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EXCLUSIF. "Benoit Saint-Denis, le rugby dans la peau" : rencontre avec le combattant français avant le choc face à Dustin Poirier

Par Tristan Failler
Publié le Mis à jour
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Benoît Saint-Denis est la star française du moment dans le monde des arts martiaux mixtes (MMA). Passionné du rugby, supporter de deux clubs en Ciel et Blanc et amis des stars du Top 14, "BSD" nous a accueillis en début d'année dans les installations de l’Aviron bayonnais, où il prépare activement son combat. Une échéance immense, prévue dans le nuit du 9 au 10 mars, à Miami, face à la légende Dustin Poirier. Rencontre avec celui que l'on surnomme « le Dieu de la Guerre ».

Arrivées dans la cage sur le Chant des Commandos, symboles militaires et chrétiens tatoués sur le corps et gueule de méchant dans les films : Benoît Saint-Denis, 28 ans, est le phénomène mondial du moment. Celui que l’on surnomme « God of War » - traduisez sobrement Dieu de la guerre - est l’une des étoiles montantes des sports de combat dans le monde. D’abord champion de jiu-jitsu brésilien, il est devenu une référence dans le milieu des arts martiaux mixtes (MMA). « BSD » connaît une ascension absolument fulgurante. Depuis plusieurs années maintenant, il s’est construit une réputation internationale à l’UFC (Ultimate Fighting Championship), l’organisation reine de la discipline, en catégorie poids légers – 70 kg, dans laquelle a notamment brillé le célèbre irlandais Conor McGregor. Son combat prévu ce 9 mars à Miami face à l’Américain Dustin Poirier, numéro 3 mondial, pourrait continuer d’accroître la ferveur autour du Français aux poings et pieds ravageurs. C’est donc à l’occasion de ce choc tant attendu que nous sommes allés à sa rencontre.

Le MMA est une discipline qui se démocratise ces dernières années
Le MMA est une discipline qui se démocratise ces dernières années

Une bonne heure en sa compagnie pour le découvrir lui, sa méthode de travail et ses liens avec le rugby. C’est donc à Bayonne, où il a élu domicile depuis avril 2023, que nous nous sommes donnés rendez-vous. Plus précisément à « l’AB Campus », le centre d’entraînement de l’Aviron bayonnais. C’est derrière ces murs que le combattant se prépare physiquement pour le jour J. En ce samedi hivernal, il poursuit sa préparation avec une séance à intensité modérée en compagnie de son préparateur physique Fabien Berenguel. Habituellement ultra-rigoureux, il n’est pas à l’heure. Pas dans les habitudes de cet ancien militaire. En réalité, accompagné de son cadet Mayeul, pompier de Paris, les frangins ont simplement profité de leur moment commun pour se retrouver au grand air. Ils sont allés crapahuter dans les montagnes basques pendant une vingtaine de bornes dans l’après-midi en grimpant notamment au sommet de l’Artzamendi. Mais pas de doute, il sera bien là. "Pour qu’il loupe une séance, il faut vraiment qu’il soit au fond de son lit. Et encore… Même en vacances, il ne coupe vraiment jamais" confie Fabien Berenguel. À peine, sa phrase terminée, la porte s’ouvre : "Enchanté, Benoît." La star aux 800 000 abonnés sur les réseaux sociaux arrive en toute simplicité. Vêtu d’un tee-shirt de l’Aviron bayonnais et souriant, il surgit à la tombée de la nuit pour clôturer sa journée par une bonne heure de boulot. Derrière lui, un tableau gribouillé de feutre affiche les performances de joueurs de l’Aviron bayonnais : le jeune Tonguien Tevita Tatafu soulève 200 kg au développé couché. "Les rugbymen sont de vraies forces de la nature !" s’étonne Benoît Saint-Denis.

