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Champions Cup – Leinster – Toulouse : fondateurs et frustrants, cinq actes d’une rivalité à part

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Dans trois semaines, en finale de Champions Cup, les Toulousais retrouveront le Leinster, leur meilleur ennemi ces dernières années, qu’ils ont affronté à cinq reprises depuis 2018. Retour sur ces duels, avec une seule victoire stadiste à la clé qui avait marqué l’essor de la bande d’Antoine Dupont, mais surtout quatre défaites qui montrent combien l’ogre irlandais est la bête noire de cette génération dorée.

La naissance d’une génération dorée

Samedi 21 octobre 2018 : Toulouse – Leinster : 28-27

Vainqueure sur le fil d’un match dantesque, la jeunesse toulousaine a marqué les esprits.

Alors qu’ils n’avaient pas participé à la précédente édition de Champions Cup, ce qui avait marqué les esprits à Ernest-Wallon, les Toulousains retrouvaient la compétition en 2018-2019. Preuve de la reconstruction qui était en cours avec une nouvelle génération à la barre, celle des Baille, Marchand, Cros, Dupont, Ntamack ou Ramos. Une semaine après une victoire arrachée à Bath lors de la première journée, grâce à un sauvetage défensif incroyable de Maxime Médard en fin de match, les Rouge et Noir accueillaient l’ogre du Leinster. Un test grandeur nature, sans un Jerome Kaino suspendu.

Ce même Médard, dont l’esprit de compétiteur a tant inspiré les plus jeunes, expliquait avant le match : "Toulouse n’est pas du tout sur le même plan que le Leinster, qui est dans la cour des grands, de ceux qui sont au top depuis quelque temps. C’est l’équipe la mieux préparée d’Europe. De notre côté, on grandit à notre rythme. Je suis persuadé que nous sommes sur la bonne voie." Les faits vont lui donner raison, avec un scénario fou. Au terme d’une rencontre héroïque, c’est un essai exceptionnel qui allait offrir la victoire sur le fil aux Stadistes, aplati en coin par… Médard encore (auteur d’un doublé ce jour-là), soixante mètres après une interception géniale de Louis-Benoît Madaule. Un essai transformé par le pied droit décisif de Thomas Ramos, qui s’imposait déjà comme un immense buteur. C’était le premier énorme fait d’armes de cette bande, laquelle marquait là le retour du club dans le gotha du rugby national et européen.

La dernière victoire de la bande à Ramos face au Leinster remonte au 21 octobre 2018 dans un match de poule.
La dernière victoire de la bande à Ramos face au Leinster remonte au 21 octobre 2018 dans un match de poule. Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport

L’apprentissage de la défaite

Samedi 12 janvier 2019 : Leinster – Toulouse : 29-13

Au match retour en phase de poule, les Stadistes avaient pris une leçon d’organisation.

Trois mois après le match aller, les Toulousains retrouvaient le Leinster sur ses terres, au RDS Stadium de Dublin. Mais dans un costume bien différent et plus épais. Parce que, dauphins du Top 14 à cet instant, ils n’avaient plus connu la moindre défaite depuis le 29 septembre 2018. Une invincibilité évidemment mise à rude épreuve en Irlande, là où les hommes d’Ugo Mola se savaient attendus de pied ferme. Et, sur ce point, ils n’ont pas été déçus… Si emballants et enthousiasmants depuis le début de l’exercice, ils ont buté face à un mur. Celui de la machine diabolique du Leinster. "On a rivalisé dans l’intensité pure, expliquait le manager après le coup de sifflet final. En revanche, dans le jeu ordonné et la stratégie collective, les Irlandais nous ont dominés."

Des secteurs dans lesquels ces derniers excellent. Alors qu’ils ont longtemps cru être dans le match et qu’ils se sont sentis capables d’accrocher leurs adversaires, les Stadistes ont inexorablement vu le score leur échapper petit à petit. Ils ont appris surtout. "On a reçu de la part du Leinster une leçon en matière de précision et d’organisation dans un match à haute intensité", disait aussi Antoine Dupont. Parce que lui et ses partenaires, auteurs néanmoins d’un superbe essai dans les ultimes minutes par Cheslin Kolbe, n’ont jamais réussi à l’emmener dans le désordre tant désiré. Une pierre pour l’avenir ? "Les joueurs ont touché du doigt le très haut niveau, synthétisait William Servat, alors entraîneur des avants toulousains. Il y a des défaites qui font grandir, et celle-là en fait indéniablement partie." Vivement la suite…

Le rebond de croissance

Dimanche 21 avril 2019 : Leinster – Toulouse : 30-12

La "bande à Dupont" a atteint sa première demie ce jour-là, trois mois avant de remporter le Brennus.

Ce match-là est également essentiel dans l’histoire moderne du Stade toulousain. Parce que, si la génération actuelle disputait ce dimanche contre les Harlequins sa dixième demi-finale d’affilée toutes compétitions confondues, elle a joué sa première en ce 21 avril 2019. Et à l’Aviva Stadium de Dublin, elle a vécu peu ou prou ce qu’elle avait déjà vécu trois mois auparavant dans le RDS Stadium voisin. Là encore, les Toulousains n’ont jamais semblé totalement "largués" mais ils n’ont jamais paru non plus en mesure de prendre le dessus sur leurs adversaires irlandais, plus pragmatiques et froids. La marque des grands dans un rendez-vous XXL. "Il existe une grosse frustration de n’avoir pas su concrétiser nos temps forts, regrettait Sofiane Guitoune. C’est la grande différence entre les deux équipes. Les opportunités, on les a eues. Eux, ils viennent, ils marquent."

