Festival Rugbimages : Le dialogue arbitre-joueur manque-t-il de pédagogie ?

Par Rugbyrama
  • JP Doyle (Arbitre) du match Pau - Stade Français
    JP Doyle (Arbitre) du match Pau - Stade Français
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Pour répondre à cette question, l’équipe de Rugbimages a réuni un plateau de choix avec trois arbitres aux problématiques différentes.

Jérôme Garcès, parce qu’il est un des meilleurs arbitres du rugby mondial, Christine Hanizet, première femme à avoir arbitré du rugby professionnel en France, qui vient de raccrocher et, enfin, Kevin Bralley, jeune arbitre de Fédérale 2. Il y avait aussi un président de club (Alain Carrè, US Colomiers), un manager (Christophe Urios, Castres Olympique) venu avec ses trois capitaines du CO : Rodrigo Capo-Ortega, Mathieu Babillot et Robert Ebersohn. Deux animateurs pour diriger les débats d’une telle assemblée n’étaient pas de trop : Emmanuel Massicard (directeur de la rédaction de Midi-Olympique) et Wilfried Templier (correspondant régional de RMC Sports) ont su faire preuve, pendant deux heures, d’autant de pédagogie que de complémentarité ; à l’image de la relation idéale entre un arbitre et les deux capitaines sur le terrain.

Jérôme, vous qui arbitrez au plus haut niveau depuis 2006, quel est votre constat sur l’évolution du dialogue arbitre-joueur en Top 14?

Jérome Garcès : arbitrer un match de rugby c’est compliqué. On essaye de définir un cadre et que les joueurs le connaissent et le comprennent. Le but c’est de rester dans un cadre assez souple et de s’y tenir. Cette année, World Rugby nous a fait beaucoup de recommandations sur le respect des valeurs. Les joueurs nous demandent souvent pourquoi ils ont été pénalisés, mais je ne vois pas de dérive. Il faut qu’on continue à garder ces valeurs. 2006, c’était le début de la vidéo. Ce qui a changé, c’est le protocole vidéo que les joueurs le demandent énormément. Ça apporte du dialogue mais aussi de la pression. Quand les images défilent sur l’écran géant, un capitaine va vous dire que la faute vaut un carton rouge et l’autre, simple pénalité ou carton jaune…

Est-ce la même chose au niveau international ?

Jérôme Garcès : Un joueur quelle que soit sa nationalité, veut comprendre les décisions de l’arbitre. Le nombre de pénalités par équipe est compté, observé. L’Irlande qui vient de faire le Grand Chelem en a eu seulement 8 par match. On pense que le staff irlandais a beaucoup fait travailler ses joueurs sur la discipline… L’arbitre se doit de répondre à l’interrogation du joueur. Le capitaine, au niveau international, a vraiment un rôle majeur. Très peu d’autres joueurs que le capitaine discutent avec l’arbitre, ou alors un leader. J’aime bien, si le talonneur n’est pas capitaine, parler avec lui avant le match. Pour nous, le capitaine est un socle fort

Christophe Urios, partagez-vous ce constat ?

Christophe Urios : oui, je pense que le relation a changé. Quand on préparer le match, on se prépare à l’arbitrage. Là il faut ou pas gratter ; si on met la pression là, il va nous récompenser. Des fois on annonce un arbitre qui valorise le grattage et, ce jour-là, il ne le fait pas et les joueurs ne comprennent pas. Mais ils sont intelligents et connaissent les règles. En Top 14 plus de joueurs interviennent auprès de l’arbitre mais ils savent tous l’importance de la discipline dans le résultat d’un match.

Qui parle à l’arbitre ?

Christophe Urios : on a nos leaders ici présent et j’aime bien aussi que le talonneur ait une relation authentifiée avec l’arbitre.

Rodrigo, à quels moments avez-vous envie de parler à l’arbitre?

Rodrigo Capo-Ortega : je vais le voir quand je ne comprends pas pourquoi il a sifflé et je transmets son explication à mes coéquipiers. C’est très important. Des fois, sur l’arbitrage vidéo, beaucoup arbitres nous disent, avant le match : "si pour vous, je ne devrais pas accorder un essai, ou une faute, n’hésitez pas à demander vidéo". Ils ont aujourd’hui des armes pour se tromper moins. C’est très important d’avoir une bonne relation avec l’arbitre quand je suis capitaine.

Mathieu, êtes-vous toujours reçu comme vous le voulez par l’arbitre ?

