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"J'ai vécu le plus beau jour de ma vie avec Mike Tyson" se souvient Hassane Kolingar (Racing 92), passionné de boxe

  • Hassane Kolingar (Racing 92) est un passionné de sports de combat.
    Hassane Kolingar (Racing 92) est un passionné de sports de combat. Icon Sport - Icon Sport
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Le pilier du Racing 92 Hassane Kolingar (25 ans ; 3 sélections) est un passionné de sports de combat en général et de boxe anglaise en particulier.

Quel rapport entretenez-vous avec la boxe anglaise ?
La boxe est ancrée en moi : dès que j’ai su marcher, mon père (Ali) m’a mis dedans. Lui était boxeur, mes oncles aussi. Je les ai toujours vus s’entraîner, en fait. Moi, j’ai mis mes premiers gants à l’âge de 5 ans.

C’est précoce…
Oui. Et j’ai retrouvé, dès mes débuts au rugby, la même adrénaline qui te booste avant un combat de boxe. (Il marque une pause) Tu sais, cette boule au ventre, là… […] Au rugby comme à la boxe, tu sais que tu vas avoir mal. Tu sais que tu vas faire mal, aussi. Mais avant que la cloche ne sonne, tu ne sais jamais comment tu sortiras du ring ou du terrain.

Où votre père s’entraînait-il ?
À la salle Carpentier, dans le treizième arrondissement parisien. Mais il avait du mal à en vivre. Il était un bon poids lourd mais n’était pas Jean-Marc Mormeck (ancien champion du monde en catégorie lourds-légers, NDLR). Alors, il a dû faire autre chose pour nourrir la famille.

En quoi la boxe est-elle profitable à votre condition physique ?
C’est le meilleur entraînement cardio qui existe. Quand je sors du ring, je suis en nage, rincé : à la boxe, tu donnes tout parce que sinon, l’adversaire te fracasse, te tue. Et puis, quand tu aiguises tes sabres à l’entraînement, le coach est sur toi et rien que sur toi… Ça ne peut pas être le cas au rugby.

Cliché précieux aux yeux du jeune pilier francilien. Hassane Kolingar aux côtés de son idole Mike Tyson, récemment en déplacement dans la capitale.
Cliché précieux aux yeux du jeune pilier francilien. Hassane Kolingar aux côtés de son idole Mike Tyson, récemment en déplacement dans la capitale. H. K


Pratiquez-vous souvent ?
Oui. J’en fais déjà pas mal au Racing : au club, un de nos préparateurs physiques s’occupe aussi de former aux méthodes de combat les agents de sûreté de la SNCF et de la RATP. Je boxe souvent avec lui. Pendant mes vacances, je mets plutôt les gants avec mon père, mon oncle ou des potes, qui font, eux, beaucoup de MMA (arts martiaux mixtes). Certains vont même en vivre, un jour.

Mettent-ils la pédale douce, face à vous ?
Surtout pas, je le prendrais très mal ! (rires) Je prends des marrons mais je me débrouille pas mal, en MMA : je fais la tornade autour d’eux, j’essaie de les fatiguer en bougeant au maximum. Le rugby nous donne une bonne condition physique, j’essaie d’en profiter…

Et votre père, a-t-il encore de beaux restes ?
Oh oui… Il me dit d’ailleurs souvent : « Le serpent est vieux mais le venin est toujours mortel ». Avec mon père, on a du mal à ne pas appuyer les coups. Sur un ring, il n’y a plus de père et de fils ; il y a deux adversaires face à face, deux hommes qui ne se font pas de cadeaux. […] La boxe anglaise, c’est d’ailleurs à mon sens le sport de combat le plus dur : ou tu touches la tête, ou tu touches le foie ; il n’y a pas d’alternative.

Que vous aurait-il manqué, pour devenir boxeur professionnel ?
La taille et l’amplitude. Je fais 1,85 m et la catégorie qui me fascine, c’est celle des poids lourds, où les mecs font tous 2 mètres : Tyson Fury et Anthony Joshua sont immenses, par exemple. La seule exception, c’était Mike Tyson (1,78 m) : lui seul avait le superpouvoir de rivaliser avec des géants.

À une époque, Ben Tameifuna et Chris Masoe enfilaient parfois les gants, du côté du Racing. Les avez-vous combattus ?
Avec Chris Masoe, on combattait une fois par semaine. J’étais blessé au genou à l’époque et ces petites sessions d’adrénaline me faisaient du bien.

