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6 Nations 2024 - "Dans les moments chauds, on demande toujours la tête des cadres", lâche Gaël Fickou

Publié le Mis à jour
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Il a fêté sa 90e sélection comme la première : avec une victoire et un essai contre l'Angleterre. Mais Gaël Fickou confesse avoir traversé des moments difficiles durant ce Tournoi des 6 Nations. Sans langue de bois, il se livre sur ces huit dernières semaines et se projette déjà loin, jusqu'en 2027...

Ce succès sur l’Angleterre est-il celui qui reflète le mieux votre état d’esprit ?

Nous n’avons jamais douté de notre état d’esprit, de notre engagement. On savait que nous allions traverser des moments difficiles. Nous en traverserons d’autres. C’est la vie, le jeu. Mais on croit en nos forces, en nos armes. Le groupe est composé de joueurs d’expérience. Malheureusement, parfois ça tourne en notre faveur, parfois, non. Comment expliquer que nous prenions trois cartons sur les trois premiers matchs et que nous ne faisons que trois et cinq fautes sur les deux derniers ? Restons positifs et humbles. Je suis convaincu que de très belles choses vont arriver.

Cette victoire sur l’Angleterre, conjuguée à une deuxième place au classement final, rend-t-elle le bilan du XV de France positif ?

En général, dans le sport, rien n’est parfait. De ce match contre l’Angleterre, on ne va retenir que la victoire. Ces dernières années, nous avons été habitués à des succès un peu sensationnels. Il ne faudrait pas en arriver à banaliser une simple victoire acquise dans la difficulté. Certes, nous avons très mal débuté le Tournoi face à l’Irlande. Nous n’étions pas prêts. Tout simplement. Nous sommes montés en puissance petit à petit avec un vrai faux pas contre l’Italie. Inutile de refaire le match, mais on s’est trompé sur ce match. Mais contre l’Écosse, le pays de Galles et l’Angleterre, nous avons été à la hauteur. Ce n’est pas rien quand même.

Fabien Galthié a déclaré que ce match, par son scénario, rappelait beaucoup le quart de finale de la Coupe du monde contre l'Afrique du Sud (28-29) et qu’il pouvait permettre de solder le traumatisme du Mondial. Partagez-vous ce sentiment ?

C’est un copier-coller sauf que cette fois-ci on gagne. Mais, comme contre l’Afrique du Sud, ça ne se joue à rien. Juste à un ou deux détails. Comme en quart de finale. Maintenant, nous avions besoin de bien finir ce Tournoi, de l’achever sur une note positive. Nous avons été dans la tourmente médiatiquement. À juste titre au regard de nos performances. Mais j’ai envie de retenir que nous gagnons avec un record de point au pays de Galles, que nous battons le médaillé de bronze de la dernière Coupe du monde, tout en retenant les leçons des matchs contre l’Irlande et l’Italie pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Contre l’Italie, on a tout fait à l’envers. À cinq mètres de la ligne, on envoyait des triples sautées, ça ne pouvait pas fonctionner. Et face à l’Irlande, il n’y a pas eu photo. Ces deux matchs, on ne peut d’ailleurs pas les mettre sur la même échelle de valeur. Rien à voir.

Vous attendiez-vous à vivre un tel Tournoi ?

Non, nous espérions le gagner ! Et dès le match de l’Irlande, on a compris que tout ne se passerait pas comme prévu. On a su tous – joueurs et staff – se remettre en question. On a quand même produit bien plus de jeu et même retrouvé un peu de folie sur la fin de la compétition. On a changé notre fusil d’épaule, c’était une volonté de tout le monde. On a choisi de tenir plus longtemps le ballon sur ces deux derniers matchs. Et ça a payé. Thomas (Ramos) l’a bien illustré. C’est lui qui a tout organisé d’une main de maître. Il faut le souligner.

L’apport de sang frais injecté par le sélectionneur contre le pays de Galles a fait du bien à cette équipe de France. L’avez-vous vécu ainsi ?

La remise en question de tous les joueurs a été une bouffée d’oxygène. Tous, sans exception. Moi le premier. Après, les jeunes ont du talent. Des garçons comme Nico Depoortère, Nolan , G.H (Colombes) ou Léo (Barré) ont fait du bien. Mais c’est aussi parce que tout le monde s’est remis dans l’avancée. Max (Lucu) n’a pas eu la chance d’avoir d’aussi bons ballons que Nolan. On a entendu ici ou là : "Ah si Dupont était là..." Je crois que derrière un pack dominé, quel que soit le demi de mêlée, c’est une galère.

À titre personnel, vous êtes-vous senti fragilisé durant ce Tournoi ?