Missions au Mali et protection du président Hollande

Au menu du jour : exercice de poussée, sauts verticaux, renforcement des cervicales et tractions lestées, entre autres. "D’ailleurs, Mayeul nous lamine tous ici sur les tractions, lance-t-il encore suspendu à la barre. Tu en fais combien ? Une trentaine ?" Le sourire silencieux de son petit frère et l’humilité qui l’accompagne en disent long. À côté de lui, Fabien est attentif et précis. Tout est millimétré et le moindre détail compte, alors que le combat contre Poirier est déjà dans toutes les têtes. Les deux frères d’armes, devenus très proches aujourd’hui, se sont rencontrés en 2014, ici même en bord de Nive. Fabien a côtoyé Benoît au 1er Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMA). Le jeune homme, 18 ans à peine, entre dans le monde militaire, lui le fils de colonel. Il y servira notamment dans les forces spéciales jusqu’en 2019. Pour la protection du président Hollande au Mali par exemple, mais aussi dans les combats contre les groupuscules terroristes dans le Sahel. Des services d’élite qui lui permettront d’être décoré de la médaille de reconnaissance de la Nation et de la Croix du combattant.

Fabien Berenguel, en blanc, est le préparateur physique personnel de Benoit
Fabien Berenguel, en blanc, est le préparateur physique personnel de Benoit Midi Olympique - Pablo Ordas

Fabien Berenguel se souvient de leur rencontre : "Les premiers moments remontent à un stage commando de trois semaines où l’on doit « survivre » ensemble. Ce sont des moments qui resserrent et dont on se rappelle à vie. Pendant une partie de la formation, on était vraiment tout le temps ensemble. Ensuite, j’ai quitté l’armée pour me consacrer à la préparation physique et Benoît est parti pour s’accomplir en tant que combattant professionnel. Puis nous nous sommes retrouvés." Benoît prolonge : "Lorsque j’ai commencé ma carrière de MMA, j’ai eu besoin de faire des programmes de préparation plus poussés, plus précis donc j’ai fait appel à Fabien. Et on a commencé l’aventure «bagarre»", plaisante le sportif.

Une aventure qui ne cesse de gagner en crédibilité depuis. Huit victoires et zéro défaite avant son entrée à l’UFC. Puis, pour son premier combat dans l’organisation phare en 2021, il perd de manière litigieuse. Son adversaire a été testé positif à l’ostarine (produit dopant) et suspendu un an mais pas déchu de sa victoire. Benoît Saint-Denis demande d’ailleurs encore aujourd’hui, à ce que son bilan redevienne immaculé et prend régulièrement position pour la lutte anti-dopage. Depuis ? C’est un sans-faute pour le Nîmois d’origine. Cinq combats, cinq succès. Victoires par soumission, K.-O. ou K.-O. technique, c’est selon. Vous l’aurez compris, la méthode Saint-Denis, c’est brutal, rapide, létal. Mais c’est aussi empreint de fidélité. Le sportif attaché aux valeurs de sa patrie n’a pas changé d'équipe. Il est resté le même et a conservé toutes ses connexions du passé pour grandir dans sa discipline. Fabien Berenguel donc, pour la préparation physique mais aussi son coach de sol et de jiu-jitsu brésilien qu’il a connu à Bayonne en 2017, Christophe Savoca. Ce dernier l’a fait connaître auprès de Daniel Woirin, son entraîneur principal depuis ses débuts en MMA en 2018. Il est aussi entouré de Guillaume Peltier, son manager.

Ami de Chavancy, Nyanga et Szarzewski

Mais alors, comment se fait-il que ce combattant de MMA se retrouve ici à quelques pas de Jean-Dauger ? Remontons un peu le fil de son histoire. Un parcours aussi marqué par le sport de ses amis Henry Chavancy, Dimitri Szarzewski ou encore Yannick Nyanga. Après sa carrière militaire, et lors de sa vie francilienne pour ses débuts dans les sports de combat, il connaît un passage dans les installations du Racing 92. Notamment pour travailler en salle d’hypoxie, afin de simuler les conditions d’altitude, alors que se profilait un possible combat à Mexico.

