Dusautoir: "A tâtons pour longtemps"

Ce succès face à l'Ecosse efface-t-il la défaite en Irlande?

Thierry Dusautoir: On a produit beaucoup de jeu en Irlande mais, malheureusement, on n'a pas eu le résultat escompté. On s'est posé des questions. On n'avait pas le droit de se rater face à l'Ecosse. On est tous soulagé et très content d'avoir gagné. Il fallait montrer qu'on était capable d'être des combattants. Notre autocritique a été assez sévère. Le monde du rugby aussi. Il fallait rectifier le tir et c'est ce qu'on a fait.

Dans le jeu, la prestation du XV de France a pourtant été moyenne...

T.D: On n'a pas totalement refusé le jeu. Je dirais même qu'on a essayé de produire. La fébrilité emmagasinée toute la semaine après l'Irlande nous a fait commettre pas mal d'erreurs, c'est vrai. On avait besoin de se rassurer en portant le jeu un peu plus chez eux. Au niveau de l'agressivité et de l'intelligence tactique, il y a quand même un vrai progrès.

D'un point de vue personnel, on vous a plus vu que lors du premier match...

T.D: J'essaye d'impulser au maximum dans mon rôle de défenseur, de mettre l'équipe sur les bons rails. Ça s'est plutôt bien passé au niveau de la défense même si on s'est fait percer deux ou trois fois. Les choses ne peuvent pas encore être parfaites. On est en bonne voie, on a bien réagi. On était tous remontés car on avait péché dans le combat à Croke Park.

Les semaines se suivent mais ne se ressemblent pas. Un jour, c'est un secteur qui progresse, le lendemain, il est à la peine. Pourquoi?

T.D: C'est dû au fait qu'on essaye de produire un jeu très exigeant. Il faut pas mal de temps pour arriver à le mettre en place. Malheureusement, on va avancer comme ça à tâtons encore longtemps. Mais le jour où on prendra confiance et qu'on réussira à mettre en place ce qu'on veut, on aura une très belle équipe.

Notamment face au pays de Galles dans quinze jours...

T.D: Oui, ça serait bien. C'est la meilleure équipe en Europe avec justement le jeu qu'on souhaite mettre en place. Seulement, ils sont plus expérimentés. Les joueurs évoluent au sein des provinces toute la saison donc il y a des automatismes qui sont là et que nous, nous n'avons pas forcément. Ils ont réagi à une grande déconvenue après la Coupe du monde où ils ont été vraiment nuls. Depuis, ça doit être un moteur chez eux de vouloir prouver qu'ils sont une belle nation du rugby. Ce serait intéressant de se mettre à leur niveau.

Le pays de Galles, c'est un modèle?

T.D: En Europe, clairement. Ils savent tout faire. Défensivement, ils sont agressifs. Offensivement, ils trouvent des solutions. Ils jouent très bien au pied et à la main tout en restant imprévisibles. Pour moi, aujourd'hui, c'est la référence européenne.

Est-ce mieux d'aborder ce match en outsider pour la France?

T.D: Je ne sais pas... Généralement, pour les équipes françaises, c'est une position qui convient mieux avec cette envie de réagir contre les critiques ou contre la supériorité supposée de l'adversaire. Ça fait toujours du bien de se dire qu'on peut y arriver...