Mathieu Babillot : si on s’énerve trop, il va se braquer. Donc, à nous d’être intelligents. Le joueur, même le capitaine, doit rester à sa place ; l’arbitre est là pour faire son job.

Kévin, comment cela se passe-t-il en Fédérale ?

Kévin Bralley : je fais pratiquement le même constat. En Fédérale 2, beaucoup d’anciens professionnels, surtout de ProD2, descendent de ProD2 et sont capitaines. Ils nous mettent la pression mais nous n’avons pas la vidéo. Un essai accordé, le reste. Des joueurs viennent plus souvent nous parler qu’au niveau pro. Surtout en fin de match. Ils sont moins prêts physiquement et, dans le money time, fatigués, ils ont tendance à parler plus.

Sentez-vous une pression plus forte ?

Kévin Bralley : Ça fait huit saisons que j’arbitre. J’ai senti l’évolution à partir de l’Honneur où beaucoup de joueurs viennent terminer leur carrière à des niveaux inférieurs. A nous de renvoyer la pression sur le capitaine afin de le garder avec nous sur le terrain.

Vous traces tous un bilan idyllique. On a pourtant l’impression de voir de plus en plus de bras levés, plus de contestations, après vos coups de sifflet ?

Jérôme Garcès : oui, c’est vrai. A World Rugby, on a eu pas mal de vidéo pour nous sensibiliser sur les joueurs qui lèvent les bras, n’écoutent pas l’arbitre. Ça n’est pas qu’en France, on l’a vu en Super rugby cette année. Nous, on est au milieu de tout pendant 80 minutes où il va se passer plein de choses. Nous et les joueurs, avons planifié notre match mais, parfois, arrive l’inattendu et des incidents. Alors, même s’il y a des décisions très dures à prendre, il faut le faire.

Christine, en tant que femme, avez-vous eu droit à plus de respect ?

Christine Hanizet : oui, j’ai eu des relations exceptionnelles parce que j’avais droit à plus de respect. Evidemment, j’étais attendue au tournant et il m’a fallu travailler un peu plus que les hommes pour que le fait que je sois une femme ne fasse pas de différence sur le terrain.

Alain, on voit beaucoup de présidents entrer dans la danse et contester l’arbitrage…

Alain Carré : de manière générale, je pense que l’arbitre est respecté dans notre sport. J’entends les discours d’avant match ou à la mi-temps et il y a beaucoup de consignes sur le respect de l’arbitre. Je remarque que les joueurs sont très attentifs dans la semaine à qui va les arbitrer. Souvent, après-match, il y a plus de critiques sur les arbitres de touche que sur les arbitres de champ. On a un sport très difficile à arbitrer avec des règles compliquées. A chaud, je suis souvent amer et, le lendemain, à la vidéo, je vois que la décision est loin d’être toujours erronée. Je peux vous dire aussi que mes joueurs ont des arbitres par qui ils aiment être arbitrés et d’autres pas.

Mais que pensez-vous des interventions médiatiques ?

Alain Carré : certains présidents sont passionnés, peut-être un peu trop. Ou alors, ils veulent se montrer médiatiquement. Ça m’est arrivé d’aller voir un arbitre après un match mais dans le local des arbitres, pas devant une caméra. Cette discussion où on n’est pas d’accord ne doit pas se faire aux yeux de tous. Le président aussi doit être à la hauteur de son sport. Dans le même ordre d’idées, Je ne crois pas que ce soit très bon de voir , à Canal Plus ou dans le Midol, un président qui intervient dans le vestiaire.

Passons au terrain. Jérôme, comment demandez-vous l’assistance vidéo ?

Jérôme Garcès : l’explication est assez simple. On travaille avec deux arbitres de touche ; ce sont nos partenaires. A partir du moment qu’il informe l’arbitre que la passe n’est pas en-avant, il n’y a pas lieu d’appeler la vidéo. Je dis toujours qu’on doit prendre un maximum de décisions sur le terrain. C’est dur pour tout le monde. Ce qui nous importe, c’est notre prestation à la fin du match. Ne pensez pas que ça ne me tord pas les tripes de fausser le résultat d’un match par une mauvaise décision. Quand ça arrive, on se remet à travailler et, la semaine d’après, on a la chance de pouvoir se rattraper.

