L'Angleterre s'en sort bien

L'Angleterre a préservé l'honneur de Twickenham, le jour du centenaire de l'emblématique stade de Londres. Un anniversaire fêté en grande pompe, en fanfare mais aussi par une touche vestimentaire puisque les hommes de Martin Johnson évoluaient avec une tenue rappelant les empoignades du siècle dernier. Un spectacle d'avant-match qui restera comme le moment le plus spectaculaire de ce samedi après-midi londonien.

Entre deux formations en manque de confiance après des résultats décevants, presque inquiétants, au mois de novembre, cette rencontre s'est longtemps résumée à une lutte à distance pour occuper le terrain adverse. Du jeu au pied abondant, des imprécisions dans les transmissions, dans les placements mais aussi en conquête ont plombé une première période aussi triste qu'un supporter bayonnais. Le premier mouvement d'envergure de la rencontre n'intervenait qu'à la 38e minute à l'initiative des Anglais. En s'appuyant sur une vitesse retrouvée, ils parvenaient même à inscrire un essai juste avant la pause grâce à James Haskell qui terminait le travail en force. A la pause, les locaux menaient sans panache sur le score de 13 à 3.

La guerre du sol

Dès le retour des vestiaires, les Anglais intensifiaient leur pression. Sur un ballon récupéré au coeur d'un regroupement par le si décrié capitaine Steve Borthwick, la ligne d'attaque du quinze de la Rose trouvait de l'espace au large. Après un nouveau ruck, Daniel Care, le demi de mêlée des Harlequins, ridiculisait quatre défenseurs après une feinte d'école et une course rageuse. Un essai qui reflétait parfaitement la rencontre. Les Anglais, à défaut d'être géniaux, remportaient la bataille du sol. Ils ont réussi à récupérer dix-huit ballons pendant ce match, démontrant une nouvelle fois qu'ils sont des spécialistes du déblayage et du travail ingrat. Et comme les Gallois bafouillaient dans les airs (cinq ballons perdus en touche sur douze lancers), l'issue finale de ce premier choc du Tournoi des 6 Nations se dessinait de manière aussi certaine qu'une peinture au numéro.

Pourtant, Twickenham retenait son souffle au moment de souffler ses bougies. La faute à la révolte des apathiques gallois qui retrouvaient un peu d'ambition dans leur jeu et de précision dans leurs gestes. Les joueurs de Warren Gatland se risquaient enfin à tenter quelques relances et sortaient enfin leurs casques à pointe pour conserver leurs ballons lors des passages au sol. Le match basculait en quelques minutes. Menés 20 à 3 après la filouterie de Care, ils parvenait à revenir à 20 à 17 à la 71e minute après une superbe attaque ponctuée d'un exploit de James Hook.

Armitage en sauveur

L'Angleterre avait alors un genou à terre. Les vagues rouges se succédaient. Le pays de Galles allait marquer, devait marquer et s'imposer sur la sirène. Les Anglais étaient au point de rupture, englués dans ces minutes si particulières où le corps ne réagit plus aux ordres venant du cerveau. Et pourtant, dans un final à couper l'envie de chanter à un supporter britannique, Delon Armitage retrouvait un peu de lucidité pour réussir l'interception salvatrice à la 74e minute. Il retrouvait Matthew Tait qui sprintait vers le poteau de coin avant de réussir une chistera pour James Haskell au niveau des vingt-deux mètres adverses. Le joueur du Stade français savourait son doublé (ce sont ces deux premiers essais sous le maillot du quinze de la Rose) et libérait tout un stade.

Les hommes de Martin Johnson ont réussi à préserver l'essentiel mais n'ont pas levé tous les doutes de l'automne. Ils n'ont impressionné personne mais ils ont démontré qu'ils étaient toujours efficaces sur les bases du rugby.