Toulouse : La jurisprudence Cardiff

Guy Novès a parlé de "la première finale de la saison" pour qualifier le quart de finale de Coupe d’Europe entre Toulouse et le Stade français. Une formule qui en dit long sur le caractère capital le premier match à élimination directe de l’exercice. Et sur les conséquences du résultat. "Certes, une victoire en quart donne accès à une demi-finale européenne. Mais c’est également important pour la confiance du groupe, affirme Jean Bouilhou. Gagner des matchs d’une telle importance permet d’être dans une spirale positive pour la suite, de donner un élan pour la fin de saison. Nous avons l’exemple de la défaite subie en quart à Cardiff l’an passé…" Effectivement, les Toulousains avaient été éliminés à ce stade de la compétition à Cardiff (6-9)… Le début de la fin ! La semaine suivante, ils s’inclinaient à Toulon, abandonnaient leur première place… Et surtout, un mois et demi plus tard, ils étaient dépassés en demi-finale du Top 14 contre Clermont (9-19).

Le revers de Cardiff avait marqué le déclin toulousain. Ce 11 avril 2009, les Rouge et Noir avaient dominé durant une grande partie du match, marqué un essai refusé, été excessivement (et injustement ?) pénalisé. La déception avait été immense et les effets dévastateurs… "A partir de cette défaite, tout s’est grandement compliqué, avoue Thierry Dusautoir. Nous sommes ensuite passés à côté de notre saison. Alors, cela donne envie d’aller plus loin cette année. C’est notre première occasion de vivre une belle fin de saison". Juste avant le pic de forme des joueurs, ce rendez-vous offre l’opportunité de créer une dynamique de succès à l’entame de l’ultime ligne droite. Mais les Toulousains sont certainement mieux préparés à aborder une rencontre de cette intensité aujourd’hui. La faute à un championnat de France plus homogène…

"Nous avons faim de titres"

"Le Top 14 est plus relevé, la supériorité de certaines équipes, dont la nôtre, est moins évidente dans la phase régulière, reconnaît Jean Bouilhou. Mais ce n’est pas plus mal. Cela permet une remise en question permanente et cela oblige à toujours aller chercher de nouvelles ressources". Cette saison, le Stade toulousain bataille encore pour accrocher une des deux premières places directement qualificatives pour les phases finales, ou les deux suivantes qui offrent un barrage à domicile. Et actuellement, les hommes de Guy Novès ne pointent qu’en cinquième position… A la même époque l’an passé, au moment d’aborder leur quart de finale continental, les Haut-Garonnais caracolaient en tête du Top 14 depuis quatorze journées d’affilée et n’avaient concédé que cinq défaites en 28 rencontres toutes compétitions confondues. Bouilhou confirme : "C’est vrai que nous avions enchaîné beaucoup de victoires et que nous arrivions à Cardiff en confiance. Au final, la montagne avait accouché d’une souris…"

Aujourd’hui, Jean Bouilhou le clame : Toulouse "a faim de titres. Il faut que nous gagnons quelque chose". Les Toulousains sont encore en course sur les deux tableaux. Mais avec l’élévation du niveau du Top 14 et une Coupe d’Europe "pas encore appréciée à sa juste valeur" selon les mots de Dusautoir, réaliser le doublé n’est-il pas devenu impossible ? "Je ne veux pas répondre pour l’instant. Nous en rediscuterons dimanche soir, nous lâchait Bouilhou. Le mois de mai s’annonce compliqué mais nous ne voulons pas nous retrouver comme des imbéciles. Si nous sommes éliminés ce week-end, il est évident que le championnat prendra le dessus dans notre esprit. Si nous nous qualifions, nous resterons très impliqués. En fonction du résultat, des orientations seront prises… Voilà pourquoi à ce jour, nous pensons uniquement au match contre Paris". Une manière d’éluder la question mais aussi de ne pas renoncer à un éventuel doublé… Si les Toulousains l’emportent face au Stade français, il restera encore un long chemin à parcourir mais, contrairement à l’an passé, ils seront lancés sur la route du succès !