Christophe Urios : ça me tordd pas les boyaux, ça ne me coupe pas l’appétit mais ça me gonfle. Des fois, on se dit qu’on va rater l’avion parce que le match s’éternise avec trop d’appels vidéo. Pour résoudre ça, je me demande si l’arbitre vidéo ne pourrait pas être le seul juge pour arrêter une action. Récemment, contre Pau, Mathieu (Babillot) est allé voir l’arbitre qui lui a répondu : "l’arbitre vidéo ne m’a rien signalé". Est-ce que ça n’accélérerait pas le processus ?

Jérôme Garcès : on ne peut pas déléguer la responsabilité à une seule personne. Parfois, je sens qu’il s’est passé quelque chose sur le terrain mais je n’en ai pas eu la nette perception. Au niveau international, l’arbitre vidéo a le match avec un décalé de dix secondes ; je lui demande pendant l’action et il me dit c’est bon ou arrêtes. En Top 14, je ne sais pas si le plaquage est légal, en direct il le voit aussi. Il me demande d’arrêter et, à la vidéo on voit que le plaquage est correct. Avec ce décalage, je pense qu’on pourrait réduire les appels de 25%. Mais je ne suis pas d’accord pour déresponsabiliser l’arbitre de champ. Quand le bateau tangue, on doit assumer notre responsabilité.

Visionnez-vous les matches des équipes que vous allez arbitrer ?

Jérôme Garcès : j’ai un changé ma stratégie. Avant je regardais tout et j’avais trop d’informations. La mêlée c’est compliqué. Un pilier peut dominer un match et être dominé la rencontre suivante. Le combat au sol est primordial. Qui vient plaquer, qui vient au soutien, qui gratte ? Si on est précis sur le jeu au sol, on gagne la confiance des joueurs. A l’inverse si on n’a pas la bonne photographie du ruck si on n’a pas tout ça dans la tête, on n’ y arrivera pas. Moi, je me dis que si je gagne la bataille du ruck, je ne suis pas loin de réussir mon match. L’équipe de France a réussi son Tournoi parce qu’elle été très performante dans les rucks et très difficile à lire par non seulement ses adversaires mais aussi ses arbitres. Avec elle, on a eu du mal à identifier quels joueurs allaient venir gratter, tellement il y en avait.

Kévin Bralley : je suis d’accord. Si on est clair sur jeu au sol on a la confiance des joueurs, d’autant plus qu’en Fédérale il n’y a pas d’arbitre de touche officiel.

Robert, avec votre culture sud-africaine, comment jugez-vous l’arbitrage français ?

Robert Ebersohn : on veut que l’arbitre communique bien avec nous. J’ai été capitaine deux fois cette année. Mon rôle c’est plutôt d’aider le capitaine. Au début, c’était différent. D’abord avec la langue. Mais les arbitres français parlent très bien anglais. C’est très bien. Oui, je pense que le niveau est haut. Pour moi, c’est pareil qu’en Afrique du Sud.

Mathieu, comment faîtes-vous pour ne pas trop parler à l’arbitre ?

Mathieu Babillot : à certains moments, on a besoin de comprendre mais il ne faut pas qu’il se lasse si on lui pose trop de questions. Ça m’est arrivé de lasser des arbitres, oui. Le capitaine doit aussi veiller à ce qu’un coéquipier ne vienne pas interférer la relation qu’il a établie avec l’arbitre.

Le tutoiement entre arbitres et joueurs, est-ce une bonne chose ?

Mathieu Babillot : moi, je n’ai pas de problème là-dessus

Jérôme Garcès : j’ai pour habitude de vouvoyer les joueurs. Qu’est-ce qu’on cherche dans le tutoiement ? Une connivence ? de l’amitié ? En Angleterre, ils n’ont que le you… C’est pareil avec les prénoms. Je préfère dire capitaine et vouvoyer.

Rodrigo Capo-Ortega : je peux tutoyer l’arbitre dans le vestiaire mais pas sur le terrain. Là, je dis "Monsieur l’arbitre". C’est important de garder cette distance. Il y a des joueurs qui jouent depuis longtemps et qui connaissent les arbitres.

Comme les joueurs d’en face, y-a-t-il des arbitres que vous aimez plus ou moins ?

Christophe Urios : des fois, quand on apprend qu’untel va nous arbitrer on dit : "ah merde !" On connait tous les arbitres et leurs façons d’arbitrer. Certains ont des tendances fiables, d’autres moins. Il y a des arbitres qui ne valorisent pas la défense et pénalisent les gratteurs. Alors soit tu t’enfermes dans l’idée que l’arbitre est un con, soit tu te dis que c’est toi qui ne s’est pas adapté à son arbitrage. Mais tous les entraîneurs vous diront qu’ils préfèrent être arbitrés par des arbitres de très haut niveau, comme Jérôme.

