Des Bleus sans étincelle

Ils ont patienté longtemps. Attendant un ballon qui ne venait jamais ou que très rarement. Les attaquants français ont été réduits au silence face à l'Ecosse. Maxime Médard, convaincant en Irlande, n'a ainsi pas eu une seule intervention à faire pendant le premier acte. Quarante minutes sans toucher le moindre ballon. Cela peut paraître long : "En terme de plaisir, c'était plus intéressant en Irlande" , concédait l'ailier toulousain, qui a d'ailleurs été décisif sur l'essai de Fulgence Ouedraogo, "nous n'avons pas été flamboyants et nous avons gâché quelques occasions".

Fébrilité rime avec stérilité

La fébrilité française du début de rencontre n'a pas permis aux tricolores de se libérer. Avec les doutes ramenés d'Irlande, il n'en fallait pas plus pour geler les offensives tricolores. "Ils n'ont pas réussi à se lâcher", regrettait Marc Lièvremont, "nous avons manqué d'impulsion dans nos attaques. Nous avions choisi de jouer au milieu du terrain mais tout était trop téléphoné, sans changement de rythme et nous n'avons pas été terribles au contact de la défense. Nos attaques étaient stériles. Le manque de liant entre les avants et les trois-quarts est le gros point noir du match". Un constat difficile à admettre pour les entraîneurs français et notamment pour Emile Ntamack. "Quand on sent le potentiel qui existe et que l'on voit ce que les joueurs réalisent, c'est frustrant. Sur les ballons récupérés, nous avons eu des difficultés dans l'utilisation puisque nous les avons tous perdus immédiatement".

L'absence de Fritz

L'absence de Florian Fritz a certainement handicapé les attaquants français. Capable de percuter la défense adverse, le trois-quarts centre toulousain a toujours fait parti des plans du sélectionneur qui compte sur lui pour prendre la ligne d'avantage sur les premiers temps de jeu. "Nous devons apprendre à conserver la balle sur les cinq ou six premiers temps de jeu avant de chercher l'évitement" , commente Marc Lièvremont, en citant les Blacks ou les Gallois en exemple. Fritz absent, Yannick Jauzion est apparu en deçà de ses performances habituelles, mais Emile Ntamack ne voulait pas le blâmer. "Il doit aussi s'adapter à ce qu'on lui demande. L'étincelle vient avec la confiance, quand les certitudes existent et que les fondations sont solides. Mais on peut faire le même constat pour les autres joueurs".

Manque de maturité

Des joueurs parfois agacés au moment d'évoquer le peu de mouvements entrepris par les tricolores. "Il faut savoir ce que vous voulez , lâchait Clément Poitrenaud. On fait beaucoup de jeu en Irlande et ça ne va pas. Contre l'Ecosse, on restreint un peu les choses, et ça ne va pas non plus. Si l'on prend trente points face au pays de Galles en étant à chier (sic), on pourra alors critiquer l'équipe de France. Personnellement, je signe pour gagner face aux Gallois de la même manière que face à l'Ecosse. Mais c'est frustrant pour nous aussi car nous préférons remonter les ballons à la main" . C'est finalement Imanol Harinordoquy qui volait au secours de ses trois-quarts: "Dans quinze jours, personne ne se souviendra de la manière. On se souviendra seulement que l'équipe de France a battu l'Ecosse".

Marc Lièvremont, soucieux de tirer quelques enseignements de cette rencontre avant d'affronter le pays de Galles, voulait finalement retenir un point positif : "L'équipe n'a pas la maturité pour se sortir des situations difficiles avec panache. Le match était ennuyeux, je ne le nie pas. Mais les joueurs ont fait preuve d'une certaine maîtrise pour sortir du piège". Face aux virevoltants gallois, ce ne sera certainement pas suffisant.