Biarritz se dope à l'Europe

Comme un symbole. Alors qu'une morne pluie de printemps mouillait le pays basque depuis le début de la journée, un rayon de soleil s'invitait en fin de match dimanche à Anoeta. Le Biarritz olympique venait tout juste de prendre l'avantage au score (65e, 9-7) et n'allait jamais être rejoint., décrochant la deuxième finale européenne de son histoire. Un rayon de soleil, au sens propre comme au sens figuré, dans la saison difficile que finissent de traverser les Basques.

Septièmes du Top 14, ils ne sont pas qualifiés pour les barrages. Ils n'ont plus participé aux phases finales du championnat depuis 2007. Même parcours chaotique en H Cup, où ils n'avaient plus disputé de matchs à élimination directe depuis leur finale perdue contre le Munster en 2006. Alors, encore plus qu'il y a quatre ans, cette place sur la dernière marche européenne est précieuse. "C'était déjà extraordinaire en 2006 mais cette fois, nous n'avons pas dominé le championnat comme nous le faisions à ce moment-là. Alors ce sera différent dans trois semaines, explique le demi de mêlée Dimitri Yachvili. Il nous en a fallu de l'abnégation, parce qu'on en a vécu des galères." Changements d'entraîneurs, de président, blessures, désillusions... Rien n'a été épargné au BOPB ces derniers mois qui, au fil du temps, est passé de place forte du rugby français à simple club de province.

Isaac : "Le fruit de notre souffrance"

La Coupe d'Europe, durant laquelle il n'a perdu qu'un seul match sur sept cette saison, lui permet donc de retrouver un peu de sa gloire. Et de rêver à nouveau, ce qui fait beaucoup de bien aux Basques qui n'avaient pas eu des étoiles dans les yeux depuis longtemps. "Nous sommes déjà bien plus heureux que lors des dernières saisons, confirme l'entraîneur des arrières Jack Isaac. On n'effacera jamais ces mauvais souvenirs de notre tête mais la qualification pour la finale les atténue. Cela a été une période difficile et c'est probablement grâce à cela que nous réussissons aujourd'hui. Cette année, nous récoltons les fruits de notre souffrance."

Car, dans la souffrance justement, un groupe s'est forgé. Tout le monde s'accorde à le dire à Biarritz. "Je crois que l'état d'esprit de cette équipe est exceptionnel, autour de son capitaine, avec des cadres qui ont su se remettre en question, assure le président Serge Blanco. Le fait de faire plier le Munster, c'est une forme de revanche. Ils nous avaient battus deux fois, nous une fois. On est à égalité. J'espère qu'il y aura une passation de flambeau et que la saison prochaine, le BO sera encore en haut de l'affiche." Et de toute façon, qu'il gagne ou qu'il perde le 22 mai prochain contre Toulouse, il a déjà sauvé sa saison.