On a évoqué des consignes de sévérité de la part de World Rugby. Comment utilisez-vous vos outils répressifs ?

Réunis cette semaine à Londres pour préparer les quarts de finale européens, on nous a demandé plus de sévérité sur tout ce qui touche aux valeurs du rugby. Pour appliquer les sanctions, nous avons plein d’outils. Avant on utilisait les 10 mètres de plus ; aujourd’hui on l’utilise moins peut-être à cause de la qualité des buteurs. La pénalité a de plus en plus de poids dans les résultats. Si tu te trompes trois fois, ça fait neuf points. Quand je donne trois points par erreur ça me fait chier, excusez-moi du terme. Après on a les cartons jaune et rouge. Il faut passer à l’action mais à bon escient. Si on met trois fois dix mètres de plus, on va nous accuser d’être trop sévère. Manager tous les acteurs et tous les paramètres sur le terrain, c’est le secret de l’arbitrage.

Est-ce qu’il vous arrive de compenser après une erreur ?

Jérôme Garcès : ça m’est arrivé de m’apercevoir que je m’étais trompé. Le plus dur c’est de l’accepter, mais pénaliser l’autre équipe à tort, c’est encore pire. L’erreur fait partie du jeu. L’arbitre et les joueurs font des erreurs.

Quand vous échangez avec d’autres sports, notamment le foot, quel regard portent-ils sur le rugby ?

Jérôme Garcès : j’échange beaucoup avec le foot. Leur tâche est complexe et j’essaye de récupérer leur bonne pratique. Un exemple : j’arbitre le match Munster-Glasgow une semaine après la mort de l’entraîneur du Munster. Il y avait une grosse pression émotionnelle. Je n’avais pas le droit de me tromper. Au bout de six minutes il y a un coup de pied à suivre et un joueur du Munster plaque un joueur de Glasgow en l’air. Je suis parti dans l’en- but pour regarder la vidéo et marché 50 mètres avec le rouge dans la main. Ils font ça au foot, ça permet de faire descendre la température. On peut l’utiliser à bon escient au rugby. Ce qui va être intéressant c’est d’échanger sur tous les problèmes qu’ils auront avec la vidéo à la Coupe du monde en Russie.

Il y avait des arbitres référents par club. Pourquoi ç’a été supprimé ?

Christophe Urios : plus la relation sera riche, plus il y aura de confiance. J’aimais bien avoir cet arbitre référent. On le faisait venir à des périodes bien déterminées. Trois semaines par trimestre. Ça faisait progresser tout le monde. Le matin entraînement sur le terrain, après vidéo et, enfin, échange avec les joueurs. Ils ont décidé d’arrêter parce que, selon Joël Dumé, ils estimaient que ça ne marchait pas bien. Pourtant, ça mettait du lien, on pouvait l’appeler pour lui demander conseils ou éclaircissements. Après, on n’est pas des copains : on est des professionnels. On cherche quoi ? D’être bien avec les arbitres ? C’est insupportable comme les contestations dans le foot. On n’en est pas là mais, attention, on peut y aller vite. Chez certains capitaines, c’est très marqué ; ils n’arrêtent pas de parler à l’arbitre.

Jérôme Garcès : il y en a dans toutes les équipes ; on les connaît. Il faut savoir les écouter, ou pas. Certains joueurs ne parlent pas mais, d’un simple regard, peuvent avoir beaucoup d’influence.

Christine Hanizet : il faut se mettre dans sa bulle. En ProD2 j’étais arbitre référent ; ça permettait une relation sympathique et l’arbitre était vu comme quelqu’un qui peut apporter quelque chose. C’était détendu et c’était le seul moment où on pouvait s’adresser aux joueurs et entraîneurs sans pression.

Alain Carré : je suis d’accord. C’était bien d’avoir ces arbitres référents. Les coaches travaillaient les secteurs où on était le plus pénalisés. On continue à recevoir des arbitres mais c’est moins programmé. En ProD2, on n’a pas de vidéo mais on a sept arbitres. Il faudrait qu’ils travaillent ensemble. Enfin, cette année, on aura la vidéo pour les phases finales.

Kevin, à 23 ans, nourrissez-vous des ambitions pour le plus haut niveau et formation ?

