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200 ans d'histoire (49/52) : Argentine, Irlande, pays de Galles... Le retour des nations du second rideau dans la décennie 2000

  • L'Argentine d'Agustin Pichot a terminé troisième de la Coupe du monde 2007.
    L'Argentine d'Agustin Pichot a terminé troisième de la Coupe du monde 2007. Dave Winter / Icon Sport - Dave Winter / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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À la surprise générale, les années 2000-2010 ont fait du bien aux nations du second rideau, Celtes, Argentins qui ont su apprivoiser le professionnalisme.

Il arrive que les oracles se trompent. Le rugby a vécu un virage radical en 1995 avec le passage au professionnalisme, sur le coup on pensait que cette métamorphose serait une sanction impitoyable envers les « vieilles petites nations », les Celtes essentiellement. Les décennies 1980-1990 avait été dures pour les Irlandais et les Gallois qui semblaient n’avoir pour ambition que d’éviter la cuiller de bois. L’Irlande a vécu 17 ans sans battre la France (83-2000), le pays de Galles douze (82-94). Dans ces années 1995-2000, on pensait qu’un quintet, composé des trois sudistes, de la France et de l’Angleterre allait tout écraser et que les Gallois, Irlandais et Écossais seraient des faire-valoir, éventuellement rattrapés par d’autres nations (États-Unis, Canada, Italie, Japon). Et c’est le contraire qui s’est passé : ces nations du second rideau ont trouvé dans ce rugby vécu à temps plein un nouveau souffle inattendu. Un événement symbolise à nos yeux ce clin d’œil du destin : le grand chelem 2005 du pays de Galles, 27 ans après le précédent qui datait de 1978, un âge d’or que beaucoup ne pensaient jamais revoir.

Ce sacre, personne ne l’avait vu venir d’autant plus que deux ans avant, en 2003 les Gallois avaient reçu la cuillère de bois avec quasiment la même équipe. L’équipe entraînée par l’éphémère Mike Ruddock ouvrit clairement une nouvelle ère. Les Diables rouges ont ensuite connu trois nouveaux grands chelems en 2008, 2012 et 2019, plus deux victoires « simples » dans les Tournois 2013 et 2021. Quatre joueurs purent donc terminer leur carrière avec trois « cartons pleins » (Gethin Jenkins, Adam Jones, Ryan Jones et Alun-Wyn Jones) et ainsi égaler les monstres des années 70, Gareth Edwards, Gerald Davies et JPR Williams qu’on croyait inégalables.

L’insolente réussite irlandaise

Le plus frappant, c’est que les Irlandais ont connu une trajectoire comparable encore plus vertigineuse même. Les « cancres » des années 90 semblaient incorrigibles avec leur style brouillon. On les a vus dans la décennie suivante monter dans un ascenseur doré. Le symbole en fut la victoire des Vert en 2000 au Parc des Princes et au succès du Munster en 2006 en Coupe d’Europe. Depuis l’Irlande est devenue une puissance de premier plan : avec trois grands chelems (2009, 2018, 2023), le dernier datait de 1948 et six coupes d’Europe gagnées par le Munster et le Leinster. L’équipe nationale a même battu par trois fois les All Blacks, ce qui n’était jamais arrivé auparavant. En quelques années, ce rugby irlandais est devenu une machine de guerre, modèle d’organisation et de planification. Les plus anciens se frottent les yeux. Pour l’Écosse, la réussite fut moins éclatante, c’est vrai. Les années 2000 furent difficiles, mais la nation la moins riche en pratiquants ne s’effondra pas pour autant. Elle revint même dans le jeu à partir des années 2010 avec des performances honorables.

Gloire au modèle centralisé

Comment expliquer ce phénomène des "tigres celtes" ? Par la création des franchises provinciales. Elles ont permis de concentrer les joueurs de haut niveau dans un environnement compétitif. L’Irlande et le pays de Galles partagent leur élite en quatre équipes phares, et l’Écosse se contente de deux équipes fortes (Glasgow et Edimbourg). Ces franchises purent tout de suite trouver un terrain de jeu idéal à travers deux nouvelles compétitions, la coupe d’Europe, et la ligue celte, championnat d’un nouveau genre, une ligue fermée sans descente. La formule permet de faire reposer les internationaux, de faire jouer des jeunes et de pratiquer un jeu ambitieux. Même si tout ne fut pas parfait, une dynamique s’est créée pour maximiser les ressources de ces petits pays. Puis surtout, les rugbys irlandais, écossais et gallois sont restés sous l’égide de leur fédération qui pilote les fameuses franchises. Ils ont opté pour un modèle centralisé, à la différence de ce qui se passe en Angleterre ou en France, où les joueurs d’élite jouent dans des clubs privés. Ce modèle a soudain semblé adapté à la dimension de ces nations de tradition, portées par le poids de l’histoire.

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