Nous sommes tous passés à côté contre l’Irlande. Moi, le premier. Dans les moments chauds, on demande toujours la tête des cadres. C’est le jeu, il faut l’accepter. Mais, j’ai le sentiment d’avoir fait une bonne performance contre l’Écosse, le pays de Galles ou l’Angleterre. Et contre l’Italie, nous avons tous été « moyennasses ». Les critiques ont été durs, mais c’est normal. Quand c’est le cas, je suis le premier à lever la main pour dire que nous n’avons pas été au niveau.

Mais ne vous êtes-vous jamais senti en danger ?

Non, au contraire, j’ai toujours senti la confiance des coachs. Peut-être ai-je été en danger ? Je sais qu’une partie de la presse voulait que je saute, mais je ne lâcherai rien. Et je donnerai toujours tout pour ce maillot.

Vous finissez d’ailleurs meilleur marqueur français du Tournoi. Est-ce anecdotique ?

Pour moi, un essai ne prouve pas la valeur d’un joueur. Tu peux marquer dix essais sans n’avoir rien fait, sinon finir le coup. Mais je crois avoir fait preuve de résilience au cœur de la tempête.

Vous faites partie des cadres avec de nombreuses responsabilités. N’avez-vous pas eu besoin de vous recentrer sur jeu, d’être plus égoïste ?

Je n’y crois pas. J’ai été en difficulté au même titre que l’équipe. Dès que nous avons retrouvé de la performance collective, je me suis tout de suite senti mieux. Les médias pointent souvent un joueur ici ou là après un mauvais match. Mais ce sport est éminemment collectif. Contre l’Irlande, personne n’a été bon…

François Cros a tout de même surnagé sur ce match, non ?

François, c’est le meilleur joueur français du Tournoi, c’est vrai !Il a été exceptionnel. Mais souvent, il y a une contagion collective quand ça ne va pas. Pour moi, Antoine (Dupont) est le meilleur joueur du monde, mais il aurait aussi été en difficulté contre l’Irlande.

La défense est le point noir de ce Tournoi. Comment le vivez-vous en tant que leader dans ce secteur de jeu ?

Le système est bon. Les essais encaissés, ce sont des erreurs individuelles. Moi le premier, j’en ai raté un qui coûte cher contre l’Angleterre. Thomas (Ramos) aussi. François (Cros), pareil contre le pays de Galles. Le problème n’est pas collectif. C’est juste une remise en question personnelle. Rien de plus.

De par votre statut, vous avez une relation privilégiée avec Fabien Galthié. Comment cette relation a-t-elle traversé cette zone de turbulences ?

Entre nous, il y a une confiance très forte. Il sait que je ne lâcherai pas et je sais qu’il en fera de même. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne me met pas en concurrence. N’allez pas me faire dire, ce que je n’ai pas dit.

Avez-vous le sentiment d’avoir bénéficié d’un arbitrage bienveillant durant ce Tournoi ?

(surpris) Pas du tout. Mais alors, vraiment pas du tout. On a quand même pris deux cartons rouges et un jaune sur les trois premiers matchs.

Vous allez avoir 30 ans dans quelques jours. Vous projetez-vous jusqu’à la prochaine Coupe du monde ?

Tant que je pourrais porter ce maillot bleu, je serais là.

Faites-vous partie de ces joueurs qui n’annonceront jamais leur retraite internationale ?

Oui, tant qu’on fera appel à moi, je répondrai présent. Pour moi, c’est impossible de refuser de porter ce maillot. Il est tellement beau, tellement puissant… Rien de plus fort ne me fait vibrer.

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Les commentaires (9)
PRESIDENT Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 13:36

FICKOU est un très grand joueur qui apporte beaucoup à l 'EDF , tant en défense qu'en attaque .Mentalité irréprochable .On l 'entouré de jeunes et on le garde ...et puis il se repose au racing entre deux tournées EDF

British Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 13:21

Un peu marre de ces termes galvaudés: cadres, premiums, joueurs à 100 capes en 2027..
On a perdu en quart contre l'AFS parce qu'il n'y a pas eu de rotation des soi-disant cadres..
Et cela aurait pu prendre la même tournure pour le crunch , en laissant Mr Fickou à un poste de 13 où il n'apporte plus grand chose, poussant Depoortere en 12 où il n'a pas beaucoup de repères et avec Ramos qui n'est pas non plus un super défenseur..
Il est souhaitable que la tournée d'été permette de voir une ligne de trois quarts sans cadres!

envoituresimone Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 10:39

Quand le cadre ne déborde plus, il y a tout lieu de s'inquiéter sur son niveau, son état physique, sa motivation ou sa digestion qui passe mal... Peut-être qu'un gros rendu vaut mieux qu'un petit rot?