Legendre: "Si le match n'avait pas repris, je serais reparti avec les trophées"

  • Federale 3 - Finale Elne Mouguerre
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  • Federale 3 - Finale Elne Mouguerre, autour du bléssé
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  • Federale 3 - Le bouclier pour Mouguerre
    Federale 3 - Le bouclier pour Mouguerre
Publié le Mis à jour
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FEDERALE 3 - Président de la commission des réglèments de la Fédération française de rugby et vice-président de la Ligue Occitanie en charge des épreuves, Jean-Claude Legendre était présent sur la finale de Fédérale 3B Elne-Latour-Théza – Mouguerre. Il n'a pas pu remettre en tribunes le bouclier et les médailles. Il revient sur les événements qui ont entaché la fin de la rencontre.

Rugbyrama : À quel titre étiez-vous présent sur la finale de dimanche ?

Jean-Claude Legendre : J'y étais en tant que représentant de la FFR investi de la mission de remettre le bouclier aux vainqueurs et les autres récompenses aux finalistes perdants.

Et la cérémonie n'a pas pu se dérouler comme prévue...

J-C. L. : Pour ma part, j'ai trouvé que la rencontre s'était déroulée comme un match normal jusqu'à deux minutes avant le coup de sifflet final. C'est un avis personnel mais selon moi le score en faveur de Mouguerre à ce moment-là (23-7, score final, N.D.L.R) ne souffrait d'aucune contestation. Ils méritaient leur victoire.

Quelle a été votre première réaction alors que des violences entre les deux équipes avaient lieu sur le terrain puis au bas de la tribune principale entre supporters des deux camps ?

J-C. L. : Au moment de l'arrêt de la rencontre, nécessaire pour faire revenir le calme et surtout soigner le jeune Mouguertar blessé au sol, c'est allé très vite dans ma tête. Je me suis dit qu'il était impossible compte tenu des événements qui venaient de se dérouler sur la pelouse et en dehors le long des barrières du stade que je puisse remettre un bouclier et les trophées en tribune principale. Je n'ai pas réfléchi longtemps, à peine quelques secondes. Je n'en ai parlé à personne autour de moi. Cependant j'ai appelé le secrétaire général de la Fédération Christian Dullin qui était présent sur une autre aire de jeu pour l'informer de ce qu'il était en train de se passer.

Quelles ont été ses consignes ?

J-C. L. : D'un commun accord les consignes ont été simples. Les conditions de matchs étaient houleuses et anormales avec de violentes bagarres entre les joueurs puis entre les spectateurs. Afin de préserver la sécurité et l'intégrité physique des joueurs, des staffs et du public il a été décidé de ne pas remettre le bouclier et les récompenses à la tribune centrale. Autour de moi c'était trop électrique pour une telle action. N'importe quoi aurait pu rallumer la mèche.

Federale 3 - Finale Elne Mouguerre, autour du bléssé
Federale 3 - Finale Elne Mouguerre, autour du bléssé

L'idée de repartir avec les trophées vous a t-elle traversé l'esprit ?

J-C. L. : Nous avions décidé que si le match reprenait je remettrais le bouclier et les récompenses dans les vestiaires. Je suis allé voir les présidents de chaque club pour leur exposer cette intention. Mais il faut reconnaître que la question s'est posée : si le match n'avait pas repris, oui, je repartais avec. Heureusement et il faut le relever, il y a aussi eu l'intervention rapide de la gendarmerie mais aussi celle médicalisée des pompiers et du SMUR sur la pelouse pour s'occuper du jeune homme qui était resté au sol.

Quelque chose vous a marqué dans les vestiaires au moment des remises ?

J-C. L. : J'étais très ému car cela s'est fait dans un silence de cathédrale. On ne savait pas si nous étions dans le camp des vainqueurs ou celui des vaincus. Je crois qu'à ce moment-là il y a eu une prise de conscience des deux clubs de ce qu'il venait de se passer.

C'est un fait rare qu'un bouclier soit remis en catimini ainsi... La ligne rouge a t-elle été franchie sur cette rencontre ?

J-C. L. : Que ce soit clair, nous n'aimons jamais avoir affaire avec ces situations-là. J'ai été choqué de ce que j'ai vu sous mes yeux. En 40 ans de carrière dans le monde du rugby, et ce à différentes strates, je ne pense pas que ce soit arrivé très souvent effectivement. C'est même rarissime. Ce sera à la commission de discipline de décider des suites à prendre. En tant que président de la commission des règlements de la FFR j'ai un droit de réserve à faire valoir et ce n'est pas mon rôle de m'immiscer là-dedans. Je considère que l'arbitre principal a pris ses reponsabilités avec les autres officiels de ce match.

Les deux représentants fédéraux (Jean-Michel Foulet de la Ligue PACA et Philippe Brazeilles de la Ligue Nouvelle Aquitaine) ont parfaitement rempli leur mission avant, pendant et surtout après la rencontre. De mon côté, c'est une lourde responsabilité que j'ai prise mais je l'assume totalement au nom de l'institution. Si ça devait recommencer, je prendais la même décision.

Federale 3 - Le bouclier pour Mouguerre
Federale 3 - Le bouclier pour Mouguerre

Les sanctions à l'encontre des deux clubs d'Elne-Latour-Théza et de Mouguerre mais aussi celles du club hôte de Saint-Girons peuvent-elles être lourdes ?

J-C. L. : Je ne sais pas et je ne peux pas vous le dire car ce n'est pas mon rôle là aussi de m'immiscer dans ce travail-là. Lorsque je suis parti du stade de Saint-Girons, je suis allé saluer les officiels et les représentants fédéraux et je leur ai juste dit qu'ils savaient ce qu'ils avaient à faire, comme tous les dimanches. Je me garderai bien de toute intervention étant de plus représentant et vice-président en charge des épreuves à la Ligue Occitanie. Aujourd'hui, je laisse les commissions travailler et prendre les bonnes décisions, dans le respect de chacun.

Le président de Mouguerre, Philippe Larrue, déplorait après la rencontre un manque de sécurité pour un tel événement. Est-ce votre cas également ?

J-C. L. : Je pense que le service de sécurité était présent et qu'il y avait les hommes nécessaires. Je n'étais pas investi d'une mission réglémentaire et sécuritaire donc il ne m'appartiendra pas de répondre. Nous avons vu un véritable déchaînement de folie et de violence sur le terrain et en dehors. Et la vérité, c'est que tout est allé très vite.

Comprenez-vous que l'image du rugby en pâtisse ?

J-C. L. : Il faut raison gardée et vite revenir à la réalité des choses. C'était un match qui s'est mal terminé pour les deux équipes. Je souhaite un bon rétablissement au joueur de Mouguerre (Ulysse Mouthon qui est sorti de l'hôpital de Saint-Girons dimanche soir N.D.L.R) et je souhaite également que chacun prenne conscience de ce qu'il devait faire, ou ne pas faire et de ce qu'il aurait pu faire. J'ai vu beaucoup de désolation dans le visage de chacun après le match.

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