"BSD" est aussi surnommé "le Dieu de la guerre"
"BSD" est aussi surnommé "le Dieu de la guerre" Midi Olympique - Pablo Ordas

Mais bien avant d’en connaître les stars, il a lui même joué au rugby. En catégorie jeunes - cadets puis juniors - il a évolué pendant un an et demi au poste de troisième ligne aile sous les couleurs du Lille Métropole Rugby. "J’étais numéro 6 ! Juste avant que le club ne soit rétrogradé. C’était un vrai plaisir pour moi, je m’y suis vraiment régalé. J’avais des capacités, j’étais bon au plaquage et en défense en un contre un. J’avais des bases acquises au judo et cette mentalité de ne rien lâcher. C’est quelque chose qui me caractérise et au rugby, comme au MMA, ça aide. Pour moi, c’est le sport collectif qui se rapproche le plus des sports de combat. Ensuite, je m’en suis éloigné ensuite parce que c’est sujet à blessure et que je devais préparer mon entrée au 1er RPIMA." À l’ovalie, il y est donc finalement revenu sous une autre forme.

Benoit Saint-Denis nous a ouvert les portes de sa préparation physique
Benoit Saint-Denis nous a ouvert les portes de sa préparation physique

Un partenariat avec l'Aviron bayonnais

En effet, avec l’intervention de Fabien Berenguel mais aussi de Yoann Lepouder, directeur administratif et financier du club et ami de longue date de «BSD», l’Aviron bayonnais et le combattant ont convenu récemment d’un partenariat. Ce dernier bénéficie des infrastructures dont il a besoin pour se préparer. "Il n’y a aucune contrainte des deux côtés, on ne forcera jamais Benoît à faire quelque chose en contrepartie de l’accès au centre d’entraînement" précise Yoann Lepouder. Son préparateur Fabien Berenguel, lui, se sert de manière transversale des connaissances utilisées et peaufinées avec Benoît Saint-Denis pour les partager et les mettre au service des jeunes espoirs basques. "Que ce soit pour les protocoles des pieds, des mollets notamment. Après tout ce qui est autour du rachis cervical, c’est plus délicat et Benoît est à un stade plus avancé donc j’y vais doucement avec certains piliers, certains talonneurs mais on adapte toujours."

Ici, le combattant travaille les muscles armures autour des cervicales
Ici, le combattant travaille les muscles armures autour des cervicales Midi Olympique - Pablo Ordas

Aussi, sa simple présence ravit tout le monde et principalement certains joueurs de l’Aviron, fans de l’homme aux oreilles en chou-fleur. À l’image de Swan Cormenier, Quentin Béthune, Denis Marchois qui assistent à certaines séances de « BSD ». Si ce ne sont que les prémices de ce partenariat, les deux parties souhaitent mettre en place des initiatives autour de la santé des joueurs notamment. "On connaît le problème des commotions, propre aux deux sports mais tout particulièrement dans le MMA, détaille Benoît Saint-Denis. Il y a un travail autour des cervicales et des muscles armures pour rendre les commotions moins graves. Aussi, autour du regard lors des phases de plaquages ou de ruck, de l’acceptation des chocs et le fait de garder les yeux ouverts à l’impact. De manière à ce que le cerveau assimile le coup à venir et puisse contracter même une demi-seconde avant l’impact. » La rencontre terminée, les lumières éteintes et les portes fermées, Fabien et Benoît nous raccompagnent. "Bon rentrez-bien et soyez prudents, salue Benoît. Je lis le Midol et Rugbyrama pour me tenir au courant de ce que font l’Aviron et le Racing 92. C’est sympa de votre part de vous intéresser à moi." Mais une fois sur le chemin du retour, une question sans réponse nous taraude : à quand une entrée à l’UFC sur la Pena Baiona ? 

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Les commentaires (1)
Grandisse Il y a 1 mois Le 07/03/2024 à 15:40

Bon courage à lui face à un taulier de la catégorie.