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6 Nations 2024 - La grande illusion : le commentaire général d'Écosse - France

Par Marc Duzan
  • Doit-on se réjouir ou s'inquiéter de la dernière performance des Bleus, en Ecosse ?
    Doit-on se réjouir ou s'inquiéter de la dernière performance des Bleus, en Ecosse ? PA Images / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Vainqueurs en Écosse, Gregory Alldritt et ses coéquipiers n’ont pourtant pas dissipé les doutes entourant leur début de campagne. Doit-on rire ou pleurer ?

Il n’appartient qu’au rugby - et à la boxe, peut-être – de laisser une telle place aux arbitres, dans la dramaturgie de l’oeuvre qu’il eut tant de mal à produire. Il n’appartient en réalité qu’au rugby d’offrir à celui qui ne devrait être qu’un rouage ou un figurant, le rôle du démiurge et du metteur en scène. Depuis que Fabien Galthié a quitté Murrayfield en nous assurant que ce match fut à ses yeux du dernier chic, des centaines d’images et des dizaines de plans ont donc circulé, au propos de l’épilogue de cet Ecosse - France. Mais personne, absolument personne, ne peut aujourd’hui jurer que Sam Skinner a aplati le ballon ou au contraire, n’a pas marqué. Il existe ici un flou juridique que les Bleus évacuent en décrétant que la main de Dieu (ou celle de Posolo Tuilagi, plutôt), le crampon de Yoram Moefana ou les deux réunis faisaient ce jour-là écran entre la tourbe d’Edimbourg et l’ami « Gilbert », auquel Blancs et Bleus voulurent décidément bien du mal, en ce sinistre après-midi. Il demeure une zone d’ombre que le site de paris sportifs Paddy Power a décidé d’honorer, offrant le"remboursement de la justice" à ceux qui avaient misé sur une victoire écossaise avant d’en être dépossédés. Il persiste une part de mystère que la seule interprétation de Nic Berry a dissipée, lorsqu’il fut question de coller un score final à ce match dont on oubliera jusqu’à l’existence, d’ici trois jours.

Ce qui nous poursuivra longtemps, en revanche, c’est la noble réaction de Murrayfield et de ce bon peuple écossais, à l’instant où l’arbitre australien mit fin à ce match. Et l’on jure ne pas y avoir alors entendu la moindre bronca, la moindre insulte. On jure que le discernement et le flegme de tout ce stade eut même de quoi interpeller, quand un épilogue similaire aurait provoqué, au Stade de France ou au Vélodrome, un soulèvement, une colère à ce point gauloise qu’elle se serait poursuivie durant plusieurs jours, et probablement jusqu’au coup d’envoi du prochain France – Italie.

Fébrilité, contagion : quand les Bleus perdent leurs nerfs

Pourquoi n’est-il pas venu à l’esprit de ces milliers d’hommes et de femmes qui tournaient à présent le dos à Murrayfield en se demandant juste s’il resterait ou non de la place sur le comptoir gluant du White Hart Inn, d’hurler au complot et de rappeler dans une éructation primale à tous les tribunaux populaires que compte ce vieux monde que Nic Berry a, pour avoir passé trois ans au Racing, des liens certains avec la France ? N’ont-ils jamais songé que leurs visiteurs du jour, seulement trois mois après avoir menacé World Rugby de mettre le feu à son building, avait dû retrouver une certaine influence dans les arcanes internationales, pour subitement bénéficier d’une série d’appréciations favorables de la part d’un arbitre, d’abord sur le plaquage de Uni Atonio puis sur l’action dont on cause ? C’est qu’on a beau retourner ce match en tout sens, on a finalement trouvé ledit Berry plutôt bien disposé à l’égard du XV de France, samedi après-midi. On a même trouvé le directeur de jeu fort aimable, pour avoir feint l’indifférence et regardé ailleurs lorsque les Bleus, fébriles et davantage pendant plus d’une heure, gesticulaient, pestaient et levaient les bras au ciel, quand Maxime Lucu, Gaël Fickou, Damian penaud ou Matthieu Jalibert auraient tous dû être condamnés au bûcher, pour avoir empiété sur le territoire sacré de Gregory Alldritt, seul individu autorisé à causer à l’arbitre.

