Lièvremont : "L'essentiel est là"

Ce Grand Chelem a été enfanté dans la douleur...

Marc LIEVREMONT : Dans la douleur, c'est vrai. Je crois qu'il faut avoir le triomphe modeste mais bon, on va quand même triompher. Je suis très heureux et très fier du comportement des joueurs, de leur courage, de leur solidarité pendant quatre-vingt minutes. Et je crois qu'il faut quand même rendre hommage aux Anglais qui ont réussi un match magnifique, qui, comme souvent, nous ont rendu la partie difficile. Ca fait cinq victoires et donc un Grand Chelem. On est plutôt fier.

Ce genre de victoires serrées va-t-elle aider l'équipe de France à grandir ?

M.L. : Il y a eu ce match, aussi la deuxième mi-temps au pays de Galles. Honnêtement, on aurait préféré un peu plus de maîtrise des évènements. J'aurais préféré voir un peu plus de spectacle mais l'essentiel était de gagner. Du spectacle, on en a produit pendant ces cinq matchs. Aujourd'hui, on va laisser le panache aux Anglais, comme on l'avait laissé aux Gallois. Mais gagner dans la douleur en étant pragmatique, courageux et disciplinés, c'est extrêmement agréable.

Que représente ce Grand Chelem dans votre histoire personnelle ?

M.L. : Je ne suis pas là pour écrire mon histoire personnelle. Je suis surtout content pour mes joueurs. Vous vous en doutez, vu la teneur du match, je suis aussi extrêmement soulagé. Je suis heureux pour ce groupe mais aussi pour le rugby français. J'ai une pensée pleine d'affection pour tous les joueurs qui font partie de ce groupe (et qui sont blessés, NDLR). J'ai la certitude que beaucoup auraient pu être là, à la place des titulaires ou dans les vingt-deux, avec le même résultat. Je les inclus, je les englobe dans la victoire.

Vous avez procédé à des remplacements très tôt dans la partie. Sentiez-vous vos joueurs dans le rouge ou était-ce prévu ?

M.L. : (Irrité) Vous ne voulez pas nous libérer, s'il vous plait ? On a gagné un Grand Chelem, on a envie d'aller boire quelques bières et d'aller fêter ça, plutôt que de répondre toujours aux mêmes questions. Je ne sais pas... Le coaching? On peut parler du coaching... Oui, on souffrait mais on a souvent, même en gagnant assez confortablement, coaché assez tôt. Imanol (Harinordoquy) était blessé, on l'a remplacé par "Panpan" (Alexandre Lapandry). On a changé Mathieu (Bastareaud) qui avait quelques difficultés dans ses montées défensives, par David Marty. Voila.

La mêlée française fut une des principales armes françaises dans ce Tournoi...

M.L. : Pour l'occasion, je vais sortir quatre mots d'anglais, pas plus: "no scrum, no win" (pas de mêlée, pas de victoire). Je suis particulièrement heureux que ce soit un pilier, un pilier droit, un homme de devoir qui soit récompensé ce soir (Nicolas Mas homme du match, NDLR), et à travers lui tout le paquet d'avants. On doit certainement cette victoire à notre mêlée, c'est vrai.

Il faudra peut-être modifier le groupe pour les prochains rendez-vous. Comment appréhendez-vous l'avenir.

M.L. : Chaque chose en son temps. On va apprécier. Ce sera la première fois depuis deux ans que je quitte une compétition avec un peu de sérénité et de plaisir. On partira à trente en Afrique du Sud. On sait que ce sera solide. L'appétit vient en mangeant, on a envie de continuer, peut-être gagner un Tournoi lors d'une année impaire. Mais on a un peu de temps d'ici là.

Avez-vous le sentiment que votre capitaine a montrer l'exemple ce soir dans les moments difficiles ?

M.L. : Oui. Comme toujours.