Coupe du monde de rugby 2023 - Beka Gorgadze (Géorgie) : "Qu’est-ce qui nous empêche de rêver ?"

  • Beka Gorgadze va connaître sa deuxième Coupe du monde avec la Géorgie
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À Tbilissi, là où la Géorgie préparait son Mondial, nous avons rencontré le troisième ligne centre et cadre de la sélection géorgienne Beka Gorgadze (27 ans). Le joueur de la Section paloise ne cache pas les ambitions des Lelos pour la Coupe du monde en France, compétition qu'elle disputera avec la meilleure génération de la nation caucasienne. Avec beaucoup d'humilité, il espère que la Géorgie se qualifiera pour la première fois et marquera l’histoire du pays.

Sentez-vous que l’équipe est mieux préparée que pour la précédente compétition au Japon il y a quatre ans ?

2019 reste pour moi une mauvaise expérience, un échec même. On avait fait énormément de physique sans vraiment trop faire de rugby. Cette année, c’est complètement différent. Le fait qu’on fasse beaucoup d’entraînements avec ballon a fait progresser notre jeu. En regardant d’un oeil extérieur puisque je finis de me rétablir pour l’instant, l’équipe est vraiment bien malgré la chaleur. La préparation était dure mais les jours de matchs, on arrive à libérer tout ce qu’on a garder comme fatigue et comme stress pendant les semaines de préparation. Il y a un engouement autour de nous vraiment excellent, comme on a jamais senti auparavant. C’est peut-être aussi lié à nos bons résultats de la saison dernière. Mais il ne faut pas s’emballer, ça reste la Coupe du monde et toutes les équipes seront prêtes. Et d’un autre côté, avec de l’humilité et de la patience, je crois qu’on peut aller chercher quelque chose de beau.

Sur une échelle de 1 à 10, à combien évaluez-vous vos chances de sortir de cette poule C ?

Je vais mettre 7. Vous savez, c’est un rêve absolu pour nous. Je n’ai pas envie qu’on s’emballe trop parce que le contre-coup peut faire mal mais en même temps, il y a cette effervescence, cette dynamique que l’on a. Qu’est-ce qui nous empêche de rêver ?

Il y a probablement la meilleure génération de l’histoire de la Géorgie pour cette Coupe du monde en France. Cela veut dire que les attentes sont aussi exceptionnelles ?

La seule pression qu’on peut avoir, c’est les attentes que nous avons envers nous-même. Les gens attendent par exemple que l’on batte encore le pays de Galles. Ça ne va pas du tout être pareil au Mondial. Mais nous, dans nos têtes, on sait qu’on l’a déjà fait donc forcément on y pense et on veut le reproduire. Ce qu’on veut surtout, c’est valider notre préparation. On doit cibler tous les matchs. On s’est fixés des objectifs pour chaque rencontre. Mais attention, l’Australie et le pays de Galles sont dans une situation parfaite pour eux. Il y a pas d’attentes les concernant vu leurs mauvais résultats en 2023. L’Australie a sévèrement subit lors du Rugby Championship. Les Gallois ont fait un mauvais tournoi, ont licencié 3 coachs, et ont perdu leurs cadres. Personne ne les attend mais nous, nous sommes sûrs qu’ils seront là.

Niniashvili, c'est notre plus grand talent

La progression de l’équipe nationale et les récents bons résultats contre des sélections majeures ont-ils un lien avec l'évolution des joueurs géorgiens en Top 14 et Pro D2 ?

Il y a deux choses selon moi. Le premier gros changement, c’est le développement de la franchise des Blacks Lions. L’impact que cela a apporté à l’équipe nationale est vraiment important. La deuxième réalité, c’est l’évolution de notre temps de jeu, pour ceux qui jouent en France. Il n’a d’ailleurs jamais été aussi haut je pense. Que ce soit pour les avants ou les trois-quarts, nous avons tous jouer davantage ces dernières saisons. Le fait d’avoir progresser ensemble, en même temps, dans des rencontres de top niveau participe à notre amélioration. En comptant ces deux données, et si en plus on ajoute les talents qu’on a chez les arrières, le résultat est là.

Justement, concernant les talents, un en particulier crève l’écran en Top 14 : le Lyonnais Davit Niniashvili. Il refuse qu’on le qualifie de « star » de l’équipe…

Il le sait très bien que c’est la star (rires) ! C’est notre plus grand talent oui, ce n’est un secret pour personne. L’essentiel, c’est juste qu’il reste la même personne, qu’il ne change pas de comportement. Davit, c’est notre petit frère on va dire. Si on le voit dévier et prendre des chemins qui ne correspondent pas à ce que l’on est, à notre mentalité, il va prendre quelques claques pour lui remettre les pieds sur terre (rires). Après, sincèrement on n’est pas inquiet pour lui. Mais dans l’équipe, notre force, c’est notre amitié et notre fraternité. Cela fait un moment que je suis en sélection, depuis 2015, et j’ai jamais senti ce que je ressens cette année.

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C’est à dire ?

Maintenant, en étant plus âgé et plus expérimenté, de voir que tous les jeunes sont à l’écoute, c’est très important. On a le sentiment depuis longtemps qu’on avait les capacités pour faire de belles choses mais on n'arrivait pas à nos fins. Maintenant, on a cette confiance grâce à ces résultats qu’on a eu et si on ajoute notre amitié, de la discipline dans notre jeu, on est certains qu’on peut faire de grandes choses. Notre objectif dans cette Coupe du monde va être de jouer nos quatre matchs à fond et si il y a trois victoires, ça sera parfait. Mais si on y arrive pas et qu’on a tout donné, on pourra quand même être fier.

Gailleton ? C'est une pépite !

Sur le poste de numéro 8 que vous connaissez bien, la France a un joueur que vous avez affronté en Top 14 : Grégory Alldritt. Est-ce que c’est une référence au poste pour vous ?

Il est dans les meilleurs joueurs du championnat évidemment. Peut-être qu’il ne va pas briller à chaque match, mais Greg est un des joueurs les plus réguliers que j'ai vu. Plus personnellement, j’aime beaucoup le style de Facundo Isa à Toulon. J’apprécie les joueurs polyvalents, qui vont plaquer, gratter, porter le ballon et faire mal à l’impact. L’arrivée de Sam Simmonds va aussi faire du bien à Montpellier. Giovanni Habel-Kuffner, avec qui je m’entends super bien, fait aussi partie des profils que j’aime bien, même si il faut qu’il plaque plus (rires).

À Pau, vous avez joué avec Jordan Joseph, parti au Racing 92 depuis. Fait-il partie des meilleurs 8 du championnat ?

Jordan a vraiment une très grande marge de progression. Maintenant, je pense que cette saison va être un tournant pour lui. C’est le moment où il va pouvoir prouver qu’il est un très bon 8 du championnat. Il est très attendu.

Un autre de vos coéquipiers brille en France, un certain Émilien Gailleton (20 ans). Quel est votre regard sur ce jeune joueur ?

C’est une pépite ! Franchement, bravo à lui pour ce qu’il a fait cette saison. C’est mérité. C’est un énorme bosseur, ultra discipliné. Il n’y a pas de secret, ça paye cash. Émilien est un excellent finisseur et on a de la chance de l’avoir dans l’équipe. Il a été très important pour nous cette saison. Faire sa première année en Top 14 et finir meilleur marqueur, c’est quand même quelque chose de fort à son âge. Le fait qu’il ne soit pas pris dans la liste de l’équipe de France pour la Coupe du monde n’est pas très grave, rien n’est fini, il a encore de longues années devant lui.

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