Un air de déjà vu…

Par Rugbyrama
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A sa prise de fonction à la tête des Bleus, Marc Lièvremont prônait la rupture, à la mode sur le plan politique. Finie la supposée frilosité de l'ère Laporte, place à la séduction et au jeu offensif. Mais le temps des réformes a passé et les espoirs du Tournoi 2008 sont devenus promesses envolées.

Une étrange impression est apparue ces derniers temps, celle du déjà vu. Au-delà de la performance d'ensemble, quelques cas individuels sont révélateurs. Bernard Laporte avait remporté quatre victoires dans le Tournoi des 6 Nations, dont deux Grand Chelems, mais il n'avait pas pu trouver la bonne formule sur certains postes. Son successeur semble en prendre le chemin (mais sans Tournoi gagné pour le moment). Première pointée du doigt : la charnière. L'ancien sélectionneur avait abordé deux Coupes du monde avec une certaine indécision à ce niveau. Pas de moins de quatre charnières différentes avaient démarré les sept matchs de la dernière compétition en 2007. Le récent Tournoi des 6 Nations a vu trois demis de mêlée et quatre ouvreurs se partager les deux postes. Sous l'ère Lièvremont, seulement trois charnières ont été reconduites en quinze rencontres...

Des joueurs balancés de poste en poste

L'exemple de certains joueurs est encore plus significatif. Le plus évident est celui de Damien Traille. Réputé pour être polyvalent et donc capable de dépanner à plusieurs postes, le Biarrot évolue pourtant toute la saison (ou presque) au centre en club. Mais n'était-ce pas lui qui avait été promu ouvreur du XV de France quelques mois avant la Coupe du monde, puis arrière pendant les phases finales de celle-ci ? Apparemment, cela a donné des idées à Marc Lièvremont. Non retenu en début de Tournoi, il est entré à l'ouverture en Angleterre avant d'être titulaire à l'arrière en Italie. Mais pas à sa place de prédilection… Et que dire du cas de Sébastien Chabal ? Enchaînant performances encourageantes et terribles désillusions sous les deux mandats, "Caveman" continue à être balancé entre deuxième et troisième ligne au niveau international. Sans jamais être définitivement fixé. Sans jamais donné entière satisfaction.

Un capitaine fragilisé

Avoir un capitaine contesté semble être un mal bien français. Avant la préparation de la Coupe du monde, l'ancien patron des Bleus avait enlevé le brassard à Fabien Pelous pour le donner à Raphaël Ibanez. Loin d'être à son meilleur niveau sur le terrain, il était difficile pour le deuxième ligne toulousain d'assumer les deux rôles. Une situation qui se reproduit et le hasard veut que cela arrive à un joueur évoluant au même poste. Après un Tournoi mitigé, le capitaine français, Lionel Nallet, est montré du doigt et son statut est remis en question. La faute à qui ? Pas forcément à Marc Lièvremont mais à un calendrier infernal dont le joueur est victime : saison 2006-2007, Coupe du monde, saison 2007-2008, tournée en Australie, saison 2008-2009. Le tout entrecoupé de rendez-vous internationaux et... périodes de repos aussi rares pour lui que celles de permission pour un prisonnier. Et voilà le plus valeureux de nos guerriers transformé en soldat lambda.

La large revue d'effectif opérée depuis plus d'un an n'a débouché que sur de trop rares certitudes. Et celui qui voulait, il y a un an, donner le pouvoir à la jeunesse, s'est retrouvé sur les derniers matchs du tournoi à s'appuyer sur les cadres de Bernard Laporte : Thion, l'homme révélé par l'ancien sélectionneur ; Bonnaire, son chef de la touche ; Marconnet, pilier indéboulonnable à l'époque et Traille, son homme à tout faire. Ces exemples sont peut-être la preuve que les patrons de l'équipe de France se heurtent, parfois malgré eux, à certaines réalités. Les déceptions nées des décisions de Marc Lièvremont n'ont pas envoyé des milliers de Français dans la rue. Mais de nombreux amoureux des Bleus ont dû crier aussi fort devant leur télévision pendant le Tournoi. La fin de l'ère Laporte avait laissé un goût amer, celle de son successeur est en train de tourner au vinaigre au bout d'un an et demi seulement... L'addition pourrait être salée.

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