Kéving Bralley : je crois que nous avons tous, ici, des ambitions à court et long termes. Les gens du CO veulent se qualifier, Jérôme progresser dans la hiérarchie mondiale. Celle que je nourris, c’est d’aller au maximum de mes capacités. Si c’est la fédérale 2, j’y resterai. L’important c’est de continuer à progresser en relation avec les clubs. Je dois aussi m’aguerrir sur le jeu au contact d’entraîneurs et de joueurs de plus haut niveau. En Fédérale 2, on a des outils avec un préparateur physique. On a la vidéo, tous nos matches sont filmés, ça permet les retours avec échanges forts avec les équipes. On reçoit aussi des clips des équipes qu’on a arbitrées le week-end précédent. Soit c’est constructif, soit c’est monté à charge. Et là c’est compliqué de se justifier. On est aussi suivi par un préparateur mental. Certains arbitres ne s’y retrouvent pas mais moi, ça me permet de prendre du recul. On utilise l’imagerie mentale, la sophrologie notamment pour bien mémoriser les attitudes sur les rucks.

Jérôme Garcès :quand j’entends ça, je me dis que ce n’est pas étonnant que les meilleurs arbitres sortent du comité Midi-Pyrénées. C’est le comité pilote. Je dis bravo. Moi aussi, je travaille avec un préparateur mental depuis dix ans. C’est personnel. Avant de faire le premier pas, il faut l’accepter. Peut-être que je l’appellerai demain parce que j’arbitre dimanche prochain. Ou peut-être que ce sera dimanche matin, ou lundi.

QU’est-ce qu’a changé le micro de l’arbitre ?

Jérôme Garcès : personnellement je n’en fais pas trop. Je n’aime pas les blagues ; je préfère rester sobre. L’arbitre vidéo a le son et ça arrive tous les week-end qu’un joueur vienne demander la vidéo à l’arbitre pour que l’arbitre vidéo l’entende.

Mathieu Babillot : on ne se concentre pas sur ça. En tout cas, pas dans le but que l’arbitre vidéo l’entende.

Jérôme Garces : si l’arbitre n’avait plus de micro, le téléspectateur ne vivrait pas le même match. Regardez comment on suit un match de foot. Le ressenti est très différent.

Christine Hanizet : le micro est un bienfait pour le téléspectateur. Quand je regarde du rugby, je hausse le son et, quand je regarde du foot, je baisse le son. Si quelqu’un commentait les règles, ça ferait du bien.

On a l’impression que les arbitres de touche ne prennent aucune décision au rugby. Ne faudrait-il pas les responsabiliser et faire des trios comme au foot ?

Jérôme Garcès : quand le juge de touche observe du jeu déloyal, il a tendance à faire appel à la vidéo. Moi-même, je suis sûr qu’il y a essai mais, en marchant, je demande à l’arbitre vidéo de contrôler. Mais ne croyez pas que le juge de touche ne fait rien. Quand je le fais, je termine le match autant fatigué que sur le champ.

Christophe, une des grands débats au sujet de l’arbitrage concerne la position de Slimani en mêlée. Pour vous, est-elle légale ou pas ?

Christophe Urios : c’est compliqué, il vaut mieux de demander à Jérôme. Mais je pense que toutes les fautes qui lui sont reprochées ne sont pas justifiées.

Jérôme Garcès : on en fait un peu trop sur ce cas. Contre Galles, il obtient trois pénalités ; il domine son adversaire et on en parle moins. Il n’y a pas deux arbitrages, français et international. Le mercredi, pendant le Tournoi, on dissèque tous les matches. Dans le Tournoi, 70% des ballons introduits en mêlée ont été joués. En Top 14, quand on a cette proportion, on est content. En Top 14, il n’y pas de mêlée où on peut souffler. Au niveau international, c’est rare qu’une mêlée au milieu du terrain s’effondre. Avant le Tournoi, World Rugby nous a demandé d’arbitrer les introductions. A l’arrivée, il y a eu huit bras cassés sur les deux premières journées. On demande au n°9 d’introduire droit et au talonneur de talonner Mais, arbitrer une mêlée ce n’est pas facile. Notre souci en mêlée, ce n’est pas l’introduction. Si ça se passe bien, on est content.

Dernière question pour Jérôme. Les équipes qui défendent sont-elles plus sanctionnées que celles qui attaquent ?

Jérôme Garcès : oui, si on en croit les statistiques du Tournoi. Entre 65% et 70% des fautes sont sifflées contre l’équipe qui défend et 30-35% contre l’attaque.

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