Nic Berry a exclu temporairement Uini Atonio à la fin de la première période.
Nic Berry a exclu temporairement Uini Atonio à la fin de la première période. MB Media / Icon Sport - MB Media / Icon Sport

Parce que face aux micros, Fabien Galthié eut beau mettre en avant la formidable "réaction d’orgueil" de son groupe en Ecosse, son discours sera forcément tout autre, au moment de retrouver ses hommes à Marcoussis, dans une semaine : au crépuscule de la Coupe du monde, le sélectionneur national avait ainsi fait de ce qu’il nomme « le rapport de force psychologique » son premier combat, admettant sans le dire que le dernier quart-de-finale de Coupe du monde avait été foiré parce que ses Bleus avaient perdu leurs nerfs, à l’instant où la passe de Damian Penaud avait par exemple été claquée dans un immonde smash par Eben Etzebeth."On a l’obligation d’être moins impactés par les décisions, confiait le sélectionneur avant le début du Tournoi. La frustration est contagieuse : quand un joueur commence à lever les bras, tous les autres le font. Voilà pourquoi un seul homme doit aujourd’hui parler sur le terrain. " So what, my dear * ? Ou Fabien Galthié n’a pas été suffisamment clair, ou alors il appartient désormais aux arbitres du Top 14 à hausser le ton et sonner le glas de ces manières de starlettes qui ne manqueront pas, un jour, de faire glisser le rugby dans la vulgarité propre au ballon rond, dès lors qu’il est question du rapport entre obligeant et obligés.

Les trois doigts d’une main…

Au moment de quitter cette prodigieuse cité d’Edimbourg, où chacun des pavés de la vieille ville cache une légende médiévale ou un conte d’enfant, on se dit que la grille d’appréciation de ce voyage en Ecosse est aussi fragile que ne le semble cette équipe de France depuis la fin de la Coupe du monde. On se dit que sans les trois doigts d’une main, un morceau de cuir et le seul jugement d’un homme, le rugby français aurait probablement décrété dans un spasme unanime et une rogne très gauloise que nous avions vécu quatre ans durant dans une forme d’hallucination collective et que par conséquent, le temps était aujourd’hui venu de faire tomber des têtes, au risque de goûter à la cuillère de bois pour la première fois depuis 1957.

A quoi ça tient, hein ? A quoi tient-il qu’aujourd’hui, tout ce que le pays compte d’optimistes se raccroche avec force à la rhétorique du sélectionneur national, qui dit plutôt justement que le XV de France "n’a pas toujours gagné à Murrayfield", dans son histoire ? A quoi tient-il que les autres ne retiennent tout aussi justement que cette équipe de France semble aujourd’hui jouer au rugby la peur au ventre, incapable de soumettre les 30 000 licenciés de l’Ecosse quand on la crut, quatre ans durant, taillée pour dominer le monde ? A rien, sans doute. Ce pas grand-chose qui porte en lui le pouvoir d’entretenir un espoir. Ou alors de nourrir une fâcheuse illusion…

* Alors quoi, mon cher ?

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Les commentaires (13)
didi31 Il y a 2 mois Le 11/02/2024 à 17:37

Si galthie veut des idées de management,il faut qu'il fasse un stage en Irlande. Et aussi qu'il arrête de faire jouer des préretraites qui ne seront plus là pour la prochaine coupe du monde

Aberwrach Il y a 2 mois Le 12/02/2024 à 09:25

Il y a des pré-retraités qui ont encore leur place. Penser que tous les jeunes ont leur place et sont meilleurs c'est comme dans votre entreprise où un jour peut-être pas très loin vous allez être mis aussi à la porte car vous serez "trop vieux" ...

Berniel Il y a 2 mois Le 11/02/2024 à 17:23

Monsieur le rédacteur de cet article, votre critique acerbe des joueurs, de Fabien Galthié et du public français est particulièrement pénible et injuste. Certes, cette équipe n'a pas le niveau qu'on souhaiterait privée d'Antoine Dupont et de Romain Ntamack entre autres, mais quand même... Croyez-moi, je préférais de loin les commentaires chauvins de Roger Couderc aux vôtres!! Enfin, ne vous en déplaise, c'est un joueur de l'UBB qui a inscrit le plus bel essai du match!

softride Il y a 2 mois Le 12/02/2024 à 02:23

Un joueur de l:UBB ou de la planète Mars peu importe.
Quid de la charniere UBB?
Ne rajoutez pas la querelle de clochers.
Le plan de jeu n'a a mon avis pas bougé d'un iota et c'est là le problème

ric33250 Il y a 2 mois Le 11/02/2024 à 14:11

Sans Dupont , Galthié nous montre ses faiblesses , aucun fond de jeu, rien, on a des joueurs perdus,l 'EDF est sans âme.
Pourquoi ces joueurs sont bons dans leur club et nuls en sélection?
Pourquoi ne pas essayer de jouer les derniers matchs du tournoi sans Galthié(chiche!)

Ptigat Il y a 2 mois Le 11/02/2024 à 15:22

Moi je dirais plutôt allez les gars c'est vous sur le terrain choisissez votre plan de jeux et faites comme bon vous semble