Guirado : "Quand tu passes 45 minutes à défendre..."

Rugbyrama : Quel sentiment vous anime à l’issue de ce match, marqué par une domination intégrale des irlandais en première période ?

Guilhem Guirado : On a très peu tenu le ballon en première période, hormis sur des situations très proches de notre ligne pour sortir de notre camp, que nous n’avons d’ailleurs pas très bien négociées. Quand tu t’acharnes à défendre, que tu arrives enfin à te dégager et qu tu te retrouves quand même dans tes 22 mètres, c’est compliqué de jouer au rugby… Le score à la mi-temps de 19-0 en leur faveur était normal, nous n’avions réussi à proposer qu’un seul lancement au milieu du terrain. À beaucoup défendre, on a en plus commis des fautes qui leur ont permis de taper autant de fois en pénaltouche…

Sur le terrain, n’était-il pas vexant de voir les Irlandais snober toutes les potentieles tentatives de pénalités pour chercher les pénaltouches, alors que le score n’était pas fait ?

G. G. : Non, parce qu’ils avaient pu prendre le score très vite et que, de toute façon, on savait qu’ils visaient le bonus offensif pour jouer le gain du tournoi la semaine prochaine. On s’était préparés à ça, j’aurais simplement aimé qu’on y réponde un peu mieux. Au contraire, nous leur avons permis d’accumuler de la confiance et d’aller au bout de leur plan. Voilà, le dernier round du tournoi s’annonce palpitant pour trois équipes. De notre côté, nous allons tâcher de terminer le mieux possible en Italie.

Comme en Angleterre, vous concédez un nouvel essai d’entrée de jeu, sur une erreur de couverture au fond du terrain. Désespérant ?

G. G. : Ce n’était pas le même match. Les Anglais ont beaucoup usé du jeu au pied contre nous, les Irlandais ont surtout proposé un jeu de conservation bien léché, où aucun joueur ne se trompe jamais sur ses soutiens. On a l’impression parfois qu’ils ne sont pas dangereux, mais ils savent se montrer patients jusqu’à trouver une faille. On savait pertinemment qu’en défense face à eux, il faut se montrer patient et discipliné. Mais honnêtement, je ne m’attendais pas à ce qu’on subisse autant.

Physiquement, avez-vous souffert ?

G. G. : Il y avait de l’intensité et de la rigueur dans les contacts. Je trouve qu’on a plutôt pas si mal défendu, et en tout cas que tout le monde s’est envoyé. Malheureusement nous avons cédé à quatre reprises sur des petites erreurs individuelles, finalement logiques quand tu passes 45 minutes à défendre et que tu perds en lucidité.

Ce match a même pris un air de scenario catastrophe, avec les blessures de Lauret, Poirot, la sortie sur saignement de Bamba...

G. G. : On travaille pour ça à l’entraînement, en tournant beaucoup. Des blessures précoces peuvent toujours arriver, et il faut toujours se réserver un plan B, voire un plan C. Il fallait s’adapter. Mais c’est vrai que la sortie de Wenceslas Laret était un peu dérangeante pour nous, car sa présence en touche est importante au contre, notamment en fond d’alignement. Il a fallu attendre la mi-temps pour trouver quelques solutions.

Vous avez affronté pour la dernière fois Rory Best dans le cadre du Tournoi. Avez-vous un mot pour lui ?

G. G. : Je savais que nous nous affrontions aujourd’hui pour la dernière fois dans le cadre du tournoi et qu’il avait à cœur de réaliser un bon match. Mais je ne pensais pas que nous allions lui rendre la tâche si facile… Avant de penser à Rory, le sentiment qui m’anime va à mon groupe, pour lequel je suis déçu. On travaille beaucoup, mais on ne parvient pas à se montrer vraiment dangereux.