Mais cette formation avait sûrement besoin d’en passer par là pour aller chercher des titres dans un avenir plus ou moins proche. "Il y a une belle fin de saison à préparer et nous n’avons pas le droit de nous prendre les pieds dans le tapis, prévenait aussi le trois-quarts centre. C’est bien beau de réaliser tout ce qu’on a fait jusque-là mais, s’il n’y a rien au bout, cela n’aura pas servi à grand-chose. On ne peut pas finir cette saison sans rien au bout." En ce sens, cette demie de Champions Cup fut un acte fondateur, jusqu’à aiguiser sérieusement l’appétit de sacre de cette troupe. Moins de deux mois plus tard, elle s’offrait au Stade de France le vingtième Bouclier de Brennus de l’histoire du club, face à Clermont.

Une équipe à bout de souffle…

Samedi 14 mai 2022 : Leinster – Toulouse : 40-17

Après un périlleux marathon en phase finale de Champions Cup, Toulouse a logiquement et lourdement chuté.

Dire que c’est au terme d’un vrai parcours du combattant que le Stade toulousain s’est présenté en demi-finale de Champions Cup à Dublin, face au Leinster, ressemble à un doux euphémisme. Pour en arriver là, les Rouge et Noir ont dû arracher une qualification in extremis en huitième de finale retour à l’Ulster, après avoir perdu l’aller de six points à domicile. Puis remporter un quart de finale historique, déjà sur la pelouse de l’Aviva Stadium, après des prolongations et une incroyable séance de tirs au but face au Munster. Mais, dans les minutes suivant l’euphorie de ce succès classé à part, Romain Ntamack confiait déjà : "Les corps sont pas mal meurtris et tout le monde a besoin de récupérer car le week-end prochain s’annonce encore très rude." Effectivement, sept jours plus tard, il fallait revenir dans la capitale irlandaise, mais augmenter de nouveau le curseur en termes d’adversité, avec le terrible Leinster au programme.

Et la montagne était manifestement trop haute pour un Toulouse à court d’énergie, d’autant que la saison (marquée par l’épidémie de Covid et ses reports, ainsi que le grand chelem réalisé par le XV de France) était déjà particulièrement éprouvante. Malgré un essai d’Antoine Dupont dès la 7e minute, les Stadistes ont ensuite subi la loi de Leinstermen beaucoup trop forts. Question, en partie, de fraîcheur… "Nous sommes tombés sur une équipe bien meilleure que la nôtre à l’instant T, ne cachait pas Ugo Mola. Pour battre une équipe pareille, il faut faire carton plein. Nous étions loin de cette configuration. Nous avons pris une vraie leçon de rugby." Ceci, pendant que la troupe dublinoise prenait de son côté de véritables allures de bête noire pour son groupe. Battus aussi en demi-finale de Top 14 en cet exercice 2021-2022, les Toulousains en ont surtout tiré des enseignements pour davantage ménager l’effectif.

Ugo Mola après la défaite la saison dernière au Leinster en demi-finale (41-22).
Ugo Mola après la défaite la saison dernière au Leinster en demi-finale (41-22). Sportsfile / Icon Sport - Ramsey Cardy / SPORTSFILE

Leçon pour l’avenir

Samedi 29 avril 2023 : Leinster – Toulouse : 41-22

Ou l’importance de se dégager le chemin en amont…

En s’inclinant pour la troisième fois en cinq ans au même endroit au stade des demi-finales de Champions Cup, face au même adversaire, le Stade toulousain en a dressé des conclusions évidentes. La première ? C’est que, dans un tel rendez-vous, il est impossible de manquer de discipline. Car, aussi lourd soit le score final, les partenaires d’Antoine Dupont ont fait mieux que rivaliser à quinze contre quinze. Ils ont même carrément mis à mal l’ogre du Leinster, en inscrivant notamment trois essais. Mais ils ont aussi reçu deux cartons jaunes qui se sont avérés mortels. Vingt minutes d’infériorité numérique pour un total sans appel dans ces périodes : quatre essais encaissés et un cinglant 28-0. Dès lors, ils partaient de trop loin…

L’autre chose à retenir, avant toute autre d’ailleurs, c’est qu’il s’agit de se dégager le chemin quand on en a l’opportunité. C’est-à-dire durant les matchs de poule. Or, malgré ses quatre victoires en autant de rencontres en cette phase préliminaire, les joueurs d’Ugo Mola ont oublié quelques bonus offensifs en route qui étaient largement à leur portée, surtout lors de leurs succès à Sale, et qui leur auraient offert de recevoir jusqu’en demi-finale. Donc d’éviter l’enfer de l’Aviva Stadium dans le dernier carré. "Nous avons tous conscience que le point laissé à Sale, avec un scénario assez hallucinant puisqu’on avait eu cinq ou six occasions franches sans marquer, était une balle dans le pied ou en tout cas un frein, disait le manager. Et que ça nous mettait sur la route du Leinster à Dublin. Voilà, c’est notre histoire." Et elle fut bien différente cette saison, puisque les Toulousains ont pris vingt points sur vingt possibles en poule. Et on connaît leur parcours…

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Les commentaires (1)
legende17 Il y a 10 jours Le 08/05/2024 à 12:59

En 2022 le stade toulousain perd contre le Leinster parce qu'il était à court d'énergie . Même chose cette année avec le stade rochelais quand l'équipe s'est présenté à L'aviva stadium de retour d'Afrique du Sud et après la belle victoire contre les Stormers sans doute la meilleure équipe sud-africaine