Hassane Kolingar avait pris pour habitude de faire quelques combats avec Chris Masoe, l’ancien numéro 8 des All Blacks passé par le Castres olympique, Toulon et le Racing 92. Un autre sérieux pratiquant et amateur du noble art.
Hassane Kolingar avait pris pour habitude de faire quelques combats avec Chris Masoe, l’ancien numéro 8 des All Blacks passé par le Castres olympique, Toulon et le Racing 92. Un autre sérieux pratiquant et amateur du noble art. MIDI-OLYMPIQUE - PATRICK DEREWIANY


Masoe était-il bon ?
Chris était un super boxeur : technique, puissant… Sur le terrain, les mecs ne le cherchaient jamais trop parce que ça se savait, dans le rugby, qu’il envoyait…

Votre coéquipier Camille Chat, lui, a longtemps fait du kickboxing. L’avez-vous aussi affronté ?
Oui, souvent. Dans les prises au sol, il est vraiment très fort. Camille, j’aurais très bien pu le voir en MMA, un peu dans le style de Benoît Saint-Denis (lire en page 30). Lui, il nous a d’ailleurs rendu visite au Plessis-Robinson l’année dernière : il utilisait notre salle d’hypoxie (en recréant artificiellement les conditions d’altitude, avec un taux d’oxygène réduit, l’immersion en hypoxie pousse l’organisme à réagir pour s’adapter en stimulant les fonctions hématologiques, respiratoires et métaboliques, NDLR).

Alors ?
Au club, on faisait tous 30 ou 40 kg de plus que lui mais on voyait dans son regard qu’avec un simple stylo Bic, il nous aurait tous ouverts en deux (rires). Il a cette flamme en lui… C’est assez dingue…

Qui sont vos boxeurs favoris ?
Mike Tyson, c’est la référence absolue. J’ai d’ailleurs eu la chance de le rencontrer il y a moins d’un an.

À quelle occasion ?
Lors d’une récente venue de Tyson à Paris, un des meilleurs amis de mon père faisait partie de son service de sécurité. Le jour où il m’a dit : « Sois demain matin à 9 heures au Royal Monceau pour rencontrer Mike Tyson », je n’en ai pas dormi de la nuit. […] J’ai vécu là le plus beau jour de ma vie : j’ai passé quatre heures avec Tyson, je l’ai accompagné à des rendez-vous professionnels et c’était comme si je l’avais toujours connu. Il me parlait, me posait des questions, rigolait de tout et c’était merveilleux… Il m’a même demandé de lui signer un maillot du Racing. J’espère qu’il l’a toujours.

Quels sujets avez-vous pu aborder avec lui ?
Ce qui m’intriguait le plus, c’était de savoir comment avait-il fait pour entretenir la flamme, après avoir été champion du monde des poids lourds à 18 ans.

Et qu’a-t-il répondu ?
Qu’il l’avait perdue… Le confort l’avait piégé. […] Le confort, c’est l’ennemi juré du sportif. C’est ce que j’ai retenu de notre discussion.

Dans quel état de forme était-il ?
À 57 ans, il a gardé une force incroyable. Quand on marchait dans la rue, il m’a attrapé une ou deux fois par les épaules et ça m’a fait bizarre : il est resté super solide.

Il existe, en boxe, une scénarisation de l’avant combat qui n’existe pas au rugby. Pourquoi ?
C’est la différence entre les sports individuels et collectifs. Ta flamme, dans un sport collectif, tu la gardes en toi pour ne pas te démarquer du groupe, de l’équipe, du club. En boxe, si tu veux dire une connerie avant un combat, tu la dis parce que tu n’engages personne d’autre que toi-même. C’est ta seule responsabilité et ça fait partie du show, quoi.

Vous êtes-vous déjà servi de la boxe sur un terrain de rugby ?
Dans mon quartier (Villiers-le-Bel, dans le Val-d’Oise), j’ai grandi avec l’idée que personne ne devait jamais toucher un cheveu de mes potes. […] Alors, le jour où un adversaire s’en est pris à mon demi de mêlée en sélection régionale, j’ai vu rouge : je l’ai frappé et j’ai été suspendu plusieurs mois. Ça m’a au moins permis de réfléchir : aujourd’hui, j’ai gardé un gros tempérament mais j’ai compris qu’il existait d’autres moyens, sur un terrain, de faire mal à ses adversaires.

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Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 1 mois Le 08/03/2024 à 19:08

J'adore ce mec, il a été international en 2020, lors de la Coupe d'automne des nations où il avait fait de gros matchs. Souvent international avant, chez les U20 aussi. Après, il a été victime de la concurrence mais surtout de graves blessures. Mais il vient juste d'avoir 26 ans, il y a deux jours donc, rapide, adroit, combatif, tout est possible !