Angleterre : Le péril Youngs

C'est le nouveau joyau de la couronne. Qui ça ? Chris Ashton, cet ailier supersonique dont tout le monde parle et qui a déjà marqué six essais en deux matchs avec cette façon si particulière de plonger, bras en avant, dans l'en-but ? Non. Le joueur de Northampton a beau constituer l'arme fatale des Anglais en bout de ligne, ce n'est pas lui que les Français craignent le plus. Celui qu'il faudra surveiller comme le lait sur le feu, c'est le nouveau stratège de Martin Johnson : le demi de mêlée Ben Youngs (1m83, 92 kg). Le spécialiste de la défense tricolore, David Ellis, confirme : "Ashton n'est pas un problème pour la défense française. C'est seulement un finisseur et vient souvent dans la zone autour du numéro dix. C'est une zone forte pour notre défense. Il profite en fait du travail de sa charnière. A nous d'empêcher Youngs et Flood de jouer."

La charnière des Anglais est en effet un élément clé de leur réussite actuelle. Bon nombre d'observateurs attribue le regain de forme du XV de la Rose ces derniers mois à l'association des deux joueurs, partenaires à Leicester, au niveau international. Comme l'explique notre expert Pierre Villepreux dans sa chronique, "les intentions sont bel et bien là et quand les opportunités se présentent, tout le monde est disponible pour les saisir" en équipe d'Angleterre désormais. Et le duo Youngs-Flood n'y est bien sûr pas étranger.

Rapide et culotté

En fait, si Ashton brille autant, c'est parce que la lumière vient de sa charnière et, souvent, de son demi de mêlée. Elu homme du match en novembre dernier lors de la victoire contre l'Australie (35-18), Ben Youngs s'était notamment illustré en choisissant de relancer à quinze mètres de sa ligne après un turnover. Une initiative hardie, qui avait abouti à l'un des plus beaux essais de l'année... signé Chris Ashton ! L'ancien 9 de l'Angleterre Matt Dawson avait alors assuré qu'aucun demi de mêlée anglais ces 50 dernières années n'aurait eu l'audace de faire ça. On pourrait aussi vous parler de ce magnifique essai qu'il avait marqué en juin dernier à Sydney, participant grandement à l'historique succès des siens (21-20). A la sortie d'une touche dans les trente mètres australien, le joueur de Leicester avait trompé toute la défense adverse d'une feinte de passe d'école pour s'en aller, aplatir derrière l'en-but.

A tout juste 21 ans, le fils de l'ancien demi de mêlée international Nick Youngs fait déjà figure d'indispensable dans le XV anglais car il arrive à créer de l'incertitude dans un jeu anglais pourtant très stéréotypé. Extrêmement vif, doté d'une vision du jeu particulièrement fine, bon passeur et culotté, il est très rapide – il est aussi international à 7 -. Son duel avec Dimitri Yachvili, souvent pointé du doigt pour son manque de vitesse, est ainsi très attendu outre-Manche. Et s'il est un secteur dans lequel Ben Youngs se révèle particulièrement dangereux, c'est au bord des rucks. Les Français n'auront pas manqué de le noter et la troisième ligne se tient prête... Le périls Youngs est réel pour les Bleus.