il y a un traumatisme quand Armand décède", explique-t-il.

Une mémoire encore vivante

Né en 1991, il n'a jamais vu jouer Armand Vaquerin, n'a jamais parlé avec lui. Mais l'histoire d'Armand Vaquerin se conte et se transmet. "J’ai grandi avec, comme tout enfant de Béziers. Tu es un enfant de Béziers, donc tu dois savoir qui c’est. On grandit avec le rugby, le grand Béziers et donc avec l’histoire d’Armand Vaquerin, fer de lance de cette équipe." Mais avec les podcasts d'Alexandre Mognol, Armand Vaquerin dépasse la sphère biterroise et même de la planète ovale. Par exemple, le site Slate l'a placé dans ses dix podcasts préférés de l'année 2022. 

Les joueurs du "Grand Béziers" sont des personnalités publiques. Il n'est donc pas surprenant de voir que chaque village autour de la cité biterroise a sa rue Pierre Lacans. Armand Vaquerin, lui, a une avenue à Béziers, proche du stade Raoul-Barrière. Devant le stade, côté tribune Honneur, une statue d'Armand Vaquerin soulevant le bouclier de Brennus accueille joueurs et supporters, entourée des photos des onze équipes biterroises championnes de France et devant une plaque avec les noms de tous les joueurs ayant ramené un bout de bois dans le sud de l'Hérault. Le club fait savoir par la voie de son coprésident Jean-Michel Vidal que rien ne sera fait ce 10 juillet à l'attention de son ancien pilier. En revanche, il annonce que l'ASBH se joint à l'hommage qui lui sera rendu sur ses terres natales, lors de l'annuel Challenge Vaquerin. Pour la première journée de Pro D2 et l'affiche Béziers-Angoulême, le club travaille sur un hommage. Un juste retour des choses pour un homme, un joueur prêt à tout donner pour son club et sa ville. Trente ans après, il y a toujours autant à dire et à écrire sur Armand Vaquerin.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
fojema48 Il y a 10 mois Le 10/07/2023 à 18:50

C'est avec des Vaquerin, des Paco, des Palmier et tant d'autres de ces épopées que j'ai appris à aimer le rugby, les mêlées et autres envolées de ce bizarre ballon !